Avec l’île de Gozo à Malte, Enfé possède les plus anciens marais salants du bassin méditerranéen. Dans ce village du caza de Koura, quelques familles continuent d’exploiter de petites parcelles de salines. Ce patrimoine est pourtant en danger. La construction d’une station balnéaire et d’un port de plaisance est envisagée sur un terrain relevant du couvent de Notre-Dame de la Garde (Deir el-Natour). Certains marais salants s’y trouvent. Un grillage en fer, récemment installé, délimite le terrain où le centre devrait être érigé.

À l’origine du projet, des hommes d’affaires qui ont signé avec l’archidiocèse grec-orthodoxe de Tripoli et du Koura, en 1998, un contrat d’investissement du terrain sur une période de cent ans. En 2018, le Conseil supérieur de la planification civile a refusé d’avaliser le projet.

Celui-ci a été remis sur le tapis après le décès, en 2019, de mère Catherine, ardente défenseuse des marais salants d’Enfé.

Ici Beyrouth a essayé, en vain, de joindre l’archidiocèse grec-orthodoxe de Tripoli et du Koura.

Soutenus récemment par un fonds de l’Union européenne dans le cadre du projet MedArtSal de gestion durable des salines artisanales méditerranéennes, quatre paludiers ont pu améliorer l’aménagement de leurs marais salants. Ils ont ainsi installé des systèmes d’éclairage photovoltaïque remplaçant les générateurs. Le projet leur ouvre aussi la voie pour exporter leur production. Sur le plan local toutefois, les paludiers ont du mal à écouler leur marchandise, parce que le sel importé n’est pas soumis à des taxes douanières, et ce, depuis les années 1990. De ce fait, il est vendu moins cher que le sel d’Enfé.