À 11h aujourd’hui, le Parlement doit se réunir pour une quatrième séance électorale consacrée à l’élection d’un chef de l’État. Un titre pompeux pour un processus vidé de son sens par les bons soins de ceux qui, parmi les députés, ne connaissent de l’exercice démocratique que le nom. À coup de blocage, par le biais d’un défaut de quorum continu, ce groupe de parlementaires s’évertue à empêcher l’élection d’un nouveau président afin d’entraîner les blocs opposés vers un compromis qui déboucherait sur le choix d’un candidat bénéficiant de leur soutien. En d’autres termes, qui serait prêt à se plier à la volonté des partis qu’ils représentent. " Une mascarade " a lancé dimanche le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï. Une mascarade à cause de laquelle Ici Beyrouth a décidé de suspendre son émission en direct pour accompagner ces séances.

Celle d’aujourd’hui sera une copie identique des précédentes, avec peut-être de légers changements s’il faut croire le député Achraf Rifi. Ce dernier a dit s’attendre, dans une déclaration à la chaîne locale,  LBCI, à " un changement léger et stratégique qui va permettre au candidat de l’opposition, Michel Moawad, d’avoir plus de 44 voix ". " Nous voulons dire au camp opposé qu’il ne pourra pas prolonger le mandat de Michel Aoun (dont l’élection à la tête de l’État en 2016 était le fruit d’un compromis) ou imposer un candidat identique à ce dernier. Il faut sortir de cet enfer ", a-t-il affirmé, en insistant : " Nous ne permettrons pas une perpétuation du mandat de l’enfer. Jusqu’à maintenant, Michel Moawad reste le candidat le plus fort ". Selon Achraf Rifi, il peut rassembler les 65 voix nécessaires pour son élection au second tour.

C’est justement là où le bât blesse. Le camp du 8 Mars, pour qui le blocage est devenu synonyme d’exercice de la démocratie, au mépris des règles constitutionnelles, empêche une accession au second tour, requis pourtant par la Loi fondamentale une fois qu’un candidat déterminé n’a pas pu obtenir la majorité des deux tiers au premier tour. Et cela par le biais d’un défaut de quorum, dénoncé dimanche par le patriarche Raï et par le métropolite Elias Audi. Ce camp, qui refuse toujours de nommer son ou ses candidat(s) potentiel(s) à la présidentielle, de peur d’un processus démocratique qui compromettrait ses plans hégémoniques, prouve encore une fois que la Constitution et la démocratie, sont pour lui, de simples points de vue, des outils au service de ses intérêts. Quant aux députés issus de la Contestation, ils continuent de se maintenir dans une zone grise, en votant tantôt pour des slogans, tantôt pour des candidats qui ne peuvent pas obtenir plus d’une douzaine de voix. Un comportement qui ne fait que conforter le camp du 8 Mars dans son insistance pour un compromis autour de la présidentielle. Inutile de préciser que la notion de compromis n’existe pas dans la Constitution.

Pour toutes ces raisons, le Parlement ne réussira pas aujourd’hui, sauf miracle, à élire un nouveau président alors que le compte à rebours pour la fin du mandat Aoun a commencé.