Les États-Unis et leurs alliés européens sont divisés quant à la décision à prendre face à l'Iran qui aurait, selon un rapport de l'AIEA, procédé à la production d'uranium de qualité militaire. Le Wall Street Journal affirme, en effet, que Paris, Londres et Berlin sont favorables à une condamnation de Téhéran tandis que l'administration Biden hésite à le faire.
Selon le Wall Street Journal, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne comptent officiellement condamner l’Iran la semaine prochaine à la réunion du conseil des gouverneurs de l’AIEA, en adoptant une résolution dénonçant ses activités d'enrichissement de l'uranium, mais les responsables américains s’opposent, pour l'instant, à une réprimande. Cette information fait suite à la publication, mardi dernier, d'un rapport alarmant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ayant révélé l'existence dans une installation nucléaire iranienne des particules d’uranium enrichi à 83,7%, soit juste en deçà des 90% nécessaires pour produire une bombe atomique. Ces particules ont été découvertes dans des échantillons collectés en janvier dans l’usine souterraine de Fordo, a précisé l’instance onusienne, confirmant ainsi des informations fuitées auparavant par des sources diplomatiques.
L’Iran, qui nie vouloir se doter de l’arme atomique, a de son côté fait état " de fluctuations involontaires " au cours du processus d’enrichissement. La semaine dernière, Téhéran avait déclaré "n’avoir pas fait de tentative pour enrichir au-delà de 60%". L'AIEA a précisé de son côté qu'elle ne pouvait pas dire avec certitude si la production était accidentelle ou intentionnelle.
Ces informations surviennent alors que le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, entame vendredi une visite en Iran, dans un contexte de détérioration des relations. La République islamique a, en effet, fortement limité les inspections et débranché des caméras de surveillance l’an dernier, plongeant l’Agence dans le flou.
M. Grossi doit s'entretenir samedi avec plusieurs responsables iraniens, notamment le président Ebrahim Raïssi, selon des sources diplomatiques à Vienne, où siège l'agence spécialisée de l'ONU.
La France avait réagi jeudi à l'annonce de l'AIEA en déclarant qu'il s'agissait d'"un développement sans précédent et extrêmement grave".
Dans les colonnes du WSJ, le journaliste Laurence Norman affirme, citant des "diplomates engagés dans les discussions sur le nucléaire", que la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne comptent officiellement condamner l'Iran la semaine prochaine à la réunion du conseil des gouverneurs de l'AIEA, en adoptant une résolution dénonçant les activités nucléaires du régime.
Le conseil pourrait renvoyer l'affaire au Conseil de sécurité des Nations unies, mais ne l'a pas fait lors d'occasions précédentes où l'Iran a été accusé de telles activités.
Cependant, selon le WSJ, les responsables américains s'opposent à une réprimande "bien qu'une décision finale n'ait pas encore été prise". Washington préfère attendre les conclusions de l'agence sur ce sujet. Le journal note également qu'il est peu probable que les pays européens adoptent une résolution sans le soutien de Washington.
Lors d'un point de presse mercredi, le porte-parole du département d'État, Ned Price, avait déclaré que Washington "allait continuer à consulter très étroitement ses partenaires pour faire ce qui peut être le plus efficace" pour relever le défi nucléaire de l'Iran avant la réunion de l'AIEA.
Le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Behrouz Kamalvandi, recevant le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, vendredi à Téhéran.
Les diplomates américains et européens affirment que de nouvelles discussions pour relancer l'accord nucléaire de 2015 ne sont pas actuellement à l'ordre du jour étant donné la répression brutale de l'Iran contre les manifestants antigouvernementaux et son soutien à la guerre de la Russie en Ukraine.
Le WSJ rappelle que ce n'est pas la première fois que les États-Unis et leurs partenaires européens divergent sur la manière de gérer le programme nucléaire iranien. Les négociateurs européens de haut niveau avaient, en effet, quitté les négociations de Vienne sur la relance de l'accord nucléaire en mars dernier alors que les États-Unis et l'Iran poursuivaient les discussions. Les Européens se disaient frustrés que Washington et Téhéran n'arrivent pas à conclure un accord.
Norman affirme que "certains diplomates européens ont déclaré qu'au cours des 12 derniers mois, Washington a semblé peu disposé à payer le coût politique de la relance de l'accord nucléaire ou à prendre les risques d'une position plus dure envers l'Iran.
Lors de sa visite à Téhéran, le chef de l'AIEA espère "relancer le dialogue", l'Iran s'affranchissant chaque jour un peu plus de l'accord conclu en 2015 pour limiter ses activités atomiques en échange d'une levée des sanctions internationales.
Dans sa course technologique, Téhéran multiplie le nombre de centrifugeuses sur ses sites, dispersés dans le pays, et continue d'enrichir l'uranium à des niveaux élevés.
Le chef de la CIA, William Burns, s'est récemment inquiété de l'avancée fulgurante du programme nucléaire iranien, jugeant qu'il "suffirait (à l'Iran, Ndlr) de quelques semaines pour atteindre les 90%, s'il décidait de franchir cette ligne.
Il y a cependant d'autres paliers à atteindre, et les Etats-Unis "ne pensent pas que le leader suprême en Iran", l'ayatollah Ali Khamenei, "ait pris la décision de reprendre la militarisation du programme suspendu ou terminé fin 2003", selon Burns.
Parallèlement, Washington s'alarme de la "dangereuse" escalade dans la coopération militaire entre l'Iran et la Russie, Téhéran étant accusé de fournir des drones utilisés en Ukraine, ce que l'Iran dément. De son côté, Moscou est susceptible de fournir du matériel militaire de pointe à l'Iran, permettant à ce dernier de mieux faire face aux menaces, notamment israéliennes.
