Karim Benzema parle chez Zack Nani, les enquêtes de Romain Molina bousculent le monde du foot et les analyses de Wiloo sur YouTube font référence... Pour la génération Z, le ballon rond se vit davantage sur les réseaux sociaux.
Encore méconnu du grand public, un univers bouillonnant de créativité est en pleine expansion, en direct sur Twitch ou à travers les vidéos YouTube. "Les jeunes regardent le foot différemment, ils passent leur temps sur les réseaux sociaux", explique Bastien Tardy, de Reech, entreprise spécialisée dans le marketing de l'influence. Pour lui, "les Youtubeurs et les streamers ont été choisis par l'audience, pas par une chaîne télé qui impose un présentateur, ils ont tous percé grâce à leur talent, leur travail et l'audience", poursuit Tardy.
Selon tous les créateurs de contenus rencontrés par l'AFP, c'est "la liberté de ton" qui leur plaît le plus. "Une liberté d'action totale", ajoute Wiloo, 553.000 abonnés sur YouTube où il privilégie l'analyse du jeu. Sur ces chaînes Internet, "on n'est pas bridés, c'est un ton qu'aime le public, qui lui correspond, surtout les jeunes générations", estime Bruce Grannec, un des animateurs du talk-show hebdomadaire "Hors-Jeu" sur Twitch.
"L'interaction avec le chat"
Et ce style semble avoir de l'avenir. "Nous on grandit, des jeunes ont grandi en même temps que nous, on sent qu'une bascule est en train de s'opérer entre la télé et les réseaux sociaux, c'est pour ça que plein d'émissions comme Hors-Jeu ou d'autres fonctionnent très bien", ajoute-t-il. Ce que Bruce "préfère, c'est l'interaction avec le chat, pouvoir rigoler pendant l'émission avec les messages" de la communauté. "Les gens veulent participer au spectacle, réagir", abonde Bastien Tardy, "on peut poser plein de questions au cours d'un live, les émissions sont co-créées avec le public".
De gauche à droite: Quentin Mengual Mahmoud Gassama et Bruce Grannec animateurs du talk-show dédié au football "Hors-Jeu" posent lors d'une séance photo le 12 juin 2023. Crédit photo: Joël Saget/AFP
Forts de ce succès, les Youtubeurs touchent un public de plus en plus large. Si Romain Molina collabore avec de nombreux médias internationaux "classiques" (The Guardian, le New York Times, la BBC...), il s'est fait connaître via sa chaîne. Elle lui "permet de toucher ceux qui n'aiment pas trop lire, de vulgariser et de rendre (ses) infos accessibles au plus grand nombre", explique l'intéressé. "Pour moi, c'est important", souligne-t-il. Ses enquêtes ont par exemple contribué à faire chuter le président de la Fédération haïtienne de football, Yves Jean-Bart, accusé d'agressions sexuelles sur de jeunes footballeuses. "Il n'y aurait jamais eu autant d'impact si je n'avais pas cette diffusion" en vidéo, estime Molina.
Anciens et modernes
Zack Nani, lui, dépasse souvent le million de vues avec ses interviews. Dans le foot, il a réussi début novembre à décrocher un tête-à-tête avec Karim Benzema tout frais Ballon d'or: 1,6 million de vues au total pour près d'une heure et demi d'entretien. Mais malgré le succès croissant de ces créateurs de contenus, il reste toujours une forme de querelle entre anciens et modernes.
"Certains journalistes plus vieux ou de nombreux attachés de presse de clubs de Ligue 1 ne comprennent pas ce que je fais. Dire YouTube, c'est presque une insulte", sourit Florian Gautier, 27 ans. Il a innové avec son concept "Deux nuits avec" où il passe 48 heures chez des sportifs, comme le buteur de Dortmund Sébastien Haller. "Pourtant, ce n'est qu'un moyen de mettre des vidéos sur une plateforme, ce que je fais, c'est tout simplement du documentaire", ajoute celui qui se revendique "journaliste sportif". Cependant, le ton moderne des streamers commence à séduire les "anciens". La chaîne L'Équipe a attiré quatre d'entre eux dans sa prochaine grille de rentrée, le trio de Hors-Jeu Bruce, Brak et Quento, ainsi que Zack Nani. Ils animeront l'émission "L'Équipe de choc", autour de Bertrand Latour ou France Pierron.
Les anciens et les modernes, ça "fait rigoler" Brak. "Qu'est-ce qui empêche quiconque de parler de foot?" demande-t-il. "On le regarde depuis toujours, c'est notre passion, et je suis désolé de le dire comme ça, mais on ne pète pas plus haut que notre cul, on le raconte comme on le vit. Apparemment, ça intéresse les gens (150.000 vues par émission). Pour moi, la légitimité, elle est là!"
