Nabil Kaouk a accusé l’Arabie saoudite d’empêcher une entente nationale au Liban et le mufti jaafari, cheikh Ahmad Kabalan, considère que les problèmes politiques de fond «sont un détail».
Alors que le nouveau Parlement libanais s’apprête à élire, mardi, son président et son bureau, donnant ainsi le coup d’envoi du processus constitutionnel devant déboucher sur la mise en place d’un gouvernement, le Hezbollah met de nouveau tout son poids dans la balance pour faire la promotion d’un gouvernement d’union nationale, une formule gagnante pour lui, sur tous les plans.
Non seulement il a fait savoir quelle formule de gouvernement il veut, mais il a aussi déterminé son ordre du jour: exit les dossiers politiques de fond, priorité à la crise, alors que les deux sont intrinsèquement liés.
Pour lui, ce gouvernement devrait donc accorder la priorité au processus de sortie de crise et mettre de côté les problèmes politiques de fond, en rapport notamment avec ses armes. La formation pro-iranienne avait commencé bien avant les législatives du 15 mai 2022 à plaider pour la mise en place d’une équipe ministérielle dont la composition serait le fruit d’une entente politique. Elle soulignait notamment que le pays ne peut pas être gouverné par une seule partie et c’est sur ce même élément qu’elle insiste de nouveau aujourd’hui.
Membre du conseil central du Hezbollah, cheikh Nabil Kaouk a jugé d’emblée, lors d’une cérémonie funèbre dans le village de Chihine au Liban-sud, que «le pays ne peut être gouverné que par l’entente et non pas par la majorité». Selon lui, «il s’agit d’une évidence». «Les équilibres internes sont trop compliqués pour qu’une partie puisse marginaliser ou éliminer l’autre», a-t-il ajouté, en insistant: «Sauver le pays équivaut à réaliser une entente nationale et à coopérer ensemble». S’adressant aux détracteurs de sa formation, il a lancé: «Maintenir la provocation et rejeter l’entente sont un crime humain, moral et national. Après les élections, le Hezbollah a tendu la main à toutes les personnalités loyales dans le pays (….) dont les nouveaux députés qui ne sont pas liés à des ambassades».
Il devait ensuite revenir à la charge contre l’Arabie saoudite «qui finance et soutient les hommes politiques et les médias qui ne veulent pas que la priorité soit accordée au sauvetage du pays», en allusion aux parties souverainistes qui estiment que le Liban ne pourra pas en finir avec la corruption et se remettre sur pied sur base d’un plan de redressement sérieux tant que sa souveraineté est tronquée et que le Hezbollah pro-iranien exerce un contrôle sur tous les secteurs de l’Etat. Selon Nabil Kaouk, «c’est la politique saoudienne qui se pose en obstacle devant une entente nationale et qui constitue une menace pour la paix civile».
Plus tôt dans la journée, le mufti jaafari Ahmad Kabalan avait aussi appelé dans un communiqué, à la formation d’une équipe ministérielle d’union nationale. Il a invité les forces politiques à se «retrouver à cette fin autour de constantes communes», qu’il n’a pas cependant définies. Le mufti a énuméré les éléments qui justifient à son avis, pour les différentes forces politiques, la mise en place d’un gouvernement d’union, considérant que «les divergences politiques sont un détail à côté des besoins et des risques nationaux liés à la crise» économique et financière dans le pays.
«Il faut que les forces politiques se retrouvent autour de constantes communes nationales qui serviront de base pour la naissance rapide d’un cabinet d’union. Mais cela nécessite une couverture politique qui transcende ces forces pour que soient assurées toutes les conditions d’un pouvoir fort (…) capable de contrôler les marchés et de régler la crise, sinon nous allons droit vers une catastrophe existentielle qui servira les intérêts de certains États mais anéantira le Liban et son peuple», a-t-il averti, faisant ainsi référence à la couverture que devraient, selon lui, éventuellement assurer à un cabinet d’union l’Arabie saoudite et ses partenaires internationaux.
