Lancé le 29 juillet 2021 à Beyrouth, Mémoires d’images est un projet de Roula Melhem-Chamieh, qui poursuit son aventure. Elle propose, à travers un collectif de dessins, un outil thérapeutique interactif, permettant ainsi à ceux qui vont acquérir l’ouvrage de colorier les planches comme bon leur semble, tendant ainsi une main symbolique à ceux qui ont exprimé leurs traumas sous forme de représentations imagées. Ce projet a pris initialement racine à la suite de la double explosion du 4 août 2020.
Parlez-nous de la belle aventure de Mémoires d’images
Mémoires d’images est un projet collectif qui est né il y a bientôt deux ans, à Paris, à la suite de l’explosion du 4 août 2020. Cette initiative est une belle aventure en effet, d’une part en raison de l’élan de solidarité, d’enthousiasme et d’entraide autour de ce projet d’art-thérapie, et d’autre part, parce que sa double finalité a été atteinte. Il s’agit d’une compilation de dessins autour des traumatismes individuels conséquents au drame criminel du 4 août 2020 – dessins de victimes, survivants ou bénévoles dans ce chapitre bien glauque de l’histoire moderne du Liban. Une mémoire au sens propre du terme, dont l’objectif est de permettre une expression libératrice individuelle, en posant par ailleurs au niveau collectif sa portée traumatique dans nos psychés et dans notre histoire à nous, Libanais du Liban ou de la diaspora.
Votre bilan à ce jour est-il satisfaisant?
Oui, absolument, mais ce n’est pas fini. J’ai d’abord présenté et expliqué l’idée de l’ouvrage au Liban au musée Mim un an après l’explosion, à titre commémoratif, à la suite du travail et du suivi thérapeutique que j’ai accomplis bénévolement dans les associations œuvrant pour la santé mentale des Libanais traumatisés et abîmés par cette explosion. Expliquer, accompagner et essayer de prévenir est essentiel, ne serait-ce que pour la dimension transgénérationnelle des traumas. Et ce message qui me tient particulièrement à cœur en tant que thérapeute est bien passé. J’ai fait la même chose à Londres dans une galerie d’art, dix-huit mois après l’explosion. Aux deux présentations, des victimes ayant participé à l’ouvrage ont pu s’exprimer; c’était un partage très touchant et puissant à la fois. Le public composé de Libanais du Liban et de la diaspora était non seulement présent, mais presque demandeur de cette écoute, de cette entraide et de cette solidarité. Il n’y a ni prescription morale ni éthique pour ce genre d’atrocités. L’idée est donc, aux fins de réparation et de la libération psychiques, d’être présents, d’accompagner et d’écouter, à travers des mots ou des dessins, cette détresse des victimes et des survivants qui portent dans leur mémoire, leur corps et leur âme ce drame dans toutes ses dimensions. C’est celle d’essayer en permanence et partout, dans des lieux historiques, artistiques, des écoles ou encore des cafés, de rappeler que ce drame ne doit pas être oublié, mais qu’il doit être travaillé, et qu’il y a donc nécessité de le poser. Le poser pour pouvoir transformer ce traumatisme en autre chose, pouvoir le travailler, individuellement et collectivement, a fortiori lorsque justice et dédommagement, piliers de la réparation psychique, restent quasiment inexistants deux ans plus tard. Au-delà de la finalité thérapeutique du projet, il y a celle solidaire et humanitaire de venir en aide financièrement aux associations libanaises spécialisées en santé mentale. Les recettes intégrales de Mémoires d’images sont reversées à l’Association pour la protection de l’enfant de la guerre (APEG), sur laquelle mon choix s’est porté.
