Conseil des ministres lundi: du bon et du moins bon
La première réunion du Conseil des ministres, depuis octobre 2021, aura lieu le lundi 24 janvier.

Le Premier ministre Najib Mikati veut à tout prix que le Conseil des ministres de lundi, le premier depuis le 12 octobre 2021, se passe comme sur des roulettes, sans non-dits, sans accrocs et sans sujets qui fâchent. Sa visite mardi à Baabda pour un entretien avec le président Michel Aoun, s'inscrit dans ce cadre. Parce que le chef de l'Etat n'a pas apprécié que l'ordre du jour de la réunion -déterminé par le Sérail avec le tandem chiite, Amal et le Hezbollah- ait été établi sans consultation préalable avec lui, conformément à la Constitution. Or c'est à la seule condition que l'ordre du jour se limite à des sujets économiques que les deux formations chiites avaient accepté de revenir sur leur boycottage des réunions du gouvernement, alors que le conflit autour de l'enquête sur l'explosion au port de Beyrouth, reste entier.

Nagib Mikati s’est donc rendu mardi après-midi auprès de Michel Aoun dans une tentative d'arrondir les angles. M. Aoun reproche au Premier ministre de s’être laissé faire dans le choix des sujets à l'ordre du jour du Conseil des ministres et lui aurait fait part de ses craintes que cette affaire ne crée un nouveau précédent, tout comme celui d’attribuer le ministère des Finances à la communauté chiite.

Néanmoins, la visite était plutôt positive, à en juger par les propos de M. Mikati après son aparté avec le chef de l’État. Le Premier ministre a déclaré s’être mis d’accord avec le président "au sujet de tous les dossiers" qui seront examinés par le gouvernement et confirmé que le Conseil des ministres se tiendra lundi "pour plancher sur le projet de Budget et des questions socio-économiques urgentes ".

Effectivement, la réunion de lundi sera "strictement économique", confirme une source proche du Sérail à Ici Beyrouth, d’autant que les prochaines négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) sont prévues pour le 24 janvier. Plus encore, il est absolument certain que trois dossiers litigieux sont tout à fait exclus de l’agenda gouvernemental:  les nominations judiciaires, le dessaisissement du juge Tarek Bitar (chargé des investigations relatives à la double explosion survenue au port de Beyrouth le 4 août 2020) ainsi que le sort du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé que le camp aouniste cherche à déloger. Les trois constituent d'ailleurs une condition sine qua non pour la participation du tandem chiite à a réunion. Ce dernier boycottait le Conseil des ministres depuis octobre dernier. "Ces trois points sont pour l'heure non-négociables et ne figureront pas de sitôt à l’ordre du jour" des Conseils des ministres, confie la même source.


Au menu de la réunion de lundi: Le projet de Budget, le dollar douanier, le plan de redressement économique, l’électricité, des affaires sociales pressantes, dont des primes destinées aux fonctionnaires du secteur public, apprend-on de sources autorisées.

Cependant et vu l'état actuel du Trésor, est-il préconisé d’allouer des primes à des fonctionnaires dans une administration pléthorique, avant de procéder à un lifting de cette administration dans la perspective d'un redressement financier indispensable et urgent? Les primes se justifient sur base d'une évaluation préalable liée à la performance ou au mérite, au lieu de canaliser ces fonds –financés notamment grâce à la hausse des taxes douanières et foncières prévue dans le budget- vers un secteur en faillite. Il est certain que les fonctionnaires ont besoin de cette prime avec la dépréciation de la livre et la chute effroyable du nivau de vie des Libanais, mais celle-ci reste une "solution ponctuelle et temporaire à un problème bien plus important et va contribuer à grever le budget de l'Etat", commente pour Ici Beyrouth une source de l'opposition qui rappelle le précédent de la majoration des salaires dans le secteur public, en 2018, laquelle avait accéléré l'effondrement financier du Liban. Relever les taxes pour financer les salaires dans le secteur public sans une réforme sérieuse de l'administration est tout juste une aberration qui trouverait cependant ses défenseurs dans une perspective électorale.

Aujourd’hui, à quatre mois des législatives, il y aurait bel et bien la peur d’une répétition du scénario qui avait menée à l’adoption de la grille des salaires, à quelques mois des élections parlementaires en 2018. A la seule différence que l'Etat n'a pas d'argent aujourd'hui. Les primes seraient ainsi un instrument politique, employé pour calmer les fonctionnaires du secteur public (majoritairement chiites) et gagner leurs voix aux prochaines élections législatives, à croire les indications fournies par plusieurs sources informées.

Quoiqu’il en soit, le prochain Conseil des ministres aura du pain sur la planche, surtout après trois mois d’absence, pour discuter du un plan de redressement économique et être prêt à entamer les négociations avec le FMI.
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