Plusieurs raisons motivent l’insistance du Hezbollah à obtenir un gouvernement d’entente nationale. Depuis la démission du gouvernement de Saad Hariri, un mois après le soulèvement populaire du 17 octobre 2019, deux cabinets composés de représentants de la majorité au pouvoir ont été constitués et aucun d’eux n’a réussi à mettre le pays sur la voie d’un redressement alors que les clivages politiques et la querelle entre les souverainistes et le camp pro-iranien ne faisaient que s’exacerber. Sous les gouvernements de Hassane Diab, puis de Najib Mikati, la crise n’a fait, au contraire, que s’aggraver. La classe dirigeante, prisonnière de ses intérêts et engluée dans ses contradictions, s’est montrée parfaitement incapable jusqu’à ce jour de proposer aux Libanais une feuille de route convaincante pour une sortie de crise, accentuant la colère populaire contre elle. Cette colère s’est manifestée avec puissance dans les résultats des législatives qui ont constitué une déroute pour le camp du 8 Mars (Hezbollah, Amal, CPL et leurs alliés pro-syriens) lequel n’a pas réussi, en dépit de la mobilisation à laquelle il s’était livré, à obtenir la majorité dans la nouvelle Chambre avec ses alliés, alors qu’il s’attendait à un raz-de-marée parlementaire de son camp, subséquemment au repli politique et parlementaire du leader sunnite Saad Hariri et à la dispersion des collectifs du soulèvement du 17 octobre 2019.
S’il insiste aujourd’hui pour un gouvernement d’union, c’est parce que la couverture officielle chrétienne que le camp présidentiel assure à ses armes n’est plus suffisante, vu la perte de vitesse de ce camp au niveau populaire et son isolement sur le plan international. C’est aussi parce qu’il ne veut pas continuer à être pointé du doigt – même au sein de sa base –, avec l’ancienne majorité qu’il constituait avec ses alliés, dans l’effondrement du pays, surtout que le nouveau gouvernement est amené à prendre des décisions forcément impopulaires. Et, surtout, parce qu’un gouvernement d’union nationale lui servirait de levier pour maintenir insidieusement son contrôle sur l’Etat.
Alors que le nouveau Parlement libanais s’apprête à élire, mardi, son président et son bureau, donnant ainsi le coup d’envoi du processus constitutionnel devant déboucher sur la mise en place d’un gouvernement, le Hezbollah met de nouveau tout son poids dans la balance pour faire la promotion d’un gouvernement d’union nationale, une formule gagnante pour lui, sur tous les plans.
Non seulement il a fait savoir quelle formule de gouvernement il veut, mais il a aussi déterminé son ordre du jour: exit les dossiers politiques de fond, priorité à la crise, alors que les deux sont intrinsèquement liés.
Pour lui, ce gouvernement devrait donc accorder la priorité au processus de sortie de crise et mettre de côté les problèmes politiques de fond, en rapport notamment avec ses armes. La formation pro-iranienne avait commencé bien avant les législatives du 15 mai 2022 à plaider pour la mise en place d’une équipe ministérielle dont la composition serait le fruit d’une entente politique. Elle soulignait notamment que le pays ne peut pas être gouverné par une seule partie et c’est sur ce même élément qu’elle insiste de nouveau aujourd’hui.
Membre du conseil central du Hezbollah, cheikh Nabil Kaouk a jugé d’emblée, lors d’une cérémonie funèbre dans le village de Chihine au Liban-sud, que «le pays ne peut être gouverné que par l’entente et non pas par la majorité». Selon lui, «il s’agit d’une évidence». «Les équilibres internes sont trop compliqués pour qu’une partie puisse marginaliser ou éliminer l’autre», a-t-il ajouté, en insistant: «Sauver le pays équivaut à réaliser une entente nationale et à coopérer ensemble». S’adressant aux détracteurs de sa formation, il a lancé: «Maintenir la provocation et rejeter l’entente sont un crime humain, moral et national. Après les élections, le Hezbollah a tendu la main à toutes les personnalités loyales dans le pays (….) dont les nouveaux députés qui ne sont pas liés à des ambassades».
