Une fois de plus, le gouvernement a accordé des augmentations aux fonctionnaires en faisant fi des recommandations primaires de réformes du secteur public.
Le Conseil des ministres, qui s’est réuni, mercredi, au Sérail, sous la présidence du Premier ministre sortant, Najib Mikati, a approuvé une augmentation des salaires des fonctionnaires dans une plage comprise entre un minimum de 400 dollars et un maximum de 1.200 dollars. Cette décision a un effet rétroactif remontant au 1/12/2023. Les salaires seront versés en dollars frais.
Dans les détails, les augmentations de salaires ont été réparties comme suit:
– Les soldats en fonction reçoivent 3 salaires supplémentaires, ce qui porte leur total à 9 salaires par mois.
– Les retraités reçoivent 3 salaires supplémentaires de sorte que le montant total qu’ils perçoivent passe à 9 salaires par mois.
– Les administratifs reçoivent 2 salaires, de sorte que le montant total qu’ils perçoivent passe à 9 salaires par mois.
– Prime mensuelle pour les fonctionnaires selon des normes de productivité spécifiques (lesquelles?)
– Indemnité journalière de présence récompensée par un nombre de bons d’essence, qui varie entre 8 et 16 bidons d’essence. Le fonctionnaire qui en bénéficie doit assurer une présence d’au moins 14 jours ouvrés.
– Le coût des salaires en rythme mensuel est de 10.700 milliards de livres.
– Le coût supplémentaire de l’échelle est de 2.900 milliards de livres.
L’Exécutif en désaccord
Tout porte à croire que le gouvernement n’a pas tiré les leçons d’un passé tout récent, celui de la promulgation de l’échelle des salaires des fonctionnaires en 2017, lorsque l’État s’était ruiné en s’endettant fortement pour financer les augmentations de salaires.
Pourtant, plusieurs ministres sortants, qui ont assisté, mercredi, au Conseil des ministres, dont ceux de l’Information, de l’Industrie et des Transports, ont tenté de tranquilliser l’opinion publique, en affirmant que le financement de la hausse des salaires est assuré et que le gouvernement se tient au plafond des réserves budgétaires dédiées aux aides pour les employés du secteur public.
Des propos un tant soit peu farfelus puisque les membres de l’Exécutif ne sont pas d’accord sur le montant des réserves budgétaires. Certains d’entre eux ont avancé le chiffre de 1.800 milliards de livres, d’autres 2.350 milliards de livres, 2.700 milliards de livres et 2.000 milliards de livres.
50.000 enseignants
Au lieu de procéder à une restructuration du secteur public et d’automatiser les administrations publiques, l’État a choisi de signer et de persister dans la politique de l’autruche.
Comme tout le monde le sait, le secteur public est en surnuméraire en raison des politiques d’embauche clientéliste. Dans ce contexte, il y a lieu de rappeler que le secteur de l’enseignement scolaire comprend 50.000 instituteurs alors même que ces mêmes fonctionnaires reçoivent des allocations sous forme de bourses scolaires pour ceux d’entre eux qui ont des enfants à scolariser.
Le coût des salaires pour le moment est de 120.000 milliards de livres en rythme mensuel, soit 40% des dépenses prévues dans le budget de 2024.
Il est tout simplement aberrant de vouloir résoudre les conséquences de la crise avant de traiter les causes qui l’ont déclenchée. L’État négocie avec un secteur public délabré, pourri et corrompu.
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