L’ordre du jour d’une seconde réunion du gouvernement d’expédition des affaires courantes a été distribué mercredi aux ministres par le secrétariat général de la présidence du Conseil. Celui-ci n’a pas fixé cependant de date au prochain Conseil des ministres qui reste au cœur d’un bras-de-fer entre le Courant patriotique libre (CPL) et le Premier ministre sortant, Najib Mikati, soutenu par le président de la Chambre, Nabih Berry, et accessoirement par le Hezbollah.

La formation pro-iranienne qui avait été favorable à la première réunion du gouvernement, voire qui l’a encouragée, au grand dam de son allié chrétien, le CPL, se sert aujourd’hui de ce dossier comme moyen de pression dans le cadre de son conflit avec son chef, Gebran Bassil, autour de la présidentielle.

Dans cette affaire, c’est cependant le CPL qui se retrouve piégé, le Hezbollah ayant une longueur d’avance sur lui au niveau des deux dossiers. La formation iranienne, qui tient néanmoins à préserver son alliance avec le parti fondé par l’ex-président Michel Aoun, manœuvre tactiquement, de manière à concéder le minimum à Gebran Bassil, sans faire de concessions sur les points qui sont au cœur de sa propre stratégie. Il s’agit dans ce contexte du dossier de la présidentielle. En dépit de toutes les gesticulations de Gebran Bassil, la formation de Hassan Nasrallah reste, jusqu’à nouvel ordre, attachée à la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié à la tête de l’État. Ces manœuvres ont pour principal effet de dérouter le CPL qui s’efforce d’avoir les moyens de sa politique, sachant que celle-ci est intrinsèquement liée au Hezbollah, sans lequel le parti présidé par Gebran Bassil se verra totalement isolé sur la scène politique locale.

Quoi qu’il en soit, Najib Mikati, qui, au nom de l’expédition des affaires courantes a fait savoir depuis décembre qu’il compte convoquer son équipe à chaque fois que cela est nécessaire pour le pays, veut que le Conseil des ministres se réunisse pour approuver dans les règles le décret autorisant EDL à acheter du carburant afin de relancer de nouveau les turbines des deux centrales de Zahrani et Deir Ammar, à l’arrêt depuis mercredi dernier.

La réunion devrait se tenir dans les jours à venir, l’ordre du jour d’un Conseil des ministres étant toujours distribué 48 heures à l’avance aux membres du gouvernement. Si la présidence du Conseil s’est abstenue d’en annoncer la date, c’est probablement pour donner la chance d’aboutir aux tractations menées pour un assainissement des relations entre le CPL et le Hezbollah. Celui-ci a retrouvé le parti orange à mi-chemin lorsqu’il a fait savoir qu’il ne soutiendra pas la convocation d’un Conseil des ministres, pour répondre aux vœux de celui-ci. En échange, le CPL devra le retrouver à mi-chemin au niveau du dossier de la présidentielle.

Dans une interview accordée au quotidien An-Nahar, M. Mikati a annoncé que le Conseil des ministres aura lieu " probablement en début de semaine prochaine ". Il a expliqué que même si l’ordre du jour a été élaboré, la date de la réunion a été différée " à cause de considérations sociales intervenues au cours des dernières heures ", sans préciser lesquelles.

M. Mikati a en outre assuré que la réunion se tiendra quel que soit le nombre de ministres qui y assisteront. " Que tous les ministres assument leurs responsabilités ", a-t-il ajouté, en insistant sur le fait qu’il n’est pas possible d’ouvrir une ligne de crédit pour le compte d’EDL, sans décret approuvé en Conseil des ministres.

L’ordre du jour du Conseil des ministres comprend huit points se rapportant principalement à l’approbation d’une avance du Trésor pour l’achat de fuel pour le compte d’EDL, le renouvellement de l’accord avec l’Irak pour l’importation de carburant, la promotion d’un groupe d’officiers de l’armée et des FSI, l’amendement de la valeur du mètre carré des bienfonds maritimes, la prorogation des contrats de gestion des décharges de Naamé et Costa Brava ainsi que l’octroi de frais de transport et d’aides sociales à une catégorie d’enseignants et de fonctionnaires.