Il devait ensuite revenir à la charge contre l’Arabie saoudite «qui finance et soutient les hommes politiques et les médias qui ne veulent pas que la priorité soit accordée au sauvetage du pays», en allusion aux parties souverainistes qui estiment que le Liban ne pourra pas en finir avec la corruption et se remettre sur pied sur base d’un plan de redressement sérieux tant que sa souveraineté est tronquée et que le Hezbollah pro-iranien exerce un contrôle sur tous les secteurs de l’Etat. Selon Nabil Kaouk, «c’est la politique saoudienne qui se pose en obstacle devant une entente nationale et qui constitue une menace pour la paix civile».
Plus tôt dans la journée, le mufti jaafari Ahmad Kabalan avait aussi appelé dans un communiqué, à la formation d’une équipe ministérielle d’union nationale. Il a invité les forces politiques à se «retrouver à cette fin autour de constantes communes», qu’il n’a pas cependant définies. Le mufti a énuméré les éléments qui justifient à son avis, pour les différentes forces politiques, la mise en place d’un gouvernement d’union, considérant que «les divergences politiques sont un détail à côté des besoins et des risques nationaux liés à la crise» économique et financière dans le pays.
«Il faut que les forces politiques se retrouvent autour de constantes communes nationales qui serviront de base pour la naissance rapide d’un cabinet d’union. Mais cela nécessite une couverture politique qui transcende ces forces pour que soient assurées toutes les conditions d’un pouvoir fort (…) capable de contrôler les marchés et de régler la crise, sinon nous allons droit vers une catastrophe existentielle qui servira les intérêts de certains États mais anéantira le Liban et son peuple», a-t-il averti, faisant ainsi référence à la couverture que devraient, selon lui, éventuellement assurer à un cabinet d’union l’Arabie saoudite et ses partenaires internationaux.
Plusieurs raisons motivent l’insistance du Hezbollah à obtenir un gouvernement d’entente nationale. Depuis la démission du gouvernement de Saad Hariri, un mois après le soulèvement populaire du 17 octobre 2019, deux cabinets composés de représentants de la majorité au pouvoir ont été constitués et aucun d’eux n’a réussi à mettre le pays sur la voie d’un redressement alors que les clivages politiques et la querelle entre les souverainistes et le camp pro-iranien ne faisaient que s’exacerber. Sous les gouvernements de Hassane Diab, puis de Najib Mikati, la crise n’a fait, au contraire, que s’aggraver. La classe dirigeante, prisonnière de ses intérêts et engluée dans ses contradictions, s’est montrée parfaitement incapable jusqu’à ce jour de proposer aux Libanais une feuille de route convaincante pour une sortie de crise, accentuant la colère populaire contre elle. Cette colère s’est manifestée avec puissance dans les résultats des législatives qui ont constitué une déroute pour le camp du 8 Mars (Hezbollah, Amal, CPL et leurs alliés pro-syriens) lequel n’a pas réussi, en dépit de la mobilisation à laquelle il s’était livré, à obtenir la majorité dans la nouvelle Chambre avec ses alliés, alors qu’il s’attendait à un raz-de-marée parlementaire de son camp, subséquemment au repli politique et parlementaire du leader sunnite Saad Hariri et à la dispersion des collectifs du soulèvement du 17 octobre 2019.
S’il insiste aujourd’hui pour un gouvernement d’union, c’est parce que la couverture officielle chrétienne que le camp présidentiel assure à ses armes n’est plus suffisante, vu la perte de vitesse de ce camp au niveau populaire et son isolement sur le plan international. C’est aussi parce qu’il ne veut pas continuer à être pointé du doigt – même au sein de sa base –, avec l’ancienne majorité qu’il constituait avec ses alliés, dans l’effondrement du pays, surtout que le nouveau gouvernement est amené à prendre des décisions forcément impopulaires. Et, surtout, parce qu’un gouvernement d’union nationale lui servirait de levier pour maintenir insidieusement son contrôle sur l’Etat.
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