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- Pourquoi le Liban doit-il mourir pour les guerres d’autrui?
Le sort du Liban dépend des développements de la guerre entre le Hamas et Israël. Les Libanais, le souffle coupé et en attente constante, vivent dans la peur du lendemain, confrontés à une réalité dans laquelle ils doivent sans cesse supporter le fardeau des guerres étrangères. Devenus fatalistes face à ces circonstances, ils considèrent cette situation comme une malédiction perpétuelle. Néanmoins, deux questions légitimes se posent: pourquoi le Liban doit-il porter ce lourd fardeau? Et pourquoi les Libanais doivent-ils payer de leurs vies pour les combats d'autrui?
Autrefois considéré comme un carrefour géopolitique complexe au Moyen-Orient, le Liban est malheureusement devenu un théâtre sans véritable autonomie, où se jouent les drames des conflits étrangers. En boucle. Il se retrouve, encore une fois, pris dans l'étau de forces extérieures aux intérêts divergents, qui voient en lui un champ de bataille stratégique. Une sorte de terrain de football de 10.452 km2 où se joue une partie interminable, sans règles établies et sans arbitres. Pas de «penalties» et encore moins de «cartons rouges»…
C'est en partie pour cela que les Libanais, désormais familiers avec ces guerres qui leur tombent sur la tête sans préavis, vivent dans la crainte constante d'instabilité et de conflits, allant parfois jusqu'au déni fataliste, même s'ils ne sont pas directement acteurs des guerres d'autrui.
La « libanisation » d’un conflit
Le terme «libanisation» fait référence à la situation complexe et chaotique qui caractérise un conflit, souvent de nature ethnique, politique ou religieuse. Ce terme évoque les circonstances qui ont prévalu au Liban, notamment pendant la guerre civile de 1975 à 1990. Inspiré des conflits au Liban, il est parfois employé pour décrire des situations similaires ailleurs dans le monde, où la violence et la fragmentation engendrent un désordre et une instabilité prolongés, entravant toute tentative de paix. Dans le cadre d'une «libanisation», on observe une fragmentation du territoire en différentes zones de contrôle, chacune avec ses propres forces armées. Les frontières deviennent incertaines, la violence est omniprésente, et il est complexe de discerner un début ou une fin précise au conflit. Ces conflits, marqués par la «libanisation», sont notoirement compliqués à résoudre en raison des enjeux régionaux et internationaux qu'ils impliquent.
Assiste-t-on à une énième «libanisation» du Liban?
Il semble malheureusement que le Liban soit en train de connaître une nouvelle forme de «libanisation», directement affecté par la guerre entre le Hamas et Israël. Tandis que les pays arabes, voisins et frères du peuple palestinien, restent en retrait du conflit, se contentant de manifestations de soutien et de déclarations tonitruantes et autres fanfaronnades creuses, le Liban est, une fois de plus, en première ligne. Alors que l’Égypte, pays frontalier avec Gaza, refuse d’ouvrir ses frontières pour secourir les Gazaouis cherchant à échapper à la violence, on conseille au Liban de «ne pas se laisser entraîner dans la spirale de la violence ambiante». Mais à qui s'adresse-t-on? À un pays sous l'influence du Hezbollah qui exerce son pouvoir sur l’ensemble des Libanais, faisant de chacun d’entre eux de potentiels boucliers humains? Les Libanais, anesthésiés et apathiques, incarnent aujourd’hui l'absurdité de leur situation. Ils naviguent de crise en crise, d’échec en échec, souvent sans comprendre pourquoi ils subissent ces épreuves. Ils sont condamnés à une attente constante, dans l'indifférence, mais avec la caution criminelle des grandes (im)puissances du monde.
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