Une réserve vis-à-vis de l’application de la résolution 1559 sera formulée dans la réponse officielle libanaise à l’initiative koweïtienne.
Le Liban exprimera samedi sa position vis-à-vis des douze points soulevés dans l’initiative koweïtienne (document présenté par le Koweït, au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de la communauté internationale) sous la forme d’une réponse officielle, que le ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, remettra samedi à son homologue koweïtien, cheikh Ahmad Nasser al-Mohammad al-Sabah, lors d’une réunion consultative des ministres arabes des Affaires étrangères au Koweït.
La réponse libanaise soulignera une volonté de Beyrouth de maintenir ses contacts et ses relations avec son voisinage arabe, notamment les pays du Golfe, et d’accroître sa coordination avec eux dans l’intérêt commun des deux parties, "tout en respectant les résolutions internationales, dont la 1559 et la 1701", précise une source proche du Grand Sérail.
Cependant, il est à noter que cette initiative met en exergue la nécessité pour le Liban de respecter la politique de distanciation à l’égard de la politique des axes et l’application des résolutions internationales, notamment la 1559, ainsi que l’impératif d’une réaction ferme de l’État libanais contre l’utilisation du Liban par le Hezbollah comme point de départ pour ses actes hostiles à l’encontre des pays du Golfe. En bref, cette feuille de route arabe fait à la fois écho au mémorandum des cinq anciens présidents de la République et Premiers ministres (Michel Sleiman, Amine Gemayel, Tammam Salam, Fouad Siniora et Saad Hariri) présenté au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, lors de sa visite à Beyrouth en décembre dernier ; ainsi qu’à l’initiative franco-saoudienne élaborée par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane (MBS), et le président français, Emmanuel Macron fin 2021.
Toutefois, l’initiative koweïtienne se présente comme étant une dernière chance pour le Liban de faire ses preuves de manière concrète, et de ne pas se limiter aux déclarations « superficielles » de bonnes intentions. En effet, la CCG attend de Beyrouth une position ferme, claire et décisive, en ce qui concerne les ingérences du Hezbollah dans la région et la bonne application des résolutions onusiennes. Le cas échéant, le Liban pourra bénéficier d’un soutien arabe ainsi que d’une conférence d’aide à laquelle participerait la France, les États-Unis, l’Arabie saoudite etc.
Par contre, si Beyrouth refuse de se prononcer dans ce sens, elle s’attirera les foudres des pays du Golfe et de la communauté internationale, par le biais de sanctions et d’isolement aux niveaux financier, sécuritaire, militaire et politique. Il semblerait alors que les deux seules options de réponses acceptables pour le Liban seraient "oui" ou "non". Noir ou blanc. "Les nuances de gris ne seront pas tolérées et ne seront pas considérées comme étant des réponses dignes de ce nom", affirme une source diplomatique arabe proche du dossier.
Un "oui mais…"
D’après les premières indications procurées par des sources politiques informées, le Liban se trouverait dans une situation complexe et difficile à gérer. Preuve en est, la résolution 1559 à elle seule constitue un point de litige à l’intérieur du pays, dans la mesure où elle requiert que "toutes les milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées". Ce cas de figure est impossible à mettre en application puisqu’il n’est pas question actuellement de désarmer le Hezbollah. C’est pourquoi, une formule a été élaborée par l’État libanais pour "contourner le problème", empêcher de créer un embarras au niveau régional, et éviter partant une confrontation avec le tandem Amal-Hezbollah, surtout après la reprise des réunions gouvernementales. "La priorité du Conseil des ministres aujourd’hui est de valider le projet du budget et signer la lettre d’intention du Fonds monétaire international, et non pas de provoquer l’ire du camp du 8 Mars. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous n’avons pas traité la question de la résolution 1559 ", indique la source gouvernementale précitée.
Par conséquent, la réponse libanaise va devoir articuler, pour la toute première fois, une réserve officielle vis-à-vis de l’application de la résolution 1559. Effectivement, l’État libanais déclarera que bien qu’il soit d’accord sur les principes de respect et d’exécution de ladite résolution, il est toutefois incapable de l’appliquer, car sa mise en œuvre ne dépend pas de lui. "Le Liban se contentera, dans sa réponse à l’initiative koweitienne, de réitérer des principes fondamentaux - clichés - d’unité nationale, de paix civile et de volonté de vivre-ensemble" précise une source informée. Beyrouth fera aussi en sorte de renouveler son engagement à respecter l’accord de Taëf et les résolutions 1559, 1701 et 1680 du Conseil de sécurité des Nations unies ; ainsi qu’à lutter contre la corruption, contrôler les frontières, rétablir le monopole de la violence légitime et mettre un terme à tout trafic de drogues en direction du Golfe à partir du Liban. Des sources autorisées proches du dossier, citées en soirée par l'agence Reuters, indiquaient dans la foulée que "le gouvernement libanais signifierait au CCG son engagement à respecter la politique de distanciation, à ne plus servir de base à des actes hostiles aux pays arabes et à prendre toutes les mesures pour empêcher le trafic de drogue"
Ces éléments seront-ils suffisants pour convaincre le CCG de la bonne foi de l’État libanais? Le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib, pourra-il convaincre ses interlocuteurs arabes de soutenir et de venir en aide au pays du Cèdre?
Rien n'est moins sûr. Après tout, dit l'adage, "la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a". Ce que l'adage ne dit pas, par contre, c'est que tout ce qu'elle n'a pas (ou plus) se trouve désormais entre les mains de Téhéran.
