Avec une participation de 30%, QatarEnergy aura officiellement rejoint, dimanche, le consortium formé du français TotalÉnergies (35%) et de l’Italien Eni (35%), pour l’exploration des blocs 4 et 9 au large des côtes libanaises.

Entérinés le 29 janvier, au Grand Sérail, les accords ont permis aux nouveaux partenaires de se dire "résolus à réaliser, dès que possible, le forage d’un puits d’exploration sur le bloc 9". Après avoir clôturé en 2020 le chapitre du bloc 4, moyennant une perte de 40 millions de dollars, précédemment répartis entre TotalÉnergies, Eni et le russe Novatek (prédécesseur de QatarEnergy), les actionnaires et les Libanais parient maintenant sur le bloc 9.

Aujourd’hui, les équipes en charge des opérations de forage sont mobilisées. Le directeur des opérations et des dizaines de personnes sont impliquées dans la préparation du puits. L’appel d’offres pour sécuriser l’appareil de forage a été lancé et devrait conduire à une sélection au premier trimestre 2023. Des pré-commandes ont également été passées auprès de fournisseurs pour les équipements nécessaires au forage du puits. En parallèle, des moyens offshore sont mobilisés pour contribuer aux études environnementales qui seront finalisées d’ici fin juin 2023. Somme toute, les premiers résultats sont prévus pour la fin de l’année. "“En temps normal, cette procédure se fait de manière séquentielle, de l’organisation de la base logistique en passant par l’appel d’offre pour recevoir les plateformes de forage, jusqu’à arriver à la mise en place du plan de forage. Ici, les étapes sont menées de manière simultanée”, selon une source interrogée par Ici Beyrouth. Dans ce contexte, le président-directeur général de TotalEnergies a indiqué, dans le cadre d’une conférence de presse dimanche, que le géant français saura “si les quantités de gaz découvertes sont ou non exploitables, d’ici fin 2023”.

Le consortium: de ses débuts à nos jours…nou

En 2018, le gouvernement libanais avait signé deux accords d’exploration et de production couvrant les blocs 4 et 9 (au potentiel géologique intéressant, selon les partenaires) au large du Liban, avec le consortium international (TotalÉnergies, Eni et Novatek) mené par Total. Ces accords prévoient le forage d’un puits par bloc.

Conscients à l’époque de la dispute frontalière entre le Liban et Israël sur le sud du bloc 9, qui ne concerne en fait qu’une zone très limitée (moins de 8% de la surface du bloc), les partenaires n’ont pas voulu y entreprendre des travaux avant d’avoir les garanties de sécurité nécessaires.

Février 2020: le coup d’envoi des premières explorations d’hydrocarbures est donné par un pays qui sombre dans une crise économique et politique depuis 2019. Après deux ans de travaux de recherche dans le bloc 4, situé au centre de la Zone économique exclusive (ZEE), le navire Tungsten Explorer, qui appartient à la société américaine Vantage Drilling, n’a pas pu faire état de résultats tangibles. En 2022, des traces de gaz avaient pourtant été découvertes dans ce bloc maritime. Néanmoins, les quantités trouvées n’étaient pas suffisantes pour une exploitation commerciale. Cette année-là aussi, Novatek se retirait du consortium. Sur les raisons du départ du géant russe, d’après certaines sources, le contexte international expliquerait qu’il est difficile pour novatek d’axer sa stratégie sur une ouverture à l’international. D’autres experts estiment que la rétraction s’est faite sous pression politique, afin de permettre à QatarEnergy d’intégrer le consortium, faute de quoi l’accord sur la délimitation des frontières maritimes entre le Liban et Israël, signé en octobre 2022, n’aurait pu voir le jour.

L’accord-cadre avec Israël

Au lendemain de la signature de l’accord sur la délimitation de la frontière maritime entre le Liban et l’État hébreu le 27 octobre 2022, TotalÉnergies et son partenaire ENI signent, avec Israël un accord-cadre. Pour certains experts, cet accord donne un avantage certain à Tel-Aviv, dans la mesure où il peut mettre son veto à toute initiative que prendrait le Liban pour l’exploitation de ses gisements dans le champ de Cana. Cet accord permet aux actionnaires d’œuvrer à l’exploration d’hydrocarbures dans le champ de Cana, dont une partie se situerait dans les eaux territoriales israéliennes, en contrepartie du versement à l’État hébreu d’une compensation. En d’autres termes, le consortium qui exploite Cana, devrait rémunérer Israël pour ses droits sur d’éventuels gisements, si des ressources venaient à être trouvées dans les eaux israéliennes.

Pour satisfaire tant la demande libanaise qu’internationale en matière d’hydrocarbures, ce n’est pas l’exploration qui constitue la procédure la plus longue. Si jamais des quantités consistantes et commercialisables de gaz sont découvertes dans le bloc 9, l’exploitation pourrait durer entre 3 et 5 ans.