L'émissaire français, Jean-Yves Le Drian, a entamé sa mission, malgré les désaccords locaux persistants et l’absence de nouveaux développements concernant l'élection présidentielle. Selon l’un des candidats, Le Drian dispose d'un nouveau plan: remplir le temps perdu et prendre note des propositions des parties concernées en vue de sortir de l’impasse.
L'ancien ministre français des Affaires étrangères, bien informé de la crise actuelle, soumettra ensuite un rapport au président Emmanuel Macron et aux Cinq de la réunion de Paris (Etats-Unis, France, Arabie Saoudite, l’Egypte et le Qatar). La position de la France a clairement changé: alors qu'elle s'attendait à l'élection d'un président en juin, elle en appelle maintenant à une entente. Les éventuelles sanctions convenues avec l'Union européenne et mises en place avec les États-Unis se sont envolées en fumée.
Pourquoi l'initiative française a-t-elle été bloquée? Selon un diplomate occidental, la crise ne se terminera pas de sitôt et il faudra désormais gagner du temps dans l’attente d’une solution suite aux accords entre les États-Unis et l'Iran d'une part, et l'Arabie saoudite et l'Iran de l'autre. L'opposition attribue dans ce cadre la vacance présidentielle au fait qu’une faction locale agit selon un agenda régional et s'efforce d'imposer la vision de son allié au Liban.
Face à cette réalité, la France a décidé de mettre à jour son initiative et de modifier son plan. Elle s’en remettra donc aux Cinq pour trouver une solution. La séance présidentielle du 14 juin est une preuve supplémentaire que le dossier libanais est, encore et toujours, étroitement lié à celui de la région. Si un deuxième tour s’était tenu, comme l'a promis le président du Parlement Nabih Berry à la Secrétaire d'État chargé des affaires du Moyen Orient, Victoria Nuland, le Liban aurait eu un président. Cependant, M. Berry n'a pas tenu sa promesse, confortant, de ce fait, le Hezbollah qui craignait l'élection du candidat de l'opposition, Jihad Azour, qui a obtenu 60 voix, ce qui aurait conduit à la perte de la carte libanaise dans les négociations régionales.
Selon un ancien ministre, l’élection au Liban ne se résume pas à l’identité des candidats en soi, mais plutôt aux choix politiques, et c'est précisément la raison de l’impasse. C'est pour cette même raison que les parties locales et étrangères, dont notamment le Vatican, refusent de tenir une conférence sur le Liban, comme le réclame l'axe obstructionniste, afin de convenir d'un président ; et ce, afin d'éviter de déboucher sur une assemblée constituante à laquelle aspire le Hezbollah afin d’aboutir à un nouveau Taëf. Or certaines parties étrangères et locales considèrent l'accord de Taëf comme une ligne rouge et appellent à l'élection d'un président, considérant cela comme une priorité absolue, avant de se charger des réformes. Après tout, l'élection d'un président et la formation d'un gouvernement ne requièrent pas des mois et des années, comme c'est le cas actuellement. C'est pourquoi certains milieux diplomatiques cherchent vaillamment à maintenir le fonctionnement de l'État et de ses institutions à l'abri du conflit politique actuel.
Les acteurs politiques locaux attendent maintenant la deuxième visite de Le Drian qui devrait apporter des propositions de solution. Par ailleurs, un diplomate d’un des cinq pays susmentionnés estime que le rapport de Le Drian pourrait être une feuille de route potentielle que les Cinq mettraient en œuvre, en tirant profit des progrès réalisés dans les négociations entre les États-Unis et l'Iran d'une part, et l'Arabie saoudite et l'Iran de l'autre. Ce serait également l'occasion pour ces pays de demander à l’Iran de cesser de s'immiscer dans les affaires libanaises, conformément à la troisième clause de l'accord de Pékin, et de s'abstenir d'envoyer des armes à des parties spécifiques sous quelque prétexte que ce soit, et de respecter la souveraineté du Liban ainsi que le fonctionnement de ses institutions.
La mission de Le Drian constituera-t-elle une sortie honorable pour la France de sorte que les quatre qui restent prendraient en charge le dossier? Le Liban aurait-il bientôt un nouveau président, peut-être en septembre? Il faudra sans doute patienter et attendre les développements régionaux qui apporteront les réponses à ces interrogations.
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