L’APEG est active sur tout le territoire libanais, soutient et accompagne les enfants libanais et leurs familles. Sur ce second plan, les ventes et les recettes ont été très positives en dehors du Liban essentiellement. L’ouvrage est en vente dans les lieux de distribution habituels au Liban (librairie Antoine…) ainsi qu’au musée Mim, pour une somme symbolique compte tenu de la situation économique catastrophique que nous connaissons tous et que les Libanais continuent de subir. Il est également en vente à Paris à la librairie Lamartine dans le 16e arrondissement, ainsi qu’à Londres à la librairie La Page à South Kensington. L’ouvrage est bien entendu en vente en ligne pour l’Europe et l’Amérique du Nord. Le coloriage n’étant tributaire d’aucun rythme précis de thérapie ni d’aucune exigence financière de moyens, j'ai également personnellement distribué, à des fins thérapeutiques, plusieurs exemplaires dans certains lieux à Gemmayzé où les blessures sont encore très vives aujourd’hui.
Avez-vous un projet similaire en gestation?
J’ai un autre projet pour le Liban, même si je vis depuis plusieurs décennies en Europe. Le Liban ne nous quitte jamais même si nous le quittons – une sorte d’attachement périlleux, anxieux et merveilleux à la fois. Il s’agit d’un projet d’éveil éducatif, sous forme d’ateliers-conférences interactifs ou ludiques selon le groupe d’âge, préventifs et informatifs, avec différents outils de base à introduire chacune, chacun dans nos vies. En effet, même si les jeunes générations sont plus alertes (mais victimes aussi dans un monde très digitalisé qui les dépasse) au sujet de la santé psychique, une orientation dans ce domaine reste fort utile, surtout dans un monde incertain post-Covid où nous, thérapeutes, assistons à une réelle et alarmante recrudescence de mal-être, d’angoisse et de comportements pathologiques chez les jeunes. Pour les générations moins jeunes, il serait également utile, sinon indispensable, vu leur rôle de transmission et leur place parentale dans une systémie familiale, de clarifier certains aspects basiques de la santé mentale dans tous ses volets intellectuels, socioculturels et biologiques avec une approche globale et inclusive de la santé, sans peur ni honte de la différence ou de la maladie. Le projet est simple et ambitieux en même temps, mais j’y crois!
Qui est Roula Melhem-Chamieh?
Juriste de formation et dans l’âme, Roula Melhem-Chamieh est thérapeute psycho-praticienne et naturopathe. Établie en France depuis de nombreuses années, elle est spécialisée dans l’accompagnement individuel, les techniques brèves de libération émotionnelle (EMDR, EFT) et l’hypnose.
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Mémoires d’images est un projet collectif qui est né il y a bientôt deux ans, à Paris, à la suite de l’explosion du 4 août 2020. Cette initiative est une belle aventure en effet, d’une part en raison de l’élan de solidarité, d’enthousiasme et d’entraide autour de ce projet d’art-thérapie, et d’autre part, parce que sa double finalité a été atteinte. Il s’agit d’une compilation de dessins autour des traumatismes individuels conséquents au drame criminel du 4 août 2020 – dessins de victimes, survivants ou bénévoles dans ce chapitre bien glauque de l’histoire moderne du Liban. Une mémoire au sens propre du terme, dont l’objectif est de permettre une expression libératrice individuelle, en posant par ailleurs au niveau collectif sa portée traumatique dans nos psychés et dans notre histoire à nous, Libanais du Liban ou de la diaspora.
Votre bilan à ce jour est-il satisfaisant?
