Selon des milieux économiques, Washington aurait adressé depuis quelques jours un avertissement aux autorités officielles libanaises concernées, les mettant en garde contre une poursuite du projet de restructuration du secteur bancaire. Parallèlement, les milieux politiques évoquaient un avertissement américain similaire concernant la formation du nouveau gouvernement libanais, fondé sur des réserves américaines assimilables à l’avertissement relatif aux banques. Or, quels sont les motifs sous-jacents derrière ces avertissements?
Tout d'abord, selon les données dont disposent les milieux économiques, l'avertissement américain sur la restructuration du secteur bancaire découle de la crainte que cette étape ne permette au Hezbollah, par l'intermédiaire d'agents, d'acquérir des actions dans les banques destinées à être restructurées, et ce grâce aux liquidités dont dispose le parti, et qui dépassent de loin les capacités des nouveaux désireux de se tailler une place de choix dans le secteur bancaire libanais.
L'actuel gouvernement libanais, qui depuis les dernières élections législatives expédie les affaires courantes, avait annoncé le 4 avril dernier son intention de restructurer le secteur bancaire et de mettre en œuvre le plan de relance économique. Le plan prévoyait la nécessité de parvenir à une solution pour «les banques non viables» d'ici novembre 2022 (au terme du mandat du président Michel Aoun, fin octobre prochain), après l'évaluation de la situation de 14 établissements. Le plan vise à «déterminer le volume des besoins de recapitalisation des banques, séparément, et à analyser la structure des dépôts. Cette mission relèvera de la Commission de contrôle bancaire, assistée par des cabinets internationaux spécialisés.
Le Hezbollah n'a pas caché son enthousiasme à l’idée d’une restructuration des banques. Le site Internet du parti, Al-Ahed, avait publié une analyse à la fin de l'année dernière sous le titre «Restructuration des banques… Salamé manque de diligence et protège les banques». Selon cette analyse, «le secteur bancaire est aujourd'hui au plus mal, ce qui nécessite l’adoption d’une multitude de mesures cruciales pour redresser la barre et restaurer la confiance», dont la principale est la «restructuration» dans un pays doté de 60 banques avec des centaines d'agences. Le rapport cite un expert qui estime que le Liban «n’a pas besoin de plus de 10 banques». Cet expert considère aussi que «si les banques ne prennent pas d'initiatives en vue d’une restructuration, Riad Salamé devra prendre la décision courageuse d’ouvrir le marché libanais à de nouvelles banques pour attirer des fonds nouveaux et restaurer la confiance dans le secteur bancaire».
Partant, quelles sont les «nouvelles banques» qu’il faudrait établir, selon l’analyse du Hezbollah?
Les milieux économiques précités estiment que l'Administration américaine considère que les capacités financières du Hezbollah lui permettront de détenir ces «nouvelles banques». En effet, l’avertissement de l’Administration américaine contre les dangers de la restructuration des banques est lié aux rapports qui font état de profits faramineux que le Hezbollah tire du trafic de drogue, en particulier celui du Captagon. En avril dernier, un rapport publié par l'institut américain New Lines indiquait que les bénéfices générés par le trafic du Captagon avaient dépassé les 5 milliards de dollars l'an dernier, pointant «l'implication de membres de la famille du président syrien, Bachar el-Assad, de hauts responsables de son régime et du Hezbollah dans la fabrication et la contrebande de cette drogue». Ce qui laisse à penser qu'une partie des milliards de dollars générés par ce trafic parviennent au parti et renforcent son influence au Liban à tous les niveaux. Elle pourrait ainsi être investie subrepticement dans le cadre d’une restructuration du secteur bancaire.
