Qualifiée de "dernière cartouche" par le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, la visite à Téhéran ce jeudi de Enrique Mora, coordinateur de l'Union européenne pour les négociations sur le nucléaire iranien est en partie éclipsée par celle de l'émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani. Ce dernier, reçu par le guide suprême et le président, et en tant qu'allié de Washington, espère une "solution régionale".
Enrique Mora, le coordinateur de l'Union européenne pour les négociations sur le nucléaire iranien.
Accord moribond
Arrivé jeudi à Téhéran pour une visite d'une journée, l'émir du Qatar a rencontré le guide suprême d'Iran Ali Khamenei et le président iranien Ebrahim Raïssi, tandis que M. Mora a eu des entretiens avec le négociateur en chef iranien Ali Bagheri pour la deuxième journée d'affilée, selon l'agence de presse officielle Irna.
Les négociations lancées il y a un an à Vienne entre Téhéran et les grandes puissances pour une relance de l'accord de 2015, censé encadrer le programme nucléaire de l'Iran, sont au point mort depuis mars. Le pacte est moribond depuis le retrait unilatéral en 2018 des États-Unis qui, sous Donald Trump alors président, ont réimposé des sanctions étouffantes à Téhéran, entraînant en riposte son désengagement progressif de l'accord.
"S'agissant des négociations à Vienne, le Qatar les voit toujours de façon positive", a déclaré Cheikh Tamim lors d'une conférence de presse conjointe avec M. Raïssi, ajoutant que "la seule solution à tout désaccord, c'est le dialogue et les moyens pacifiques". "Nous poussons toutes les parties" à conclure un accord qui soit "juste" pour tout le monde, a-t-il ajouté.
Sans "intervention étrangère"
M. Raïssi n'a pas mentionné le dossier nucléaire durant la conférence de presse, mais a mis en garde contre "toute ingérence de pays étrangers, dont les occidentaux", qui "portera atteinte à la sécurité régionale". L'ayatollah Khamenei a renchéri en affirmant à l'émir qatari que les conflits de la région, tels que ceux en Syrie et au Yémen, pouvaient être résolus par le biais d'un dialogue régional sans "intervention étrangère", selon un communiqué de son bureau.
Proche allié de Washington, le Qatar entretient également des liens étroits avec l'Iran. "C'est notre devoir de continuer à conseiller l'Iran, lui parler et l'appeler à s'engager dans ce dialogue d'une manière positive", tout comme les États-Unis et les Occidentaux, a affirmé le chef de la diplomatie qatarie, le cheikh Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, également en visite à Téhéran.
"Toutes les parties doivent faire preuve de flexibilité dans ces négociations pour trouver une solution qui soit dans l'intérêt de la région in fine", a-t-il dit, selon un communiqué du gouvernement qatari. Le président iranien avait effectué une visite au Qatar en février, sa première dans un pays arabe du Golfe. En parallèle des discussions de l'émir qatari avec M. Raïssi, M. Mora a poursuivi ses discussions avec M. Bagheri, selon Irna.
Son rôle est "de faire tout ce qu'il peut afin de sauver l'accord", a commenté un porte-parole de l'UE, Peter Stano. M. Mora "se trouve à Téhéran pour faire avancer ces discussions, pour pouvoir retourner à Vienne et les conclure de façon positive", a-t-il ajouté. Samedi, le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, avait déclaré au Financial Times chercher une "voie médiane" pour lever les blocages qui menacent de mettre fin aux négociations nucléaires. Et il avait qualifié la mission d'Enrique Mora à Téhéran de "dernière cartouche".
Avec AFP
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