Un autre " jour de gloire ", s’il en fallait, à ajouter à l’actif de l’axe iranien dans la région, avec la visite d’une délégation du mouvement palestinien Hamas à Damas, après une rupture de dix ans sur fond d’accusations lancées par Hamas selon lesquelles le régime de Bachar al-Assad tue, déplace et arrête des musulmans sunnites en Syrie avec la bénédiction et le soutien de l’Iran. Cependant, le Hamas n’a pas trouvé à redire concernant la liberté et les droits humains et politiques bafoués du peuple syrien.

Certes, le comportement de Bachar al-Assad, protégé par l’Iran, le Hezbollah et la Russie, n’a pas changé d’un iota puisqu’il poursuit sans sourciller ses exactions contre le peuple syrien, notamment contre ces mêmes musulmans sunnites, avec la bénédiction de ses protecteurs. Cependant, le changement s’est opéré au niveau de la faction palestinienne qui gravitait dans l’orbite de l’Iran. Et voilà que l’enfant prodigue rentre au bercail. En réalité, le mouvement souhaiterait renouer avec le régime de Damas, à en croire l’annonce de sa direction en septembre. Cette décision serait motivée, dit-on, par " l’accélération des développements régionaux et internationaux qui entourent la cause et la nation ".

D’ailleurs, les développements régionaux en question, qui ne se sont pas limités à la relation entre le régime de Damas et le Hamas, toucheraient désormais la démarcation des frontières maritimes liée au champ " Gaza Marine " entre Israël et la bande de Gaza. Dans cette perspective, une réunion de réconciliation entre l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le mouvement Hamas a eu lieu récemment en Algérie.

Dans ce cadre, la démarcation des frontières maritimes entre le Liban et Israël (cette fois-ci, et non la "Palestine occupée"), reflète la schizophrénie de ceux qui s’abritent derrière la "résistance" pour conserver leurs armes illégales, alors que les tractations s’intensifient parallèlement pour former un gouvernement afin de gérer le vide présidentiel attendu après le 31 octobre. De même que sur le front irakien, la nomination d’un Premier ministre en Irak et d’un président de la République illustrent l’accord implicite entre les parties américaine et iranienne concernant ce dossier.

À cela s’ajoutent certaines facilités accordées à l’Iran en termes d’augmentation de sa production pétrolière malgré les sanctions qui lui sont imposées.

Par conséquent, une lecture rationnelle de ces développements montre les étapes du règlement entre les États-Unis et l’Iran, devenu de plus en plus évident.  Ce règlement est à l’origine de cette entente qui se traduit par des solutions à profusion, et il n’est certainement pas lié aux efforts déployés par les partis de "l’axe de la résistance" pour renforcer "le soutien au programme de la résistance palestinienne et à ses options ". Ces partis mettent en œuvre le programme qui sert les intérêts du chef de fil de cet axe, l’Iran en l’occurrence. Partant, ce n’est pas "l’esprit de résistance renouvelé qui prévaut", mais plutôt l’esprit de consensus avec "l’occupation et les projets sionistes" sur fond de partenariat, appuyé par les Américains, autour de la richesse gazière de la région pour répondre aux besoins des Européens en la matière, frappés de plein fouet par les retombées de la guerre de la Russie en Ukraine. Ainsi, le cours des évènements vise à consolider la stabilité pour permettre l’exploration et l’extraction de gaz dans le bassin oriental de la Méditerranée.

À ce titre, l’indicateur le plus significatif de ce règlement est peut-être la déclaration du Hamas selon laquelle "sa décision de reprendre les relations avec la chère Syrie a été prise à l’unanimité de ses dirigeants ", et qu’il "a informé les pays avec lesquels il entretient des relations de sa décision, sans avoir reçu la moindre objection à cet égard, y compris de la Turquie et du Qatar." Cependant, le mouvement a ajouté qu’il "a pris la décision de retourner en Syrie de son propre chef, sans avoir consulté quiconque à ce sujet, et qu’il ne se serait pas rétracté si l’une des parties avait refusé sa démarche."

En outre, force est de souligner ce qui a été décrit comme "l’activité extraordinaire" de l’ambassadrice américaine en Irak, Elena Romanowski, depuis que Mohammad Shia al-Sudani a été chargé de former le nouveau gouvernement irakien. L’ambassadrice a exprimé son souci de "voir les efforts des forces politiques aboutir… Sans compter la nécessité de former un gouvernement qui contribue à rétablir la sécurité et la stabilité politique dans le pays, parce que l’échec, cette fois-ci, aura de graves répercussions sur l’Irak ".

À l’évidence, avant que ce règlement n’arrive à maturité, ni les États-Unis ni l’Iran ne se souciaient de la sécurité incontrôlée et du chaos qui régnaient en Irak après les élections législatives. D’ailleurs, l’Iran ne s’est pas beaucoup encombré des résultats du scrutin et a tout fait pour les saboter.

C’est d’ailleurs le même scénario qui se reproduit au Liban, laissant augurer des crises et des solutions à venir qui torpilleront les résultats des dernières élections législatives, où des blocs opposés au Hezbollah et à ses alliés ont émergé.  À l’allure où vont les choses, l’axe obstructionniste va imposer son désiderata, non seulement au niveau de l’élection présidentielle, mais pour répondre également aux attentes de l’occupation iranienne s’agissant du Liban et de la région. Le tout béni par le règlement qui se concrétise étape par étape entre les États-Unis et l’Iran, menant peut-être à la conclusion de l’accord nucléaire.