Qu'en est-il de la formation du nouveau gouvernement? Les milieux politiques précités considèrent que ceux qui pensent que le Courant patriotique libre (CPL) et le président Michel Aoun sont les seuls à se réjouir à l’idée de la formation d'un nouveau gouvernement politique, taillé à la mesure de leurs ambitions et qui gèrera le vide après la fin du mandat du président Aoun le 31 octobre, se fourvoient. En réalité, la mise en place d’un tel gouvernement permettra au CPL de contrôler les décisions du prochain gouvernement. Néanmoins, le Hezbollah n’est pas en reste et se réjouit tout autant que le courant orange à cette perspective. Le Parti de Dieu pourra ainsi exercer son influence sur l'Exécutif après le départ de son allié du palais de Baabda dans quelques mois. Le parti pro-iranien s’accroche à un tel gouvernement tout simplement parce qu'il est conscient de son incapacité à imposer facilement un candidat qui lui est affilié à Baabda, comme cela s'était produit en 2016. Dès lors, les milieux politiques eux-mêmes parlent de coordination conjointe entre le Hezbollah et le CPL afin d'empêcher la tenue de l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels qui débutent en septembre prochain, soit deux mois avant la fin du mandat du président Aoun. Et pour cause: les élections qui auront lieu ne porteront pas forcément le candidat voulu par le Parti de Dieu à la présidence de la République. Sans compter que les chances du chef du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil, de devenir président la République sont nulles. En conséquence, il ne reste plus qu’à instaurer un gouvernement politique semblable à celui dirigé par le président Tammam Salam en 2014, à la fin du mandat du président Michel Sleiman.
Les deux alliés, le Hezbollah et le Courant patriotique libre, parviendront-ils à leurs fins et à imposer un gouvernement politique qui dirigera le Liban, peut-être encore pour longtemps? Selon les mêmes milieux, la mise en place d'un tel gouvernement est contestée au double plan interne et externe, notamment de la part de l'Administration américaine. Dans un contexte connexe, et selon le journal Al-Akhbar, des ministres se sont enquis auprès du Premier ministre, Najib Mikati, lors de leur participation à un dîner qu'il avait organisé en l'honneur des ministres arabes des Affaires étrangères, sur l’évolution de ses contacts pour la formation de son équipe. M. Mikati aurai répondu, non sans un certain sarcasme: «Qui vous a dit qu'il y aura un nouveau gouvernement?»
Le Hezbollah restera-t-il les bras croisés face à l’hostilité affichée au sujet de la mise en place d'un gouvernement politique? Les milieux politiques appellent à surveiller le comportement du Hezbollah en cette période, y compris l’escalade sécuritaire qu’il est susceptible de déclencher au Sud-Liban sur fond de différend sur la démarcation de la frontière maritime avec Israël.
Tout d'abord, selon les données dont disposent les milieux économiques, l'avertissement américain sur la restructuration du secteur bancaire découle de la crainte que cette étape ne permette au Hezbollah, par l'intermédiaire d'agents, d'acquérir des actions dans les banques destinées à être restructurées, et ce grâce aux liquidités dont dispose le parti, et qui dépassent de loin les capacités des nouveaux désireux de se tailler une place de choix dans le secteur bancaire libanais.
L'actuel gouvernement libanais, qui depuis les dernières élections législatives expédie les affaires courantes, avait annoncé le 4 avril dernier son intention de restructurer le secteur bancaire et de mettre en œuvre le plan de relance économique. Le plan prévoyait la nécessité de parvenir à une solution pour «les banques non viables» d'ici novembre 2022 (au terme du mandat du président Michel Aoun, fin octobre prochain), après l'évaluation de la situation de 14 établissements. Le plan vise à «déterminer le volume des besoins de recapitalisation des banques, séparément, et à analyser la structure des dépôts. Cette mission relèvera de la Commission de contrôle bancaire, assistée par des cabinets internationaux spécialisés.
Le Hezbollah n'a pas caché son enthousiasme à l’idée d’une restructuration des banques. Le site Internet du parti, Al-Ahed, avait publié une analyse à la fin de l'année dernière sous le titre «Restructuration des banques… Salamé manque de diligence et protège les banques». Selon cette analyse, «le secteur bancaire est aujourd'hui au plus mal, ce qui nécessite l’adoption d’une multitude de mesures cruciales pour redresser la barre et restaurer la confiance», dont la principale est la «restructuration» dans un pays doté de 60 banques avec des centaines d'agences. Le rapport cite un expert qui estime que le Liban «n’a pas besoin de plus de 10 banques». Cet expert considère aussi que «si les banques ne prennent pas d'initiatives en vue d’une restructuration, Riad Salamé devra prendre la décision courageuse d’ouvrir le marché libanais à de nouvelles banques pour attirer des fonds nouveaux et restaurer la confiance dans le secteur bancaire».
