C’est un rapport particulièrement audacieux qu’a rendu public lundi la commission européenne de contrôle des élections du 15 mai dernier. Un rapport exhaustif et global qui met le doigt sur la plaie.
Le document dénonce une série d’irrégularités qui ont entaché dans une large mesure le scrutin législatif à différents niveaux et dans diverses régions. Mais l’importance du rapport européen dépasse de loin cet aspect, aussi grave soit-il. L’intérêt du document réside plutôt dans la dénonciation explicite et sans détours des exactions et des pratiques très peu «démocratiques» (pour le moins qu’on puisse dire…) auxquelles s’est livré le Hezbollah tout au long du processus électoral.
Ces exactions et pratiques ne sont certes pas une première dans la vie politique libanaise, mais leur dimension réelle cette fois devrait être perçue sous l’angle de l’impact de la machine partisane pesante et tentaculaire mobilisée par le parti pro-iranien pour faire dévier le scrutin du cours normal qu’il aurait dû suivre.
Le rapport de la mission d’observation européenne fait état ainsi d’achats de voix dans plusieurs circonscriptions. Cette pratique, en réalité, est loin d’être nouvelle au Liban. Elle a constamment été signalée dans les différentes opérations électorales dont le pays a été le théâtre depuis les années 1960. Elle a sans doute pris cette fois-ci une dimension beaucoup plus grave du fait de la profonde crise socio-économique qui ébranle la population depuis plusieurs années. Dans certains cas, des électeurs respectables se sont résignés à accepter de voter pour un candidat en contrepartie du financement par ce dernier de soins de santé ou d’achats d’équipements médicaux dont avaient besoin urgemment des membres de la famille et qu’ils n’étaient plus en mesure de se payer.
L’intimidation et les pressions ne sont pas également un phénomène nouveau. Il en est de même aussi du «vote carrousel», qui consiste à faire voter des électeurs partisans plusieurs fois. Tout le monde sait que les morts ont toujours «voté» au Liban et que, parfois, certaines urnes sont l’objet d’un «bourrage» démesuré, artificiel, de bulletins de vote. Sur ce plan, rien de nouveau sous le soleil. Ceux qui ont suivi les scrutins législatifs depuis la fin des années 1960 en sont conscients. Il reste que si la dénonciation de telles pratiques par le rapport de l’UE revêt un caractère hautement audacieux c’est parce qu’elle met en cause directement le Hezbollah (et son allié Amal).
Les exactions du parti pro-iranien revêtent en effet une dimension particulière et ont un impact non traditionnel en raison du poids de la machine milicienne de la formation chiite. Les achats de voix, le trafic d’influence, les pressions, les pratiques d’intimidation, l’octroi de services divers en contrepartie d’un paquet de voix, et même le «vote carrousel» se faisaient au Liban à une échelle très réduite, à un niveau individuel. C’est le rouleau compresseur hezbollahi qui a propulsé la déviation du scrutin dans une autre dimension.
Si les multiples malversations traditionnelles et classiques sont amplifiées dans le cas du Hezbollah c’est parce qu’elles s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie globale soigneusement mise en place afin de verrouiller la communauté chiite et d’empêcher toute compétition démocratique normale dans les circonscriptions contrôlées par la formation pro-iranienne. La présence milicienne massive aux alentours et aux entrées des centres de vote – dénoncée clairement dans le rapport européen – combinée à l’interdiction manu militari de l’accès des délégués opposants aux bureaux de vote a pour lourde conséquence de transposer les débordements électoraux du stade individuel et limité à une dimension stratégique à grande échelle.
Ainsi, le verrouillage minutieux de l’environnement géographique des centres de vote et la création d’une atmosphère partisane pesante et violemment répressive dans ce même environnement, permettent de centupler l’effet du bourrage des urnes – également stigmatisé par la mission européenne – ainsi que la pratique permettant aux électeurs «loyaux» de voter maintes fois.
Certes, la portée du rapport de l’UE ne peut avoir de conséquences pratiques au niveau des résultats des élections. Son importance est cependant essentiellement politique. Elle devrait fournir matière à réflexion à certains responsables occidentaux qui, atteints de cécité politique, se refusent à admettre que leur perception complaisante de la «légitimité» populaire, et électorale, du Hezbollah est largement sujette à caution.
