Le secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, s’apprêterait à présider dans les prochains jours une réunion regroupant des représentants des grandes puissances concernées par le Liban. De plus, le Pape François pourrait évoquer le dossier de l’élection présidentielle libanaise avec le président français, Emmanuel Macron, lors de sa visite à Marseille, le 22 ou le 23 septembre.
Alors que l’émissaire français Jean-Yves Le Drian clôturait vendredi sa troisième mission au Liban visant à débloquer l’élection présidentielle, et que le Qatar continue de jouer un rôle discret, mais grandissant, dans ce dossier, un nouvel acteur serait entré en jeu dans le but de mettre fin à la vacance à la tête de l’État.
Il s’agit du Vatican, dont le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, s’apprêterait à présider dans les prochains jours une réunion regroupant des représentants des grandes puissances concernées par le Liban. De plus, le Pape François pourrait évoquer le dossier de l’élection présidentielle libanaise avec le président français Emmanuel Macron, lors de sa visite à Marseille, le 22 ou le 23 septembre, selon des informations de presse.
Selon une source diplomatique citée par le quotidien Nidaa al-Watan, plusieurs points seront abordés durant la réunion que présiderait le cardinal Parolin, notamment «la guerre en Ukraine et la situation au Moyen-Orient». La question libanaise y sera également soulevée autour du thème selon lequel «une solution à la crise libanaise réside dans l’élection d’un président de la République indépendant et capable de rassembler tous les partis».
Selon cette source, «le Vatican est favorable à un candidat en particulier, dont il annoncera le nom sans tarder, puisque les parties libanaises ne parviennent pas à s'entendre sur un candidat». Et de préciser que «le chemin vers une solution à la crise présidentielle est entamé et qu’il existe une détermination internationale à mettre fin à toute tergiversation motivée par des ambitions personnelles à un moment où le Liban traverse la phase la plus dangereuse de son histoire et qu’il est confronté à des menaces existentielles».
À en croire la source en question, «le Vatican a défini, à la lumière de la conjoncture actuelle, le chemin qui devrait permettre de faire face à la crise, et qui portera bientôt ses fruits».
Elle a, en outre, rappelé la rencontre entre le cardinal Parolin et le commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, «au cours de laquelle le général Aoun a évoqué, en détail, des dossiers importants, notamment la crise des déplacés syriens au Liban, ainsi que le rôle du Liban sur les plans régional et mondial».
De source diplomatique proche du Vatican, on n'a pas voulu confirmer ou infirmer les informations de notre confrère arabophone, précisant à Ici Beyrouth que «la diplomatie du Vatican est discrète. Elle ne cherche pas la publicité, mais les résultats». De même source, on a confié que «le pape suit de près les évènements au Liban», ajoutant qu’il surprend parfois ses interlocuteurs en montrant qu’il est mieux informé qu’eux de ce qui s’y passe.
Le pape, qui souhaite se rendre au Liban, ne peut effectuer une telle visite avant l’élection d’un président et la formation d’un gouvernement. Lorsqu’un nouveau chef de l’État sera élu et lui adressera une invitation en ce sens, le souverain pontife se réjouira de se rendre au Liban, selon la source précitée.
L’initiative française
Pour ce qui est de la troisième mission de Jean-Yves le Drian, représentant personnel du président Macron pour le Liban, il l’a terminée par une seconde rencontre avec le président du Parlement, Nabih Berry, et un appel téléphonique avec le Premier ministre sortant, Najib Mikati.
Selon des sources politiques, l’émissaire français devrait retourner au Liban vers la fin du mois pour organiser une réunion à la Résidence des Pins, dans le cadre d’un suivi de sa mission.
Son retour interviendra après une nouvelle réunion du groupe des cinq (Arabie saoudite, Qatar, Égypte, États-Unis et France) qui aurait lieu en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, prévue les 18 et 19 septembre, à New York.
Les «discussions à la Résidence des Pins» devraient remplacer le «dialogue multilatéral au Parlement» prôné par le président Berry et rejeté par l’opposition qui considère qu’un tel dialogue constitue un précédent dangereux pour la démocratie libanaise.
Selon les sources politiques précitées, cette solution médiane vise à rassurer les deux camps au Liban, pour qu’aucun des deux ne se sente lésé. Ces «discussions» devraient être suivies par un scrutin ouvert au Parlement en vue de l’élection du président.
De nombreux députés qui se sont entretenus avec M. Le Drian ont indiqué qu’il leur a proposé de passer à «un troisième nom», les deux candidats appuyés par le 8 Mars (le chef des Marada, Sleiman Frangié) et les blocs souverainistes (Jihad Azour) n’ayant pas réussi à obtenir un nombre suffisant de voix lors de la dernière séance électorale.
Cependant, des sources proches du 8 Mars démentent que l’émissaire français a avancé cette proposition, soulignant dans le même temps que ce camp reste attaché à son candidat.
Selon elles, il n’y a aucune différence entre «discussions» et «dialogue», ce qui signifie que l’initiative de M. Berry est toujours de mise. M. Le Drian a bien exprimé l'espoir que cette initiative constitue «un début de solution», rappelle-t-on dans les milieux du 8 Mars.
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