Des propos tronqués attribués à Saadé Chami, vice-Premier ministre libanais et dirigeant la délégation chargée de mener les discussions avec le Fonds monétaire international, faisant état de la faillite du pays et de la Banque du Liban ont provoqué un certain émoi et semé lapanique chez les Libanais alors que les négociations avec le FMI battent leur plein.

Des propos attribués au vice-Premier ministre et président de la délégation qui négocie avec le FMI faisant état de la faillite du pays et de la BDL ont fait couler beaucoup d’encre lundi avant d’être démenti par le principal intéressé, le Premier ministre Nagib Mikati et le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé.

"Ce qui circule sur la faillite de la Banque centrale est incorrect, malgré les pertes subies par le secteur financier au Liban, lesquelles sont traitées dans le plan de relance actuellement préparé par le gouvernement en coopération avec le FMI, la Banque mondiale et la Banque du Liban. La BDL continue d’exercer le rôle qui lui est confié en vertu de l’article 70 de la loi sur la monnaie et le crédit, et elle continuera à le faire", a réagi le gouverneur Salamé dans un communiqué.

Ces propos déformés ont fait craindre que tout le poids de la restructuration ne soit assumé par les déposants.

A noter que la délégation du Fonds monétaire international dirigée par Ernesto Ramirez-Rigo est au Liban depuis la semaine dernière pour une nouvelle mission en vue d’aboutir à un accord. C’est la troisième visite de représentants du FMI depuis que les négociations ont commencé le 24 janvier.

Lors de son intervention lundi pendant la quatrième réunion au Grand Sérail du "Cadre de Réforme, de Redressement et de Reconstruction" pour le redressement économique du Liban, le vice-Premier ministre avait déclaré: "Les négociations se poursuivent entre le gouvernement et le Fonds monétaire international, et le sujet le plus important dont nous avons parlé aujourd’hui est la restructuration du secteur bancaire, l’achèvement du plan de relance économique, l’approbation du budget et du projet de loi sur le contrôle des capitaux au Parlement. Nous espérons signer bientôt un accord préliminaire, qui sera suivi de la mise en œuvre des procédures préalables avant la signature définitive".

Priorité à un accord avec le FMI

Par ailleurs, le Mouvement international des chefs d’entreprise libanais MIDEL, présidée par Fouad Zmokhol, a organisé un déjeuner débat avec l’ambassadrice de France Anne Grillo, qui a renouvelé l’engagement de  la France à soutenir pleinement le Liban et tous les Libanais. Pour elle, "la priorité est de conclure rapidement un accord global avec le Fonds monétaire international, seule solution qui mènera le Liban vers la reprise de la croissance et profitera aux entreprises".

Fouad Zmokhol, a pour sa part insisté sur le fait que la sortie de ce " tunnel obscur " ne pourra se faire sans un projet intégré et synchronisé avec le Fonds monétaire international. "Mais notre principal problème ne concerne pas les projets, mais la mise en œuvre et la poursuite. Nous sommes aussi pleinement conscients que les négociations avec le FMI seront de longue haleine et épineuses, avant toute injection de liquidités. La seule solution à la re-croissance passe par la relance du secteur privé libanais productif et le retour à la normale du cycle économique et du mouvement actif d’investissement", a-t-il poursuivi.

Selon lui, il ne fait aucun doute que le Liban doit reconstruire une nouvelle économie et un cycle économique solide. Il a demandé aux responsables politiques "un minimum de stabilité et de consensus interne et de ne pas entraîner l’économie dans les conflits électoraux".

Réunion avec les organismes économiques

De leur côté, des représentants des organismes économiques se sont réunis longuement avec le chef de mission du FMI Ernesto Ramirez Rigo. Ils ont discuté du plan de redressement financier en cours de négociation. Ils lui ont remis une copie de leurs propositions soumises au Premier ministre Nagib Mikati et au vice-Premier ministre, en soulignant que le respect des constantes présentées est un préalable pour qu’ils prennent part au consensus général sur le plan de relance qui sera adopté.

Les instances économiques ont rappelé qu’elles ont toujours été à l’avant-garde de ceux qui soutiennent les efforts du Fonds monétaire international et son rôle positif et constructif pour sauver le Liban en vue de le remettre sur la voie du redressement et du progrès.

Pour elles, la responsabilité de l’effondrement financier incombe conjointement à l’État, à la Banque centrale et aux établissements bancaires. Elles ont exigé à ce titre que l’État reconnaisse sa responsabilité première dans l’important déficit financier du pays, et reconfirme son engagement à fournir la plus grande contribution financière pour le combler, par la création d’un fonds souverain à cet effet. Elles ont aussi souligné la nécessité d’axer le plan de relance sur la revitalisation des grandes lignes de l’économie nationale afin d’atteindre une croissance économique solide et de créer des opportunités d’emploi, en stimulant les secteurs productifs.

Contacté par Ici Beyrouth, le secrétaire général des organismes économiques, Nicolas Chammas, n’a pas voulu commenter la rencontre ni donner de plus amples informations sur la teneur des discussions parce que celles-ci "sont toujours en cours".

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