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Le secteur privé met la pression sur les parlementaires pour obtenir des amendements significatifs sur le projet de budget 2024, qui comporte 133 articles.

Tous les yeux sont rivés sur la Chambre des députés, où la commission parlementaire du Budget et des Finances tiendra, lundi, sa dernière réunion consacrée à la discussion des amendements du projet de budget 2023, avant de l’envoyer, dans sa mouture modifiée, au Parlement pour être discuté et voté en séance plénière.

Les différentes composantes des organismes économiques ont récemment donné de la voix, décriant un projet de loi de finances pour 2024, dont les chiffres n’ont aucun lien avec l’économie réelle. Elles font notamment pression sur les députés pour attirer leur attention sur les anomalies dans ce texte, dénué de toute vision économique et dont la seule finalité est de renflouer le Trésor.

Pire encore, le texte accable le secteur privé formel de taxes et d’impôts dont les montants sont multipliés, dans certains cas, par vingt, alors que celui-ci jouera un rôle de premier plan dans tout projet de redressement économique. Dans le même temps, il ferme les yeux sur une économie parallèle, que la Banque mondiale a évaluée à un milliard de dollars, dans son dernier rapport sur le Liban, faisant comme si elle n’existait pas.

Secteur privé

Pourtant, c’est bien le secteur privé qui a réussi à adapter ses coûts de production, dans un environnement d’économie de crise où l’infrastructure appropriée est quasiment inexistante. C’est bien le secteur privé qui a réussi à préserver des centaines de milliers d’emplois, révisant par ailleurs l’échelle des salaires, sans attendre les recommandations d’un pouvoir exécutif qui continue de briller par son absence.

Des profits non réalisés

Le comble de l’irresponsabilité du gouvernement se trouve dans les dispositions de l’article 76 du projet de budget 2024. Cet article impose une taxe sur l’inflation, en demandant au secteur privé formel de payer des impôts sur la réévaluation des stocks et des actifs résultant de la détérioration du taux de change. Il lui fait ainsi payer des impôts sur des bénéfices non réalisés et fictifs tout en négligeant le principe du coût de remplacement des produits.

L’économie réelle

En deux mots comme en mille, il est clair que les prévisions des revenus pour 2024 ont été revues à la baisse et sont en deçà des revenus réalisés en 2023 pour justifier une augmentation des taxes sur le secteur privé formel et dissimuler l’impuissance de l’État à réaliser les réformes qu’on exige de lui et à lutter contre une économie informelle qui prend chaque jour plus d’ampleur.

Pour ne donner qu’un exemple, les prévisions des revenus des taxes douanières, dans le cadre du projet de budget 2024, sont de 148 millions de dollars. Ce montant est cependant loin d’être consistant au regard de l’économie réelle. Un simple calcul montre que ce chiffre devrait être d’au moins 600 millions de dollars. Dans les détails, le volume d’importations de produits sujets à une taxe douanière s’est élevé, en moyenne en 2022 et 2023, à plus ou moins 5 milliards de dollars pour chaque année. Considérant un taux moyen de taxes douanières applicables de 12%, le chiffre de 600 millions de dollars devient conforme à la réalité.

Cela sans parler de la confusion qu’entraînera, en toute logique, la multiplicité du taux de change du dollar auquel doivent se référer les différents articles du projet de budget 2024.

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