Partant, quelles sont les «nouvelles banques» qu’il faudrait établir, selon l’analyse du Hezbollah?
Les milieux économiques précités estiment que l'Administration américaine considère que les capacités financières du Hezbollah lui permettront de détenir ces «nouvelles banques». En effet, l’avertissement de l’Administration américaine contre les dangers de la restructuration des banques est lié aux rapports qui font état de profits faramineux que le Hezbollah tire du trafic de drogue, en particulier celui du Captagon. En avril dernier, un rapport publié par l'institut américain New Lines indiquait que les bénéfices générés par le trafic du Captagon avaient dépassé les 5 milliards de dollars l'an dernier, pointant «l'implication de membres de la famille du président syrien, Bachar el-Assad, de hauts responsables de son régime et du Hezbollah dans la fabrication et la contrebande de cette drogue». Ce qui laisse à penser qu'une partie des milliards de dollars générés par ce trafic parviennent au parti et renforcent son influence au Liban à tous les niveaux. Elle pourrait ainsi être investie subrepticement dans le cadre d’une restructuration du secteur bancaire.
Qu'en est-il de la formation du nouveau gouvernement? Les milieux politiques précités considèrent que ceux qui pensent que le Courant patriotique libre (CPL) et le président Michel Aoun sont les seuls à se réjouir à l’idée de la formation d'un nouveau gouvernement politique, taillé à la mesure de leurs ambitions et qui gèrera le vide après la fin du mandat du président Aoun le 31 octobre, se fourvoient. En réalité, la mise en place d’un tel gouvernement permettra au CPL de contrôler les décisions du prochain gouvernement. Néanmoins, le Hezbollah n’est pas en reste et se réjouit tout autant que le courant orange à cette perspective. Le Parti de Dieu pourra ainsi exercer son influence sur l'Exécutif après le départ de son allié du palais de Baabda dans quelques mois. Le parti pro-iranien s’accroche à un tel gouvernement tout simplement parce qu'il est conscient de son incapacité à imposer facilement un candidat qui lui est affilié à Baabda, comme cela s'était produit en 2016. Dès lors, les milieux politiques eux-mêmes parlent de coordination conjointe entre le Hezbollah et le CPL afin d'empêcher la tenue de l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels qui débutent en septembre prochain, soit deux mois avant la fin du mandat du président Aoun. Et pour cause: les élections qui auront lieu ne porteront pas forcément le candidat voulu par le Parti de Dieu à la présidence de la République. Sans compter que les chances du chef du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil, de devenir président la République sont nulles. En conséquence, il ne reste plus qu’à instaurer un gouvernement politique semblable à celui dirigé par le président Tammam Salam en 2014, à la fin du mandat du président Michel Sleiman.
Les deux alliés, le Hezbollah et le Courant patriotique libre, parviendront-ils à leurs fins et à imposer un gouvernement politique qui dirigera le Liban, peut-être encore pour longtemps? Selon les mêmes milieux, la mise en place d'un tel gouvernement est contestée au double plan interne et externe, notamment de la part de l'Administration américaine. Dans un contexte connexe, et selon le journal Al-Akhbar, des ministres se sont enquis auprès du Premier ministre, Najib Mikati, lors de leur participation à un dîner qu'il avait organisé en l'honneur des ministres arabes des Affaires étrangères, sur l’évolution de ses contacts pour la formation de son équipe. M. Mikati aurai répondu, non sans un certain sarcasme: «Qui vous a dit qu'il y aura un nouveau gouvernement?»
Le Hezbollah restera-t-il les bras croisés face à l’hostilité affichée au sujet de la mise en place d'un gouvernement politique? Les milieux politiques appellent à surveiller le comportement du Hezbollah en cette période, y compris l’escalade sécuritaire qu’il est susceptible de déclencher au Sud-Liban sur fond de différend sur la démarcation de la frontière maritime avec Israël.
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