Un accord "win-win" qui pourrait profiter aux deux régimes autoritaires, alors que Washington aura tout à perdre.
Roger Barake, avec le Wall Street Journal.
Selon le Wall Street Journal, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne comptent officiellement condamner l’Iran la semaine prochaine à la réunion du conseil des gouverneurs de l’AIEA, en adoptant une résolution dénonçant ses activités d'enrichissement de l'uranium, mais les responsables américains s’opposent, pour l'instant, à une réprimande. Cette information fait suite à la publication, mardi dernier, d'un rapport alarmant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ayant révélé l'existence dans une installation nucléaire iranienne des particules d’uranium enrichi à 83,7%, soit juste en deçà des 90% nécessaires pour produire une bombe atomique. Ces particules ont été découvertes dans des échantillons collectés en janvier dans l’usine souterraine de Fordo, a précisé l’instance onusienne, confirmant ainsi des informations fuitées auparavant par des sources diplomatiques.
L’Iran, qui nie vouloir se doter de l’arme atomique, a de son côté fait état " de fluctuations involontaires " au cours du processus d’enrichissement. La semaine dernière, Téhéran avait déclaré "n’avoir pas fait de tentative pour enrichir au-delà de 60%". L'AIEA a précisé de son côté qu'elle ne pouvait pas dire avec certitude si la production était accidentelle ou intentionnelle.
Ces informations surviennent alors que le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, entame vendredi une visite en Iran, dans un contexte de détérioration des relations. La République islamique a, en effet, fortement limité les inspections et débranché des caméras de surveillance l’an dernier, plongeant l’Agence dans le flou.
M. Grossi doit s'entretenir samedi avec plusieurs responsables iraniens, notamment le président Ebrahim Raïssi, selon des sources diplomatiques à Vienne, où siège l'agence spécialisée de l'ONU.
La France avait réagi jeudi à l'annonce de l'AIEA en déclarant qu'il s'agissait d'"un développement sans précédent et extrêmement grave".
Dans les colonnes du WSJ, le journaliste Laurence Norman affirme, citant des "diplomates engagés dans les discussions sur le nucléaire", que la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne comptent officiellement condamner l'Iran la semaine prochaine à la réunion du conseil des gouverneurs de l'AIEA, en adoptant une résolution dénonçant les activités nucléaires du régime.
Le conseil pourrait renvoyer l'affaire au Conseil de sécurité des Nations unies, mais ne l'a pas fait lors d'occasions précédentes où l'Iran a été accusé de telles activités.
Cependant, selon le WSJ, les responsables américains s'opposent à une réprimande "bien qu'une décision finale n'ait pas encore été prise". Washington préfère attendre les conclusions de l'agence sur ce sujet. Le journal note également qu'il est peu probable que les pays européens adoptent une résolution sans le soutien de Washington.
Lors d'un point de presse mercredi, le porte-parole du département d'État, Ned Price, avait déclaré que Washington "allait continuer à consulter très étroitement ses partenaires pour faire ce qui peut être le plus efficace" pour relever le défi nucléaire de l'Iran avant la réunion de l'AIEA.
Le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Behrouz Kamalvandi, recevant le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, vendredi à Téhéran.
Les diplomates américains et européens affirment que de nouvelles discussions pour relancer l'accord nucléaire de 2015 ne sont pas actuellement à l'ordre du jour étant donné la répression brutale de l'Iran contre les manifestants antigouvernementaux et son soutien à la guerre de la Russie en Ukraine.
Le WSJ rappelle que ce n'est pas la première fois que les États-Unis et leurs partenaires européens divergent sur la manière de gérer le programme nucléaire iranien. Les négociateurs européens de haut niveau avaient, en effet, quitté les négociations de Vienne sur la relance de l'accord nucléaire en mars dernier alors que les États-Unis et l'Iran poursuivaient les discussions. Les Européens se disaient frustrés que Washington et Téhéran n'arrivent pas à conclure un accord.
Norman affirme que "certains diplomates européens ont déclaré qu'au cours des 12 derniers mois, Washington a semblé peu disposé à payer le coût politique de la relance de l'accord nucléaire ou à prendre les risques d'une position plus dure envers l'Iran.
Lors de sa visite à Téhéran, le chef de l'AIEA espère "relancer le dialogue", l'Iran s'affranchissant chaque jour un peu plus de l'accord conclu en 2015 pour limiter ses activités atomiques en échange d'une levée des sanctions internationales.
Dans sa course technologique, Téhéran multiplie le nombre de centrifugeuses sur ses sites, dispersés dans le pays, et continue d'enrichir l'uranium à des niveaux élevés.
Le chef de la CIA, William Burns, s'est récemment inquiété de l'avancée fulgurante du programme nucléaire iranien, jugeant qu'il "suffirait (à l'Iran, Ndlr) de quelques semaines pour atteindre les 90%, s'il décidait de franchir cette ligne.
Il y a cependant d'autres paliers à atteindre, et les Etats-Unis "ne pensent pas que le leader suprême en Iran", l'ayatollah Ali Khamenei, "ait pris la décision de reprendre la militarisation du programme suspendu ou terminé fin 2003", selon Burns.
Parallèlement, Washington s'alarme de la "dangereuse" escalade dans la coopération militaire entre l'Iran et la Russie, Téhéran étant accusé de fournir des drones utilisés en Ukraine, ce que l'Iran dément. De son côté, Moscou est susceptible de fournir du matériel militaire de pointe à l'Iran, permettant à ce dernier de mieux faire face aux menaces, notamment israéliennes.
Un accord "win-win" qui pourrait profiter aux deux régimes autoritaires, alors que Washington aura tout à perdre.
Roger Barake, avec le Wall Street Journal.
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