Un navire syrien soumis à des sanctions américaines depuis 2015 a accosté le mercredi 27 juillet dans le port libanais de Tripoli transportant des cargaisons de blé soupçonnées d’avoir été volées d’entrepôts ukrainiens.

Un navire syrien soumis à des sanctions américaines a accosté dans le port de Tripoli, transportant de l’orge et du blé "volés par la Russie dans des entrepôts ukrainiens", selon l’ambassade d’Ukraine à Beyrouth. Le navire prénommé " Laodicea " a accosté à Tripoli mercredi 27 juillet, selon le site Internet de données maritimes, Marine Traffic. Le navire, Laodicea, est parti d’un port de Crimée, qui est fermé à la navigation internationale, transportant 5000 tonnes d’orge et 5000 tonnes de farine. "Nous soupçonnons que la cargaison été prise dans des entrepôts ukrainiens, souligne l’ambassade. C’est la première fois qu’une cargaison de céréales et de farine volées arrive au Liban".

L’ambassadeur ukrainien Ihor Utash avait rencontré le jeudi 28 juillet le président libanais Michel Aoun et l’avait mis en garde contre "l’achat de biens ukrainiens volés (qui) nuirait aux relations entre Kiev et Beyrouth".

Le ministre libanais de l’Économie, Amin Salam, a assuré à Reuters que les autorités douanières et le ministère de l’Agriculture suivaient l’affaire. M. Salam avait déclaré le jeudi 28 juillet que "la pénurie de pain au Liban serait atténuée cette semaine par de nouvelles importations de blé", sans préciser d’où elles proviendraient. Dans une interview à la chaîne britannique BBC, le ministre a réaffirmé le vendredi 29 juillet que "les autorités concernées" au Liban examinent actuellement le navire : "Nous n’avons pas encore été en mesure de déterminer la source des cargaisons". Il a ajouté que "la décision appropriée sera prise ultérieurement".

Le ministre libanais des Transports Ali Hamieh a, pour sa part, déclaré : " Nous vérifions l’exactitude des informations qui circulent dans les médias : nous avons des lois et nous recourons à la loi libanaise ". De son côté, une source maritime a affirmé à Reuters que le navire n’avait pas encore été déchargé en raison des objections de l’Ukraine quant à la cargaison à bord.

Pour sa part, l’ambassade russe au Liban a affirmé dans un communiqué que " l’ambassade de la Fédération de Russie au Liban ne dispose d’aucune information sur le navire syrien ou sur la cargaison amenée par une société privée au Liban ".

Dans la journée, l’ambassade d’Ukraine a publié un communiqué dans lequel elle donne des détails sur le blé volé et l’itinéraire qu’il a suivi avant d’arriver au port de Tripoli. Le navire syrien " Laodicea " est ainsi l’un des trois navires appartenant à l’Autorité portuaire syrienne qui, selon l’Ukraine, transportait du blé volé dans des magasins situés sur le territoire ukrainien et que la Russie a récemment conquis. Des sanctions ont été imposées aux trois navires syriens par les États-Unis en 2015. Selon le communiqué, un tribunal ukrainien a ordonné la saisie du bateau syrien et de son chargement.

Il est vrai que l’arrivée de " Laodicée " coïncide avec une grave pénurie de pain dans tout le Liban, où la crise économique depuis 2019 a ralenti les importations de blé subventionné, mais elle met à mal aussi les relations diplomatiques du Liban avec plusieurs autres États. Le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a ainsi révélé que son département a reçu des messages de protestation de plusieurs pays au sujet de cette affaire.

Le Liban importait environ 60 % de son blé d’Ukraine, mais ces expéditions ont été perturbées par l’invasion russe et le blocus des principaux ports de la Mer Noire par lesquels l’Ukraine exportait auparavant. Elles ont repris à la mi-juillet.