Le projet de Budget 2022 dont l’examen a été entamé lundi 24 janvier par le gouvernement prévoit, selon diverses sources, une hausse des taxes et des impôts. De ce fait, nombre d’experts ont contesté ce projet, et même le patriarche maronite Béchara Rai s’est opposé aux réformes régressives. Il reste qu’à la fin de la réunion du gouvernement, le ministre des Finances Youssef Khalil a annoncé à des journalistes que contrairement aux rumeurs, il n’y aura pas de nouvelles taxes et qu’une grande partie de ce qui a été dit sur le budget prévu est inexacte.

Les propos de M. Khalil peuvent sans doute apaiser l’opinion, mais connaissant l’Etat libanais, nul ne saurait être sûr à cet égard. Supposons qu’une hausse des taxes et des tarifs soit réellement avalisée, quelles pourraient en être les conséquences ?

La spoliation légale, dite " taxe "

Pour réaliser un profit, une entreprise ordinaire doit satisfaire ses clients en leur offrant un bien ou un service qu’ils désirent. S’ils ne sont pas satisfaits, ils peuvent toujours s’abstenir de consommer ledit bien ou service. Telle est l’essence du libéralisme économique : la liberté de choisir. Dans un marché libre et compétitif, les entreprises les plus réussies sont celles qui arrivent à satisfaire leurs clients au maximum. Dans ce système, il est impossible pour une entreprise de réussir si elle néglige les souhaits des consommateurs.

L’Etat, dépourvu de compétition, ne fonctionne pas selon ce mécanisme. En effet, pour que l’Etat puisse mener à bien son action, il doit taxer ses citoyens, c’est-à-dire qu’il doit puiser dans les richesses créées par le secteur privé pour financer le secteur " public ". Et toute tentative de résister à cette spoliation légale sera sanctionnée.

Lorsque l’Etat hausse le taux d’imposition, il faut être attentif à ce qui se voit et ce qui ne se voit pas. Vrai, l’entreprise en question sera plus riche, c’est ce qu’on voit. Ce qu’on ne voit pas, ce sont les milliers d’autres entreprises qui auraient pu fleurir et les millions de richesses qui auraient pu être créées si les taxes n’avaient pas augmenté. La vaste majorité de nos biens et services est créée par le secteur privé de manière volontaire et compétitive. Si l’entreprise que l’Etat voudrait financer par la taxe était vraiment profitable, rien n’aurait empêché le secteur privé d’y investir.

De plus, il est enfantin d’imaginer nos pilleurs en costards comme étant des anges désintéressés. Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument. Il n’y a rien qui empêche les politiciens de gaspiller ces taxes, et puisque l’Etat n’a pas de compétition et obtient son revenu par la force, ils n’auront pas à payer le prix de leurs erreurs et caprices.

Les tarifs 

Sur un marché compétitif et libre, les prix sont déterminés par l’offre et la demande. Les offreurs veulent se débarrasser de leurs marchandises. Pour ce faire, ils devront également trouver le prix le plus élevé que les clients sont prêts à payer, afin de maximiser leurs profits. Dès que l’Etat altère les prix, deux tristes résultats sont possibles : les pénuries si les nouveaux prix sont trop bas, et les surplus s’ils sont trop hauts.

Les tarifs sont une hausse artificielle des prix. Ils ne sont pas le produit spontané de l’offre et de la demande, mais le fruit de l’ignorance des planificateurs et bureaucrates. Dans un système juste et compétitif, la baisse de la quantité d’un bien ou d’un service sur le marché est accompagnée d’une hausse du prix de ce même bien ou service, et vice-versa. Puisque le prix est plus élevé alors que les quantités n’ont pas changé, une hausse des tarifs ne fera que mettre des bâtons dans les roues des consommateurs et des producteurs. Les premiers ne pourront pas obtenir les produits qu’ils souhaitent, et les derniers ne pourront pas vendre ces produits artificiellement enchéris : il y aura un surplus.

Somme toute, les gens ont raison de contester ces mesures saugrenues et destructrices.

Que peut faire l’Etat ?

De grâce, que l’Etat se mette à l’écart. La meilleure chose qu’il puisse faire, c’est retirer ses tentacules du marché et laisser les individus interagir volontairement et pacifiquement. Les libéraux classiques, depuis l’époque de Jean-Baptiste Say et Frédéric Bastiat jusqu’à celle de Friedrich Hayek et Milton Friedman – la tradition est bien vieille – disaient judicieusement que le seul rôle légitime de l’Etat est la protection de la vie, la liberté, et la propriété privée des individus. L’Etat libanais pourrait commencer par légaliser toute action non-violente, comme la consommation et la production de drogues, insulter le président de la République, ou la communication et le commerce avec les citoyens d’un pays dont on ne mentionnera pas le nom pour des raisons légales. Est-ce acceptable, pour vous, de payer des impôts pour incarcérer des individus pour des raisons si banales ?

Hélas, connaissant l’Etat libanais, ces avertissements vont probablement être jetés aux oubliettes.