Recettes fiscales, taxes, dépenses... où sont les chiffres?
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Depuis l’année dernière (2022), l’État essaie de rattraper ses recettes fiscales qui ont perdu de leur valeur. Les taxes, impôts et droits de douanes n’ont de cesse de croître et sont devenus un véritable fardeau pour les citoyens. Ces majorations seront-elles suffisantes pour couvrir les dépenses de l’État, et surtout les augmentations accordées dans la fonction publique?
L’ensemble des recettes fiscales au Liban a été divisé par deux entre 2019 et 2021 à cause de la dévaluation de la livre et du non-ajustement du taux de change à la réalité du marché. Mais depuis 2022, l’État essaie de se rattraper. Les taxes, impôts et douanes n’ont de cesse de croître et sont devenus un véritable fardeau pour les citoyens. Ces augmentations seront-elles suffisantes pour couvrir les dépenses de l’État, et surtout les augmentations accordées dans la fonction publique, ou la Banque du Liban sera-t-elle forcée d’intervenir une fois de plus?
Selon des sources du ministère des Finances, les chiffres des recettes fiscales sont prêts et ceux des dépenses sont en train d’être complétées. «Au vu des premiers calculs, les nouvelles recettes fiscales (l'impôt sur le revenu, les taxes foncières, le dollar douanier) vont couvrir ces augmentations», affirme-t-on dans ces milieux.
Le chef du département des études économiques et financières à la Byblos Bank, Nassib Ghobril, affirme à Ici Beyrouth que d’après certaines estimations, les rentrées du Trésor ont représenté en 2022 6% du PIB (22 milliards de dollars), alors que les projections pour 2023 portent ce chiffre à 6,3% du PIB.
Pour ce qui est des dépenses de l’État, elles étaient estimées à 5,7% du PIB en 2022. Elles devraient atteindre les 6,8% du PIB, durant l’année en cours.

À titre comparatif, les recettes de l’État constituaient en 2019 21% du PIB (52 milliards de dollars), alors que les dépenses s’élevaient à 31% du PIB, contre respectivement 13,1% et 16,4% en 2020.
Aucun chiffre officiel depuis 2021
L’économiste tient à préciser qu’il n’existe aucun chiffre officiel relatif aux rentrées de l’État depuis 2021. En effet, les derniers chiffres concernant les finances publiques, recettes et dépenses de l’État, déficit ou excédent budgétaire, s’arrêtent à la fin de l’année 2021. Le ministère des Finances n’a jusqu’alors pas publié les chiffres de 2022 et n’a rien dévoilé en ce qui concerne 2023. Ce qui est certain c’est que le ministère des Finances est en train de finaliser le budget de 2023. Celui-ci devra être cependant discuté en Conseil des ministres, puis envoyé pour approbation au Parlement.
Déblocage de fonds avant le budget
Les augmentations des impôts, taxes et dollar douanier essentiellement, quatre fois en quelques mois (de 1.500 à 86.200 livres pour un dollar), des tarifs des télécommunications mobiles, des tarifs de l’électricité sont bien réelles, mais «malheureusement aucun chiffre n’est dévoilé concernant ces nouvelles rentrées, encore moins des estimations», déplore M. Ghobril. «Nous attendons le projet de loi du budget 2023 pour avoir une idée plus claire, ajoute-t-il. Jusqu’en 2022, lorsque le gouvernement accordait une augmentation des salaires ou des allocations de transport à la fonction publique, il demandait à la Banque du Liban de fournir ces majorations à travers une impression de billets.»
La raison principale invoquée pour justifier ces majorations de tarifs, impôts directs ou indirects, est la sécurisation de ces augmentations. «Mais effectivement, personne n’a un chiffre des recettes générées par ces augmentations fiscales ou même si elles ont été suffisantes», constate M. Ghobril. Il a exprimé sa surprise du fait que le gouvernement ait envoyé des projets de loi au Parlement (qui ont été approuvés en début de semaine) visant à débloquer des fonds qui serviront à financer les augmentations salariales du secteur public avant même de communiquer le projet de loi du budget pour l’exercice 2023. «Or ces projets de loi sont supposés faire partie du budget 2023 mais, ironiquement, ils ont devancé le budget. C’est pour le moins étrange», lance l’économiste.
Toujours est-il que l’État libanais semble naviguer à vue au risque de démontrer jour après jour son incompétence et son impuissance.
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