Le document dénonce une série d’irrégularités qui ont entaché dans une large mesure le scrutin législatif à différents niveaux et dans diverses régions. Mais l’importance du rapport européen dépasse de loin cet aspect, aussi grave soit-il. L’intérêt du document réside plutôt dans la dénonciation explicite et sans détours des exactions et des pratiques très peu «démocratiques» (pour le moins qu’on puisse dire…) auxquelles s’est livré le Hezbollah tout au long du processus électoral.
Ces exactions et pratiques ne sont certes pas une première dans la vie politique libanaise, mais leur dimension réelle cette fois devrait être perçue sous l’angle de l’impact de la machine partisane pesante et tentaculaire mobilisée par le parti pro-iranien pour faire dévier le scrutin du cours normal qu’il aurait dû suivre.
Le rapport de la mission d’observation européenne fait état ainsi d’achats de voix dans plusieurs circonscriptions. Cette pratique, en réalité, est loin d’être nouvelle au Liban. Elle a constamment été signalée dans les différentes opérations électorales dont le pays a été le théâtre depuis les années 1960. Elle a sans doute pris cette fois-ci une dimension beaucoup plus grave du fait de la profonde crise socio-économique qui ébranle la population depuis plusieurs années. Dans certains cas, des électeurs respectables se sont résignés à accepter de voter pour un candidat en contrepartie du financement par ce dernier de soins de santé ou d’achats d’équipements médicaux dont avaient besoin urgemment des membres de la famille et qu’ils n’étaient plus en mesure de se payer.
L’intimidation et les pressions ne sont pas également un phénomène nouveau. Il en est de même aussi du «vote carrousel», qui consiste à faire voter des électeurs partisans plusieurs fois. Tout le monde sait que les morts ont toujours «voté» au Liban et que, parfois, certaines urnes sont l’objet d’un «bourrage» démesuré, artificiel, de bulletins de vote. Sur ce plan, rien de nouveau sous le soleil. Ceux qui ont suivi les scrutins législatifs depuis la fin des années 1960 en sont conscients. Il reste que si la dénonciation de telles pratiques par le rapport de l’UE revêt un caractère hautement audacieux c’est parce qu’elle met en cause directement le Hezbollah (et son allié Amal).
Les exactions du parti pro-iranien revêtent en effet une dimension particulière et ont un impact non traditionnel en raison du poids de la machine milicienne de la formation chiite. Les achats de voix, le trafic d’influence, les pressions, les pratiques d’intimidation, l’octroi de services divers en contrepartie d’un paquet de voix, et même le «vote carrousel» se faisaient au Liban à une échelle très réduite, à un niveau individuel. C’est le rouleau compresseur hezbollahi qui a propulsé la déviation du scrutin dans une autre dimension.
Si les multiples malversations traditionnelles et classiques sont amplifiées dans le cas du Hezbollah c’est parce qu’elles s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie globale soigneusement mise en place afin de verrouiller la communauté chiite et d’empêcher toute compétition démocratique normale dans les circonscriptions contrôlées par la formation pro-iranienne. La présence milicienne massive aux alentours et aux entrées des centres de vote – dénoncée clairement dans le rapport européen – combinée à l’interdiction manu militari de l’accès des délégués opposants aux bureaux de vote a pour lourde conséquence de transposer les débordements électoraux du stade individuel et limité à une dimension stratégique à grande échelle.
Ainsi, le verrouillage minutieux de l’environnement géographique des centres de vote et la création d’une atmosphère partisane pesante et violemment répressive dans ce même environnement, permettent de centupler l’effet du bourrage des urnes – également stigmatisé par la mission européenne – ainsi que la pratique permettant aux électeurs «loyaux» de voter maintes fois.
Certes, la portée du rapport de l’UE ne peut avoir de conséquences pratiques au niveau des résultats des élections. Son importance est cependant essentiellement politique. Elle devrait fournir matière à réflexion à certains responsables occidentaux qui, atteints de cécité politique, se refusent à admettre que leur perception complaisante de la «légitimité» populaire, et électorale, du Hezbollah est largement sujette à caution.
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