Lire aussi : Initiative koweïtienne: pour Beyrouth, “la dernière chance”
Le Liban exprimera samedi sa position vis-à-vis des douze points soulevés dans l’initiative koweïtienne (document présenté par le Koweït, au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de la communauté internationale) sous la forme d’une réponse officielle, que le ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, remettra samedi à son homologue koweïtien, cheikh Ahmad Nasser al-Mohammad al-Sabah, lors d’une réunion consultative des ministres arabes des Affaires étrangères au Koweït.
La réponse libanaise soulignera une volonté de Beyrouth de maintenir ses contacts et ses relations avec son voisinage arabe, notamment les pays du Golfe, et d’accroître sa coordination avec eux dans l’intérêt commun des deux parties, "tout en respectant les résolutions internationales, dont la 1559 et la 1701", précise une source proche du Grand Sérail.
Cependant, il est à noter que cette initiative met en exergue la nécessité pour le Liban de respecter la politique de distanciation à l’égard de la politique des axes et l’application des résolutions internationales, notamment la 1559, ainsi que l’impératif d’une réaction ferme de l’État libanais contre l’utilisation du Liban par le Hezbollah comme point de départ pour ses actes hostiles à l’encontre des pays du Golfe. En bref, cette feuille de route arabe fait à la fois écho au mémorandum des cinq anciens présidents de la République et Premiers ministres (Michel Sleiman, Amine Gemayel, Tammam Salam, Fouad Siniora et Saad Hariri) présenté au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, lors de sa visite à Beyrouth en décembre dernier ; ainsi qu’à l’initiative franco-saoudienne élaborée par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane (MBS), et le président français, Emmanuel Macron fin 2021.
Toutefois, l’initiative koweïtienne se présente comme étant une dernière chance pour le Liban de faire ses preuves de manière concrète, et de ne pas se limiter aux déclarations « superficielles » de bonnes intentions. En effet, la CCG attend de Beyrouth une position ferme, claire et décisive, en ce qui concerne les ingérences du Hezbollah dans la région et la bonne application des résolutions onusiennes. Le cas échéant, le Liban pourra bénéficier d’un soutien arabe ainsi que d’une conférence d’aide à laquelle participerait la France, les États-Unis, l’Arabie saoudite etc.
Par contre, si Beyrouth refuse de se prononcer dans ce sens, elle s’attirera les foudres des pays du Golfe et de la communauté internationale, par le biais de sanctions et d’isolement aux niveaux financier, sécuritaire, militaire et politique. Il semblerait alors que les deux seules options de réponses acceptables pour le Liban seraient "oui" ou "non". Noir ou blanc. "Les nuances de gris ne seront pas tolérées et ne seront pas considérées comme étant des réponses dignes de ce nom", affirme une source diplomatique arabe proche du dossier.
Un "oui mais…"
D’après les premières indications procurées par des sources politiques informées, le Liban se trouverait dans une situation complexe et difficile à gérer. Preuve en est, la résolution 1559 à elle seule constitue un point de litige à l’intérieur du pays, dans la mesure où elle requiert que "toutes les milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées". Ce cas de figure est impossible à mettre en application puisqu’il n’est pas question actuellement de désarmer le Hezbollah. C’est pourquoi, une formule a été élaborée par l’État libanais pour "contourner le problème", empêcher de créer un embarras au niveau régional, et éviter partant une confrontation avec le tandem Amal-Hezbollah, surtout après la reprise des réunions gouvernementales. "La priorité du Conseil des ministres aujourd’hui est de valider le projet du budget et signer la lettre d’intention du Fonds monétaire international, et non pas de provoquer l’ire du camp du 8 Mars. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous n’avons pas traité la question de la résolution 1559 ", indique la source gouvernementale précitée.
Par conséquent, la réponse libanaise va devoir articuler, pour la toute première fois, une réserve officielle vis-à-vis de l’application de la résolution 1559. Effectivement, l’État libanais déclarera que bien qu’il soit d’accord sur les principes de respect et d’exécution de ladite résolution, il est toutefois incapable de l’appliquer, car sa mise en œuvre ne dépend pas de lui. "Le Liban se contentera, dans sa réponse à l’initiative koweitienne, de réitérer des principes fondamentaux - clichés - d’unité nationale, de paix civile et de volonté de vivre-ensemble" précise une source informée. Beyrouth fera aussi en sorte de renouveler son engagement à respecter l’accord de Taëf et les résolutions 1559, 1701 et 1680 du Conseil de sécurité des Nations unies ; ainsi qu’à lutter contre la corruption, contrôler les frontières, rétablir le monopole de la violence légitime et mettre un terme à tout trafic de drogues en direction du Golfe à partir du Liban. Des sources autorisées proches du dossier, citées en soirée par l'agence Reuters, indiquaient dans la foulée que "le gouvernement libanais signifierait au CCG son engagement à respecter la politique de distanciation, à ne plus servir de base à des actes hostiles aux pays arabes et à prendre toutes les mesures pour empêcher le trafic de drogue"
Ces éléments seront-ils suffisants pour convaincre le CCG de la bonne foi de l’État libanais? Le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib, pourra-il convaincre ses interlocuteurs arabes de soutenir et de venir en aide au pays du Cèdre?
Rien n'est moins sûr. Après tout, dit l'adage, "la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a". Ce que l'adage ne dit pas, par contre, c'est que tout ce qu'elle n'a pas (ou plus) se trouve désormais entre les mains de Téhéran.
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