Encore méconnu du grand public, un univers bouillonnant de créativité est en pleine expansion, en direct sur Twitch ou à travers les vidéos YouTube. "Les jeunes regardent le foot différemment, ils passent leur temps sur les réseaux sociaux", explique Bastien Tardy, de Reech, entreprise spécialisée dans le marketing de l'influence. Pour lui, "les Youtubeurs et les streamers ont été choisis par l'audience, pas par une chaîne télé qui impose un présentateur, ils ont tous percé grâce à leur talent, leur travail et l'audience", poursuit Tardy.
Selon tous les créateurs de contenus rencontrés par l'AFP, c'est "la liberté de ton" qui leur plaît le plus. "Une liberté d'action totale", ajoute Wiloo, 553.000 abonnés sur YouTube où il privilégie l'analyse du jeu. Sur ces chaînes Internet, "on n'est pas bridés, c'est un ton qu'aime le public, qui lui correspond, surtout les jeunes générations", estime Bruce Grannec, un des animateurs du talk-show hebdomadaire "Hors-Jeu" sur Twitch.
"L'interaction avec le chat"
Et ce style semble avoir de l'avenir. "Nous on grandit, des jeunes ont grandi en même temps que nous, on sent qu'une bascule est en train de s'opérer entre la télé et les réseaux sociaux, c'est pour ça que plein d'émissions comme Hors-Jeu ou d'autres fonctionnent très bien", ajoute-t-il. Ce que Bruce "préfère, c'est l'interaction avec le chat, pouvoir rigoler pendant l'émission avec les messages" de la communauté. "Les gens veulent participer au spectacle, réagir", abonde Bastien Tardy, "on peut poser plein de questions au cours d'un live, les émissions sont co-créées avec le public".
De gauche à droite: Quentin Mengual Mahmoud Gassama et Bruce Grannec animateurs du talk-show dédié au football "Hors-Jeu" posent lors d'une séance photo le 12 juin 2023. Crédit photo: Joël Saget/AFP
Forts de ce succès, les Youtubeurs touchent un public de plus en plus large. Si Romain Molina collabore avec de nombreux médias internationaux "classiques" (The Guardian, le New York Times, la BBC...), il s'est fait connaître via sa chaîne. Elle lui "permet de toucher ceux qui n'aiment pas trop lire, de vulgariser et de rendre (ses) infos accessibles au plus grand nombre", explique l'intéressé. "Pour moi, c'est important", souligne-t-il. Ses enquêtes ont par exemple contribué à faire chuter le président de la Fédération haïtienne de football, Yves Jean-Bart, accusé d'agressions sexuelles sur de jeunes footballeuses. "Il n'y aurait jamais eu autant d'impact si je n'avais pas cette diffusion" en vidéo, estime Molina.
Anciens et modernes
Zack Nani, lui, dépasse souvent le million de vues avec ses interviews. Dans le foot, il a réussi début novembre à décrocher un tête-à-tête avec Karim Benzema tout frais Ballon d'or: 1,6 million de vues au total pour près d'une heure et demi d'entretien. Mais malgré le succès croissant de ces créateurs de contenus, il reste toujours une forme de querelle entre anciens et modernes.
"Certains journalistes plus vieux ou de nombreux attachés de presse de clubs de Ligue 1 ne comprennent pas ce que je fais. Dire YouTube, c'est presque une insulte", sourit Florian Gautier, 27 ans. Il a innové avec son concept "Deux nuits avec" où il passe 48 heures chez des sportifs, comme le buteur de Dortmund Sébastien Haller. "Pourtant, ce n'est qu'un moyen de mettre des vidéos sur une plateforme, ce que je fais, c'est tout simplement du documentaire", ajoute celui qui se revendique "journaliste sportif". Cependant, le ton moderne des streamers commence à séduire les "anciens". La chaîne L'Équipe a attiré quatre d'entre eux dans sa prochaine grille de rentrée, le trio de Hors-Jeu Bruce, Brak et Quento, ainsi que Zack Nani. Ils animeront l'émission "L'Équipe de choc", autour de Bertrand Latour ou France Pierron.
Les anciens et les modernes, ça "fait rigoler" Brak. "Qu'est-ce qui empêche quiconque de parler de foot?" demande-t-il. "On le regarde depuis toujours, c'est notre passion, et je suis désolé de le dire comme ça, mais on ne pète pas plus haut que notre cul, on le raconte comme on le vit. Apparemment, ça intéresse les gens (150.000 vues par émission). Pour moi, la légitimité, elle est là!"
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