Oui, absolument, mais ce n’est pas fini. J’ai d’abord présenté et expliqué l’idée de l’ouvrage au Liban au musée Mim un an après l’explosion, à titre commémoratif, à la suite du travail et du suivi thérapeutique que j’ai accomplis bénévolement dans les associations œuvrant pour la santé mentale des Libanais traumatisés et abîmés par cette explosion. Expliquer, accompagner et essayer de prévenir est essentiel, ne serait-ce que pour la dimension transgénérationnelle des traumas. Et ce message qui me tient particulièrement à cœur en tant que thérapeute est bien passé. J’ai fait la même chose à Londres dans une galerie d’art, dix-huit mois après l’explosion. Aux deux présentations, des victimes ayant participé à l’ouvrage ont pu s’exprimer; c’était un partage très touchant et puissant à la fois. Le public composé de Libanais du Liban et de la diaspora était non seulement présent, mais presque demandeur de cette écoute, de cette entraide et de cette solidarité. Il n’y a ni prescription morale ni éthique pour ce genre d’atrocités. L’idée est donc, aux fins de réparation et de la libération psychiques, d’être présents, d’accompagner et d’écouter, à travers des mots ou des dessins, cette détresse des victimes et des survivants qui portent dans leur mémoire, leur corps et leur âme ce drame dans toutes ses dimensions. C’est celle d’essayer en permanence et partout, dans des lieux historiques, artistiques, des écoles ou encore des cafés, de rappeler que ce drame ne doit pas être oublié, mais qu’il doit être travaillé, et qu’il y a donc nécessité de le poser. Le poser pour pouvoir transformer ce traumatisme en autre chose, pouvoir le travailler, individuellement et collectivement, a fortiori lorsque justice et dédommagement, piliers de la réparation psychique, restent quasiment inexistants deux ans plus tard. Au-delà de la finalité thérapeutique du projet, il y a celle solidaire et humanitaire de venir en aide financièrement aux associations libanaises spécialisées en santé mentale. Les recettes intégrales de Mémoires d’images sont reversées à l’Association pour la protection de l’enfant de la guerre (APEG), sur laquelle mon choix s’est porté.
L’APEG est active sur tout le territoire libanais, soutient et accompagne les enfants libanais et leurs familles. Sur ce second plan, les ventes et les recettes ont été très positives en dehors du Liban essentiellement. L’ouvrage est en vente dans les lieux de distribution habituels au Liban (librairie Antoine…) ainsi qu’au musée Mim, pour une somme symbolique compte tenu de la situation économique catastrophique que nous connaissons tous et que les Libanais continuent de subir. Il est également en vente à Paris à la librairie Lamartine dans le 16e arrondissement, ainsi qu’à Londres à la librairie La Page à South Kensington. L’ouvrage est bien entendu en vente en ligne pour l’Europe et l’Amérique du Nord. Le coloriage n’étant tributaire d’aucun rythme précis de thérapie ni d’aucune exigence financière de moyens, j'ai également personnellement distribué, à des fins thérapeutiques, plusieurs exemplaires dans certains lieux à Gemmayzé où les blessures sont encore très vives aujourd’hui.
Avez-vous un projet similaire en gestation?
J’ai un autre projet pour le Liban, même si je vis depuis plusieurs décennies en Europe. Le Liban ne nous quitte jamais même si nous le quittons – une sorte d’attachement périlleux, anxieux et merveilleux à la fois. Il s’agit d’un projet d’éveil éducatif, sous forme d’ateliers-conférences interactifs ou ludiques selon le groupe d’âge, préventifs et informatifs, avec différents outils de base à introduire chacune, chacun dans nos vies. En effet, même si les jeunes générations sont plus alertes (mais victimes aussi dans un monde très digitalisé qui les dépasse) au sujet de la santé psychique, une orientation dans ce domaine reste fort utile, surtout dans un monde incertain post-Covid où nous, thérapeutes, assistons à une réelle et alarmante recrudescence de mal-être, d’angoisse et de comportements pathologiques chez les jeunes. Pour les générations moins jeunes, il serait également utile, sinon indispensable, vu leur rôle de transmission et leur place parentale dans une systémie familiale, de clarifier certains aspects basiques de la santé mentale dans tous ses volets intellectuels, socioculturels et biologiques avec une approche globale et inclusive de la santé, sans peur ni honte de la différence ou de la maladie. Le projet est simple et ambitieux en même temps, mais j’y crois!
Qui est Roula Melhem-Chamieh?
Juriste de formation et dans l’âme, Roula Melhem-Chamieh est thérapeute psycho-praticienne et naturopathe. Établie en France depuis de nombreuses années, elle est spécialisée dans l’accompagnement individuel, les techniques brèves de libération émotionnelle (EMDR, EFT) et l’hypnose.
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