Aoun veut changer la classe dirigeante
L’ex-président Michel Aoun a estimé qu’«il n’y aura pas de patrie sans un changement de la classe dirigeante». Une conclusion à laquelle il est parvenu après avoir exposé mardi aux membres du bureau politique du CPL (le parti qu’il a fondé) « le processus lancé durant son sexennat pour réformer l’Etat ».

Difficile de déterminer lesquelles sont les plus absurdes : les deux contre-vérités qu’il a assénées ou les tentatives désespérées de se démarquer d’un groupe politique auquel il appartient lui et son courant et qui est responsable, au même titre que d’autres, de l’étiolement de l’État et de l’effondrement du pays ?

Michel Aoun veut ainsi changer une classe dirigeante dont il est pourtant partie intégrante. Il s’y était associé peu après son retour de France en 2005 et a tiré profit de tous les privilèges dont elle bénéficiait, au détriment des Libanais et de l’État. Quant au processus -fantôme- de réformes qu’il dit avoir lancé, il n’existe que dans la rhétorique aouniste.

Les propos tenus par l’ancien président de la République démontrent ainsi, pour le moins, une rupture totale avec la réalité.

La participation de M. Aoun à la réunion du bureau politique du CPL, est la première depuis la fin de son mandat, le 31 octobre 2022.


Selon les informations officielles distribuées aux agences de presse par le parti qu’il a fondé, M. Aoun a entamé son intervention par un « exposé du processus qu’il a suivi durant son mandat pour réformer l’État avec ses institutions et sauver le peuple de la crise économique étouffante qui affecte le Liban à cause des mauvaises politiques économiques suivies depuis Taëf ». Une allusion à peine voilée au Courant du Futur fondé par l’ancien Premier ministre assassiné, Rafic Hariri (2005) et ses alliés, alors que le Liban a connu les pires moments de son histoire sous le mandat de Michel Aoun. Un mandat qui a cautionné les armes illégales du Hezbollah, responsable de l'affaiblissement de l'État, multiplié les promesses de réformes, sans rien faire pour lutter contre une corruption endémique, à part essayer de régler des comptes politiques sous prétexte de lutte contre la corruption, et qui n'a même pas jugé bon de prendre au sérieux les avertissements concernant le danger des stocks de nitrate d'ammonium entreposés au port et qui ont fait sauter plusieurs quartiers de la capitale, le 4 août 2020.

Michel Aoun a souligné devant les cadres du CPL que l’accord sur la délimitation de la frontière maritime entre le Liban et Israël, signé le 27 octobre à Ras Naqoura, a été son «cadeau aux Libanais avant la fin du sexennat». «En attendant la mise en œuvre de cet accord, nous devons lutter, parce que si la classe dirigeante ne change pas, il n’y aura pas de patrie». Et d’ajouter : «celui qui a gouverné 32 ans durant, en pillant les fonds publics, en appauvrissant le peuple, en cassant le Trésor et en mettant la main sur les épargnes des déposants doit rendre compte de ses actes ». «L’important est de préserver notre ligne politique et de demander des comptes, pour pouvoir édifier par la suite l’État», a-t-il lancé.

M. Aoun a ensuite insisté sur la nécessité d’élire un nouveau président de la République «qui poursuivra le processus lancé durant le sexennat». La raison est la suivante, selon sa logique : «Il n’est pas permis après avoir franchi les trois quarts des obstacles posés au niveau du processus de réforme (on se demande toujours lequel), de nous arrêter au dernier quart et de laisser partir en fumée ce qui a été réalisé».

Normalement, un rappel est supposé suivre pour expliquer au lecteur les «réalisations » mentionnées, mais dans l’impossibilité d’en trouver, un rappel s’avère dans ce cas impossible.
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