©Le négociateur iranien sur le nucléaire Ali Bagheri Kani (à gauche) quitte le palais Coburg, lieu des négociations. (AFP)
Les pasdaran, le dernier jalon
"Chaque camp espère que l'autre flanchera le premier. Malheureusement, je pense qu'aucun des deux camps n'est prêt à flancher, donc il y a un vrai risque d'échec", dit à l'AFP Ali Vaez, de l'organisation de prévention des conflits International Crisis Group. Les Iraniens font valoir que les pasdaran avaient été inscrits sur la liste par Donald Trump pour renforcer sa "pression maximale" après la sortie de l'accord de 2015, aussi connu sous son acronyme anglais JCPOA. Mais les Américains répondent qu'il s'agit d'un sujet sans lien avec le dossier nucléaire.
"Si l'Iran veut la levée de sanctions au-delà de celle prévue par le JCPOA, il doit répondre à nos inquiétudes au-delà du JCPOA", et "négocier sur ces questions avec bonne foi et réciprocité", a déclaré lundi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, semblant opposer une fin de non-recevoir sur ce sujet dans le cadre des discussions actuelles. L'avertissement est quelque peu crypté car le gouvernement américain refuse de "négocier en public" et donc de se prononcer clairement sur le sort des Gardiens.
Interrogé début avril, le secrétaire d'État américain Antony Blinken avait donné une première indication en affirmant que les Gardiens étaient bien, à ses yeux une "organisation terroriste". "Je ne suis pas extrêmement optimiste sur les chances de parvenir à un accord", avait-il glissé sur la chaîne NBC.
Coût politique pour les législatives
Mais il confirme un durcissement de l'administration Biden, après un débat interne entre sa frange diplomatique alliée à une partie des militaires, favorables à un geste sur les Gardiens de la révolution au motif que l'inscription sur la liste noire n'a que peu d'implications concrètes, et l'aile politique de la Maison Blanche qui redoute les critiques des républicains avant les élections législatives de novembre.
Ali Vaez reconnaît que tout geste dans le sens iranien sur ce dossier sensible "serait utilisé par les opposants et les détracteurs de l'administration Biden pour la démolir" en dénonçant sa faiblesse face à cet ennemi juré des Etats-Unis. Joe Biden "ne veut pas payer le prix politique" d'une telle décision, regrette Ali Vaez, qui prévient toutefois qu'un échec des négociations aura aussi un coût politique élevé. "Les républicains vont l'accuser d'avoir permis à l'Iran d'être un État au bord de détenir des armes nucléaires", prédit cet expert.
D'autant plus que les Gardiens de la révolution, soutien d'autres bêtes noires de Washington comme le Hezbollah libanais, les Houthis yéménites ou encore certaines milices irakiennes, sont jugés responsables de nombreuses attaques contre des soldats ou intérêts américains au Moyen-Orient. Et plusieurs élus au sein du camp démocrate du président sont aussi opposés à leur retrait de la liste noire.
Avec AFP
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