Vers un groupe parlementaire du changement?
Une réunion regroupant les treize députés indépendants se tiendra lundi soir à huis-clos pour étudier l’éventuelle formation d’un groupe parlementaire uni pour le changement, sous l’égide de la mouvance du 17 octobre 2019.

La semaine suivant les élections législatives qui se sont tenues le 15 mai dernier a été marquée par l’entrée des treize nouveaux visages du mouvement du 17 octobre 2019 au Parlement. Ces figures de l’opposition et de la société civile ont été acclamés tels des héros nationaux, symbolisant pour beaucoup de Libanais l’espoir et le changement. Treize "électrons libres", de domaines professionnels différents, ne bénéficiant pas – a priori – de soutien de partis politiques, se retrouvent après une longue soirée printanière, prêt à remplir leurs rôles de législateurs. Seul hic, la nouvelle Chambre n’a toujours pas été notifiée de la date de la prochaine séance plénière par le doyen d’âge du Parlement, en l’occurrence son président sortant et chef du mouvement Amal Nabih Berry, alors qu’il ne dispose plus que de deux semaines pour le faire, conformément aux délais prévus par la Constitution.

Entre temps, chaque parti, regroupement ou entité politique s’adonne à une multitude de concertations et de calculs stratégiques, afin de constituer le plus grand groupe parlementaire à la Chambre. D’ores et déjà, deux blocs distincts se sont naturellement formés entre les camps autrefois connus sous les noms de 8 et 14 Mars. Le premier (axe de la Moumanaa) comprenant le Hezbollah, le mouvement Amal, le courant Marada, le Courant patriotique libre (CPL) et les sunnites pro-syriens; et le second (axe souverainiste) regroupant les Forces libanaises, le Parti socialiste progressiste (PSP), les Kataëb, ainsi que des figures proches de ce camp, tels que Michel Mouawad et Neemat Frem.

Quant aux treize députés du changement, nul ne peut se prononcer de manière définitive sur la direction qu’ils prendront. Pourront-ils former un groupe parlementaire uni et homogène face aux blocs des partis afin d’imposer leur poids politique? Ou y aurait-il une volonté de leur part de poursuivre leur mandat législatif séparément? "Une réunion regroupant les treize députés indépendants, dont je fais partie, se tiendra lundi soir à huis-clos pour étudier l’éventuelle formation d’un groupe parlementaire du changement", révèle le député du mouvement du 17 octobre 2019, Yassine Yassine à Ici Beyrouth. "Nous sommes d’accords sur les mêmes grandes lignes et sur le fait de créer un bloc parlementaire prônant les valeurs du 17 octobre 2019, auxquels nous adhérons tous", ajoute-t-il.


Même son de cloche pour le député Charbel Massaad, qui assure que "l’unification des députés du changement en un seul groupe parlementaire permettra d’avoir plus d’impact sur les décisions prises lors des séances de l’Assemblée". La députée Halima Kaakour partage elle aussi cette vision, en soulignant "l’importance des efforts menés par les différentes composantes de la mouvance du 17 Octobre pour coordonner et aligner leurs positions, afin de constituer une entité capable de réaliser un changement réel au sein de la Chambre, basé sur un programme proche des problèmes auxquels font face les Libanais sur les plans politique, économique et social".

Les trois députés interrogés ont précisé par ailleurs à Ici Beyrouth, qu’ils ne voteraient pas pour la réélection de Nabih Berry en tant que président de la Chambre. "Ce genre de décision nécessite une coordination étroite, mais nous tenons à ce qu’il y ait du sang neuf au Parlement", indique M. Massaad, avant d’ajouter: "Seul le temps démontrera comment les choses évolueront".

Néanmoins, il convient de relever qu’aucune indication de la part des nouveaux élus n’a été donnée par rapport à leur positionnement vis-à-vis des armes du Hezbollah, en dépit du fait qu’ils se revendiquent souverainistes. De plus, aucune précision n’a été avancée concernant la teneur des valeurs du 17 octobre 2019. Il serait peut-être trop tôt pour se prononcer sur le sujet. En effet, les treize députés élus enchaînent les réunions de coordination pour faire front face à la classe politique traditionnelle, démarche qui n’avait toutefois pu être accomplie lors de la formation des listes électorales durant la période ayant précédé les législatives. Affaire à suivre…

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