Le secteur de l'électricité, le ministère de l'Énergie ainsi que les subventions octroyées, notamment, aux carburants et au blé importés auraient siphonné plus de 30 milliards de dollars de dépôts de la Banque du Liban.
Le rapport récent de l’audit juricomptable rendu par Alvarez et Marsal souligne que 47 milliards de dollars ont été puisés dans les réserves de la Banque du Liban, autrement dit des dépôts des citoyens, entre 2010 et 2021. De ce montant, 24 milliards de dollars ont été versés pour le secteur de l'électricité et le ministère de l'Énergie, ainsi que 7 milliards de dollars pour couvrir les subventions susmentionnées. Dans ce cadre, la question qui se pose est de savoir qui est responsable de cette dilapidation des réserves en devises déposées à la BDL? Les ministres, directeurs généraux et hauts fonctionnaires concernés, ainsi que certains pôles politiques, ne devraient-ils pas être tenus pour responsables de ce vaste gaspillage?
Au cours de cette période (2010 à 2021), environ 18 milliards de dollars ont été accordés en avances du Trésor pour l’achat de carburants pour le compte d’EDL. Étonnamment, pas un seul centime n'a été récupéré par le Trésor public. Ce qui soulève des questions sur les responsabilités à cet égard. Pourquoi ces avances n'ont-elles pas été recouvrées en collectant les montants des factures d’électricité? De plus, pourquoi le tarif du kilowatt n’a-t-il pas été augmenté, ce qui a entraîné l’Électricité du Liban dans une situation déficitaire, vendant sa production à perte? Quels entreprises, personnes et politiciens ont bénéficié de ces 18 milliards de dollars?
On ne peut s'empêcher de se demander s'il n'aurait pas été plus sage de fermer les centrales de production d’électricité pendant un an et d'investir une partie seulement de ces milliards de dollars dans la construction de nouvelles centrales qui auraient été capables, alors, d'éclairer tout le Moyen-Orient! Ne faudrait-il pas réclamer des comptes aux responsables qui insistaient à fournir des avances de Trésor non remboursables à l’EDL sous prétexte d’éviter que la population ne sombre dans le noir? En définitive, cette politique a entraîné les citoyens dans la pauvreté, après avoir perdu leurs dépôts dans les banques. Parallèlement, ne faudrait-il pas soulever le problème des investissements de plusieurs centaines de millions de dollars effectués pour la construction de barrages qui se sont avérés inutiles?
Réclamera-t-on des comptes à ceux qui ont insisté à poursuivre la politique de subvention, entraînant l'épuisement des dépôts des citoyens à la Banque centrale et l'appauvrissement conséquent du peuple libanais? La persistance à ignorer ce problème justifie une enquête. De plus, il est essentiel de dévoiler les factions politiques, les commerçants et les hommes d'affaires qui ont profité de ces subventions et de la contrebande.
Il est impératif d'obtenir des réponses transparentes à ces questions pressantes afin que les citoyens puissent récupérer leurs dépôts. Toute tentative de détourner l'attention du public de ces questions ne ferait que permettre aux véritables coupables d’échapper à leurs responsabilités dans cette affaire.
Dans ce contexte, selon certaines informations, le ministre de la Justice du gouvernement de gestion des affaires courantes, Henri Khoury, envisage de transférer le rapport de l’audit juricomptable rédigé par Alvarez et Marsal - concernant la Banque centrale - à la justice. Il aurait également demandé au procureur près la Cour de cassation, Ghassan Oueidat, au procureur financier, Ali Ibrahim, ainsi qu'à la cheffe du service du contentieux de l’État au ministère de la Justice, Helena Iskandar, de suivre cette affaire.
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