Iran: les Gardiens arrêtent des diplomates étrangers accusés «d'espionnage»
©Le chef du Corps des Gardiens de la révolution islamique, Hossein Salami. (AFP)
Des médias iraniens ont fait état dans la soirée de mercredi d'une rafle de diplomates occidentaux accusés par les services de renseignement du Corps des Gardiens de la Révolution islamique d'espionnage au profit d'Israël. Les Gardiens, l'armée idéologique du régime, ont procédé à l'expulsion de l'un d'eux, un Britannique, après "qu'il avait présenté ses excuses", selon l'agence Fars.

A Londres, le ministère des Affaires étrangères a démenti l'arrestation d'un de ses diplomates en Iran. "Les informations de presse sur l'arrestation d'un diplomate sont complètement fausses", a déclaré un porte-parole.

On ignorait dans l'immédiat la nationalité des autres diplomates interpellés, leur nombre et la date de leur arrestation.

Le siège de l'ambassade du Royaume-Uni à Téhéran. (AFP)

La télévision d'Etat a accusé le diplomate britannique de s'être "livré à des opérations de renseignement" dans les "zones où se déroulaient" des manoeuvres militaires avec des tests de missiles.

Une vidéo de la télévision montre des images d'un homme, présenté comme Giles Whitaker, en train de parler dans une pièce.

Selon la télévision, le diplomate britannique "fait partie des personnes qui se sont rendues dans le désert de Shahdad (...) en tant que touristes. Comme le montrent les images, cette personne prenait des photos (...) dans une zone interdite, où se déroulait au même moment un exercice militaire".

Giles Whitaker a pris ses fonctions d'adjoint à l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Téhéran en 2018.

Selon l’agence Fars, les personnes arrêtées ont notamment prélevé des échantillons de roche dans le désert à des fins "d’espionnage".
Machination israélienne

La télévision a mis en cause Israël, ennemi juré de l'Iran, dans ces affaires. "Apparemment, Israël veut ouvrir un dossier sur la possible dimension militaire du programme nucléaire iranien, en utilisant des ressortissants de pays tiers qui sont liés aux ambassades occidentales". Israël accuse l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce que Téhéran dément.

Le désert de Shahdad est une destination touristique prisée en Iran. (Wikimédia Commons)


La télévision d'Etat a en outre montré des images d'un autre homme arrêté, présenté comme "Maciej Walczak, chef du département de microbiologie de l'Université Nicolas-Copernic en Pologne". "Cette université est liée au régime sioniste", a-t-elle affirmé en allusion à Israël.

Maciej Walczak, dont la nationalité n'est pas précisée, "est entré en Iran avec trois autres personnes dans le cadre d'échanges scientifiques, mais il s'est rendu dans la région désertique de Shahdad en tant que touriste au moment où se déroulaient des tests de missiles", a affirmé la même source. Il "y prélevait des échantillons de roche".

Un autre homme arrêté est présenté par la télévision comme "Ronald, l'époux de la conseillère culturelle de l'ambassade d'Autriche". Il est accusé d'avoir "prélevé des échantillons de roche" dans un village de la région de Damghan à l'est de Téhéran et d'avoir "filmé une zone militaire à Téhéran".
Monnaie d'échange?

En mars dernier, deux Irano-Britanniques Nazanin Zaghari-Ratcliffe et Anoosheh Ashoori, condamnés à la prison pour des accusations qu'ils ont toujours niées, ont été libérés.

"En parallèle" de cette libération, Londres avait annoncé avoir soldé avec Téhéran une vieille dette de 394 millions de livres (470 millions d'euros), sans établir de lien entre les deux affaires.

Les Irano-Britanniques Nazanin Zaghari-Ratcliffe et Anoosheh Ashoori lors de leur arrivée au Royaume-Uni après leur libération par les autorités iraniennes en mars dernier. (Site du gouvernement britannique sur Flickr)

Plus d'une douzaine d'Occidentaux, majoritairement binationaux, sont actuellement détenus en Iran qui est soupçonné de vouloir les monnayer en échange de concessions de l'Occident.

Des négociations sont en cours depuis plus d'un an entre Téhéran et les Occidentaux pour tenter de relancer l'accord international sur le programme nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015, avec à la clé pour la République islamique une levée des sanctions.

Le retrait unilatéral des Etats-Unis de l'accord en 2018 et la réimposition de sanctions économiques sévères avaient incité l'Iran à revenir sur ses propres engagements. Ces discussions sont bloquées depuis mars.

Avec AFP
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