Israël : la guerre avec le Hamas est entrée dans \
©L'armée israélienne a mené dans la soirée du 27 octobre des bombardements d'une intensité "sans précédent" depuis le début de la guerre. (Photo Yousef Hassouna / AFP)
Les autorités israéliennes ont estimé que la guerre entrait dans une "nouvelle phase" alors qu'Israël a intensifié ces bombardements ces derniers jours et que son armée a pénétré dans le nord de la bande de Gaza depuis vendredi soir. La question des otages et de la situation humanitaire étaient également au centre des préoccupations samedi 28 octobre.

 
Israël a affirmé samedi que la guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas était "entrée dans une nouvelle phase" dans la bande de Gaza, trois semaines après avoir été déclenchée par l'attaque la plus meurtrière de l'histoire de l'Eta hébreu.Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a déclaré lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv :  "La guerre dans la bande de Gaza sera longue et difficile et nous y sommes prêts".

L'ONU a dit craindre une "avalanche de souffrances humaines" dans ce territoire palestinien où s'entassent 2,4 millions d'habitants qui manquent d'eau, de nourriture, d'électricité, et qui se retrouvent depuis vendredi sans communications ni internet.

Depuis le 7 octobre, l'armée israélienne pilonne sans répit la bande de Gaza, en représailles à l'attaque du Hamas depuis laquelle plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël, essentiellement des civils ce jour-là, selon les autorités locales.

Le Hamas, qui contrôle Gaza, a affirmé que 7.703 personnes, en majorité des civils, avaient été tuées dans les bombardements israéliens, le bilan le plus lourd depuis le retrait israélien du territoire palestinien en 2005.

"Nous sommes entrés dans une nouvelle phase dans la guerre", a également déclaré le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.

Selon le porte-parole de la Défense civile à Gaza, Mahmoud Bassal, "des centaines d'immeubles et de maisons ont été entièrement détruits".

L'armée israélienne a intensifié ses bombardements dans la nuit de vendredi à samedi et mené plusieurs incursions sur le territoire d'environ 360 km2. Samedi soir, les blindés et soldats israéliens y opèrent toujours au sol, a précisé l'armée.

Environ "150 cibles souterraines" ont été touchées dans le nord de la bande de Gaza où, selon l'armée, le Hamas dirige ses opérations depuis un gigantesque réseau de tunnels.

 
"Champ de bataille"

 

Dans le camp de réfugiés de Chati, dans la périphérie de Gaza-ville, les bombardements ont provoqué d'importants dégâts.

"Ce qui s'est passé à Chati est pire qu'un tremblement de terre", a déclaré à l'AFP un habitant, Alaa Mahdi, 54 ans. "Ca bombardait de partout, la marine, l'artillerie et les avions."

La fumée s'élève à la suite des bombardements israéliens sur le nord de la bande de Gaza, au milieu des combats en cours entre Israël et le groupe palestinien Hamas, le 27 octobre. (Photo Menahem KAHANA / AFP)

"Dans les rues, les gens sont devenus des corps sans vie qui marchent", décrit à l'AFP Jihad Mahdi, un habitant de la ville de Gaza.

"Nous préférons mourir à l'intérieur de nos maisons plutôt que de partir vers le sud", assure pour sa part Hasan Hammoud.

L'armée israélienne a répété son appel aux habitants de Gaza (nord) de "partir immédiatement" vers le sud, affirmant qu'elle considérait désormais cette ville et sa région comme un "champ de bataille".

Les bombardements se sont poursuivis toute la journée sur Gaza, alors que des salves de roquettes étaient tirées de Gaza vers le sud d'Israël, faisant trois blessés selon des médecins.


 
Les familles d'otages en faveur d'un échange de prisonniers

 

Au terme d'"une nuit d'angoisse immense", sans sommeil avec l'intensification des bombardements, les familles des otages ont dit "s'inquiéter" de leur sort et ont été reçu par le gouvernement.

D'après l'armée, près de 230 personnes, des Israéliens, binationaux ou étrangers, ont été enlevés le 7 octobre par le Hamas, qui a relâché quatre femmes depuis. Le mouvement islamiste, qui avait menacé d'exécuter des otages, estime à "près de 50" le nombre d'entre eux tués dans les bombardements israéliens.

La branche militaire du Hamas a affirmé samedi dans une vidéo être prête à relâcher les otages, en échange de la libération de tous les Palestiniens incarcérés en Israël.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré aux familles des otages qu'il explorerait "toutes les options" pour faire libérer les otages.

Ces dernières ont affirmé être en faveur d'un accord entre le Hamas et le gouvernement de l'Etat Hébreu sur un échange de prisonniers, préférant cette option à une incursion terreste de l'armée qui pourrait mettre en danger la vie des otages.


 
Gaza coupée du monde

 
Des ONG et des agences de l'ONU ont indiqué avoir perdu le contact avec leurs équipes à Gaza après une coupure des communications et d'internet.

Les Palestiniens utilisent des charrettes tirées par des ânes pour se déplacer à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 28 octobre 2023, en raison d'une pénurie de carburant pour les voitures dans le contexte des combats en cours entre Israël et le groupe palestinien Hamas. (Photo de Mahmud HAMS / AFP)

Les opérations humanitaires et l'activité des hôpitaux "ne peuvent continuer sans communications", s'est alarmée Lynn Hastings, une responsable de l'ONU.

"Beaucoup plus" de gens vont "bientôt mourir" en raison du siège, a indiqué le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini.

Certaines opérations chirurgicales sont réalisées sans endormir complètement les patients en raison de la pénurie de produits anesthésiques, a alerté samedi Médecins Sans Frontières (MSF).

Léo Cans, chef de mission de MSF à Jérusalem en charge des territoires palestiniens a raconté l'opération cette semaine d'"un enfant de 10 ans, qu'on a dû amputer de la moitié de son pied gauche sous demi-sédation, sur le sol de l'hôpital dans le couloir parce que tous les blocs opératoires étaient pleins".

Depuis le 21 octobre, 84 camions d'aide humanitaire sont arrivés via l'Egypte, selon l'ONU, quand il en faudrait au moins cent par jour.

 

Aubin Eymard, avec l'AFP

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