Visage vérolé. Pif qui tient d’une gousse d’ail. Voix éraillée par la consommation d’alcool et de tabac. Poésie cinglante de douleur. Une barbe d’une semaine ou deux, qu’à cela ne tienne!
Cigarette coincée entre ses doigts se consommant en toute liberté en s’oubliant, en oubliant d’être tenue par un génie de la littérature américaine, par un anarchiste universel au drapeau noir, par un humain déshumanisant l’univers dans lequel il meut. Il voulait aimer pleinement le monde or le monde ne s’aime pas sinon par à-coup, par intermittence, en pointillé. La rage est son âge. Il a mille ans. Il a mon âge et l’âge du lecteur. Il veut se défaire de tout. De lui, de moi, de toi, de nous, de la vie. Être la vie qui lui est malléable à outrance.
Né en 1920 en Allemagne qu’il quitte pour les États-Unis où il trouvera un succès d’estime avec la publication de Journal d’un vieux dégueulasse. Charles était un avant-gardiste avec ses poèmes que la beat generation veut s’approprier et qui le prive de ce privilège. Il est l’invité de Bernard Pivot. Il fait une entrée gênante et inoubliable à la fois: une boutanche de vin en main, le verbe soulé, soûlant. Il titube, il trébuche. Il veut montrer au monde entier ce qu’il a dans le ventre. Il dégueule tout. Rien que du mépris. Il quitte le plateau en chancelant, lui qui voulait semer la prose partout et par-delà de lui-même.
Son enfance violée par la misère, voilée par sa lucidité incomprise ne trouvera pas sa fenêtre éclairée à travers laquelle il pourrait s’échapper, s’évader vers un monde qui reconnaîtra finalement sa propre identité d’hérétique, de non-conformiste littéraire. Alors il s’encage volontiers dans la nostalgie et l’amertume d’être ce qu’il est: lui. Il dérange. L’ensemble de son œuvre trouve son fondement dans le jugement eschatologique, mais à aucun moment scatologique qu’il lui porte. Il est nihiliste par essence. Il couve en lui une autodestruction de l’univers qu’il souhaite changer par la rime, par la prose, par le roman. Il cherche à trouver une issue à sa finalité destructrice qui éclaboussera le lecteur de clairvoyance et de sagacité. Ses écrits font de l’individu l’axe de tout. De tout ce qui est mal, diabolique. Il poussait l’être à être authentique, à ne plus se mentir. À n’être qu’UN avec lui-même pour aboutir à l’unicité irrécusable.
Aux yeux de Bukowski, la vie n’était guère une joyeuse balade dans un champ de blé où du bout des doigts on effleure avec une insouciance évidente les épis, mais un chemin de Golgotha que tout être devait à tout prix arpenter pour n’en faire qu’un avec son destin, le sien étant déjà tout tracé par sa destinée. Il cherchait la paix universelle: il y a «assez de traîtrise, de haine, de violence, d’absurdité dans l’être humain moyen». Il était en conflit constant avec son temps, avec les autres qui n’étaient pas lui. Il cherchait à se cloner pour que les autres deviennent ce qu’il est: un poète dénonçant l’existence d’être ce qu’on ne souhaite pas être. Autrement dit: un passager qui ne dérange pas les lignes tracées d’avance par un destin immuable.
Cigarette coincée entre ses doigts se consommant en toute liberté en s’oubliant, en oubliant d’être tenue par un génie de la littérature américaine, par un anarchiste universel au drapeau noir, par un humain déshumanisant l’univers dans lequel il meut. Il voulait aimer pleinement le monde or le monde ne s’aime pas sinon par à-coup, par intermittence, en pointillé. La rage est son âge. Il a mille ans. Il a mon âge et l’âge du lecteur. Il veut se défaire de tout. De lui, de moi, de toi, de nous, de la vie. Être la vie qui lui est malléable à outrance.
Né en 1920 en Allemagne qu’il quitte pour les États-Unis où il trouvera un succès d’estime avec la publication de Journal d’un vieux dégueulasse. Charles était un avant-gardiste avec ses poèmes que la beat generation veut s’approprier et qui le prive de ce privilège. Il est l’invité de Bernard Pivot. Il fait une entrée gênante et inoubliable à la fois: une boutanche de vin en main, le verbe soulé, soûlant. Il titube, il trébuche. Il veut montrer au monde entier ce qu’il a dans le ventre. Il dégueule tout. Rien que du mépris. Il quitte le plateau en chancelant, lui qui voulait semer la prose partout et par-delà de lui-même.
Son enfance violée par la misère, voilée par sa lucidité incomprise ne trouvera pas sa fenêtre éclairée à travers laquelle il pourrait s’échapper, s’évader vers un monde qui reconnaîtra finalement sa propre identité d’hérétique, de non-conformiste littéraire. Alors il s’encage volontiers dans la nostalgie et l’amertume d’être ce qu’il est: lui. Il dérange. L’ensemble de son œuvre trouve son fondement dans le jugement eschatologique, mais à aucun moment scatologique qu’il lui porte. Il est nihiliste par essence. Il couve en lui une autodestruction de l’univers qu’il souhaite changer par la rime, par la prose, par le roman. Il cherche à trouver une issue à sa finalité destructrice qui éclaboussera le lecteur de clairvoyance et de sagacité. Ses écrits font de l’individu l’axe de tout. De tout ce qui est mal, diabolique. Il poussait l’être à être authentique, à ne plus se mentir. À n’être qu’UN avec lui-même pour aboutir à l’unicité irrécusable.
Aux yeux de Bukowski, la vie n’était guère une joyeuse balade dans un champ de blé où du bout des doigts on effleure avec une insouciance évidente les épis, mais un chemin de Golgotha que tout être devait à tout prix arpenter pour n’en faire qu’un avec son destin, le sien étant déjà tout tracé par sa destinée. Il cherchait la paix universelle: il y a «assez de traîtrise, de haine, de violence, d’absurdité dans l’être humain moyen». Il était en conflit constant avec son temps, avec les autres qui n’étaient pas lui. Il cherchait à se cloner pour que les autres deviennent ce qu’il est: un poète dénonçant l’existence d’être ce qu’on ne souhaite pas être. Autrement dit: un passager qui ne dérange pas les lignes tracées d’avance par un destin immuable.
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