L'Iran critiquée pour son exclusion des femmes
©Des femmes iraniennes ont été interdites d’assister au match de football entre l’Iran et le Liban
Opposants et ONG ont demandé à la Fédération internationale de football (Fifa) de sanctionner l'Iran, voire de lui interdire de participer à la prochaine Coupe du monde au Qatar, après les nouvelles interdictions de stade à l'encontre des femmes mardi dernier.

L'Iran a de nouveau refusé à des femmes l'entrée d'un stade de football pour assister au match remporté 2 à 1 par la sélection iranienne face au Liban dans le cadre des qualifications pour le Mondial-2022, ont rapporté des médias iraniens mercredi.

"Environ 2.000 femmes iraniennes, qui avaient acheté des billets pour le match Iran-Liban, étaient présentes dans le périmètre du stade Imam Reza (à Mashhad, Nord-Est, NDLR), mais n'ont pas pu entrer dans le stade", a indiqué l'agence de presse ISNA.

Des opposants iraniens en exil ont accusé les autorités d'avoir dispersé les femmes qui protestaient en employant des bombes de gaz lacrymogène.

Le groupe United for Navid, créé en hommage au lutteur Navid Afkari, 27 ans, pendu en septembre 2020 malgré un tollé international, a déclaré que l'Iran, qualifié pour le Mondial-2022 depuis fin janvier, devrait être privé de rencontres de football international jusqu'à ce qu'il change sa position.

Apartheid

"Nous demandons formellement à la Fifa de suspendre immédiatement l'Iran et d'interdire sa participation à la Coupe du monde 2022 tant que la Fédération iranienne de football violera la charte olympique et les règles de la Fifa", selon un courrier envoyé au secrétaire général de l'instance mondiale de football, Mattias Grafström.

Ce courrier, dont l'AFP a obtenu copie vendredi, affirme que l'Iran s'était engagé auprès de la Fifa à mettre un terme à sa politique "d'apartheid" en autorisant les femmes à assister aux matches.

"L'Iran n'est pas uniquement revenu sur sa parole (...) mais en plus, les femmes sont frappées et menacées", selon la lettre. L'ONG Human Rights Watch a de son côté demandé à la Fifa que l'Iran mette rapidement un terme à sa pratique "discriminatoire".

"Vues les violations répétées commises par les autorités iraniennes, la Fifa doit suivre ses propres recommandations sur la non-discrimination et devrait envisager des pénalités à l'encontre de l'Iran", a déclaré Tara Sepehri Far, chercheuse sur l'Iran chez HRW.


L'ONG déclare que, d'après les règles de la Fifa, les discriminations basées sur le genre sont "strictement interdites et passibles de suspension ou expulsion".

"Très en retard"

"Il est plus que temps pour la Fifa de démontrer sa volonté d'appliquer" ses mesures, selon Mme Sepehri Far.

Des critiques sont venues de l'Iran même, dont celle du capitaine de l'équipe Alireza Jahanbakhsh.  Le gouverneur de Mashhad Mohsen Davari a présenté des excuses et le président Ebrahim Raissi a ordonné au ministère de l'Intérieur d'enquêter sur l'incident.

Les femmes iraniennes ont été autorisées à assister en janvier à un match de football de l'équipe nationale pour la première fois en près de trois ans lors des éliminatoires de la Coupe du monde entre l'Iran et l'Irak.

Depuis 40 ans, la république islamique interdit généralement aux spectatrices d'assister à des matchs de football.

Les religieux, qui jouent un rôle majeur dans la prise de décision, soutiennent que les femmes doivent être protégées de l'atmosphère masculine et de la vue des hommes en tenue de sport, et dont le corps est donc partiellement visible.

La Fifa avait ordonné à l'Iran en septembre 2019 d'autoriser l'accès des femmes aux stades sans restriction après la mort d'une supportrice qui s'était immolée par le feu de peur d'être emprisonnée pour avoir tenté d'assister à un match.

En 2018, elle avait été arrêtée alors qu'elle tentait d'entrer dans un stade habillé en garçon. Sa mort avait déclenché un tollé. Le lutteur Navid Afkari, qui avait remporté des compétitions nationales, avait été exécuté pour meurtre commis lors de manifestations deux ans auparavant. Ses aveux lui avaient été arrachés sous la torture, avait-il dénoncé.

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