Après sept mois au garage, une partie des 50 bus donnés par la France circule enfin à Beyrouth depuis ce 19 décembre. Quatre lignes sont pour l’instant fonctionnelles. Cependant peu d’usagers sont au courant. Et pour cause: une quasi-absence de communication et de préparation de la part de l’État.

Ils se sont fait attendre, mais ils sont enfin là. Depuis ce 19 décembre, les bus donnés par la France circulent dans Beyrouth et ses environs, sept mois après leur arrivée par bateau, depuis l’Hexagone. La faute à un imbroglio politico-logistique dans le plus pur style libanais.

Ils sont facilement reconnaissables dans leur habit blanc et vert, où le logo RATP (la régie des transports parisiens) a été recouvert par la mention «Transport en commun» en arabe. Mais la plaque affichant le parcours parisien (par exemple "Porte de St-Cloud-CDG Etoile-Trocadéro") est toujours à sa place...

Pourtant, pour ce premier jour de tournée, ils passent relativement inaperçus et sont à peine utilisés par les Beyrouthins.

Et pour cause: depuis que le ministre des Transports Ali Hamiyé a annoncé le 16 décembre, entre la poire et le fromage, la mise en service des bus, aucune présentation publique n’a vraiment été effectuée trois jours plus tard pour expliquer aux usagers que de nouveaux véhicules étaient mis à leur disposition. Comment, dans ces cas-là, connaître le trajet des lignes et les horaires?
Quatre lignes 

Selon les informations d’un conducteur rencontré dans son bus, quatre lignes ont été mise en place. La première part du Palais de justice, passe par Furn el-Chebbak, le boulevard Camille Chamoun, Chouaifate, Khaldé jusqu’à l’Université islamique.

La deuxième démarre à Nahr el-Mott et finit à Damour, en passant par à Solidere, la tour Murr, Salim Salam, la Cité sportive et Ouzaï.

La troisième fait le tour de Beyrouth en commençant par Dora, puis Manara, Raouché, le Bain militaire, la corniche Mazraa, Barbir et s’arrête au Palais de justice.


La dernière part également de Dora en direction de Tayouné, du boulevard Hadi Nasrallah, puis Laylaki et enfin l’Université libanaise à Hadath.

Bien entendu, à la fin du parcours, les bus repartent en sens inverse. Le prix est pour l’instant fixé à 20.000 livres libanaises. Les services démarrent chaque matin à 6h30 et s’arrêtent à 16 heures, à raison d’un passage toutes les demi-heures.
Sept mois au garage

Pour l’instant, les rares usagers au courant de l’initiative peuvent monter où ils le souhaitent sur le parcours en faisant signe au conducteur, à la manière d’un «service». Mais, «prochainement», selon le conducteur interrogé, des arrêts seront installés à chaque étape. Des discussions à ce sujet seraient en cours entre l’autorité des transports et les municipalités concernées.

Arrivés à Beyrouth le 23 mai dernier à bord d’un cargo de la compagnie CMA CGM, les 50 bus ont été donnés par la France après plusieurs années de service en région Île-de-France. Ils devaient être accompagnés d’un début de réforme du système libanais de transports en commun, mais, dans les faits, ils ont pris la poussière sept mois durant à la gare routière de Mar Mikhaël.

En septembre, le ministre Ali Hamiyé s’était rendu sur place et avait critiqué le manque de coopération du service des douanes qui, selon lui, était à l’origine du blocage. Parce qu’ils avaient été donnés par la France à l’État libanais, les bus devaient, en théorie, être exemptés de droits de douanes. Mais tant que le service du ministère des Finances ne donnait pas la précieuse dérogation, impossible de pouvoir les immatriculer au Liban.
Seulement 28 conducteurs

Le problème semble donc désormais réglé. Cependant, une partie des véhicules pourrait ne pas circuler avant un moment, M. Hamiyé ayant annoncé le 16 décembre qu'uniquement 28 conducteurs étaient pour l’instant disponibles, sur les 2.808 fonctionnaires que compte l’Office des chemins de fer et des Transports en commun. C’est à se demander ce que font les autres…

Contactée à ce sujet, l’ambassade de France affirme que Paris a «accompagné la préparation de la mise en circulation des bus, notamment en formant les chauffeurs libanais, en élaborant avec le ministère des Travaux publics et l’OCFTC la définition d’une ligne pilote et en réfléchissant à un schéma global pour leur déploiement ultérieur». Les Français se réjouissent de cette immatriculation tant attendue et disent se tenir «aux côtés du ministère pour assurer le succès de ce lancement».
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