L’ancien Premier ministre Fouad Siniora a souligné lors d’une interview sur la chaine saoudienne d’information Al-Ikhbariya, dans le cadre du programme " Ici Riyad ", que le Hezbollah aurait dû devenir un parti non armé comme le reste des partis politiques libanais, surtout après avoir " braqué son fusil sur la poitrine des Libanais, ainsi que sur les frères arabes en Syrie, en Irak, au Yémen et dans d’autres pays ", notant que " tout cela a causé la destruction d’équilibres délicats au Liban, et saboté ses relations avec les pays arabes ".
" Cela n’est pas dans l’intérêt du Liban, ni au présent ni à l’avenir ", a souligné Fouad Siniora, ajoutant que " plusieurs dialogues ont eu lieu avec le Hezbollah à différents moments et n’ont malheureusement abouti à rien, puisque tout ce qui a été convenu lors de ces sessions a été violé, depuis 2006 jusqu’à maintenant ".

Le Hezbollah a contribué à l’effondrement

Et M. Siniora d’ajouter : " Les problèmes causés par le Hezbollah sont fondamentaux pour les Libanais car ils ont contribué dans une large mesure à l’effondrement du Liban et au sabotage des relations avec ses frères arabes, ainsi qu’avec la communauté Internationale. Il y a eu un grave sabotage des équilibres internes au Liban, mais aussi des violations majeures de la Constitution et du principe de respect du rôle et de l’autorité de l’Etat. "

" Ces questions doivent être traitées, mais pas sur le plan purement rhétorique, a poursuivi M. Siniora. Il faut faire preuve de franchise et de courage pour dire la vérité au Hezbollah, afin de parvenir à une solution qui rende justice au Liban, à ses relations avec les frères arabes, et rétablisse la stabilité et la prospérité du pays. " L’ancien chef du gouvernement a souligné dans ca cadre que " l’Etat libanais est pris en otage par le Hezbollah et l’Iran ".

Aoun a détruit le Liban

L’ancien Premier ministre a souligné que " la première erreur commise a été de soutenir l’accession du général Michel Aoun à la présidence ". " Comme on le sait, Aoun a perturbé tout le Liban, empêchant l’élection d’un nouveau président après la fin du mandat de Michel Sleiman. Deux ans et demi sont passés jusqu’à ce que certaines forces politiques se voient contraintes d’élire le général Aoun à la présidence de la République ", a déclaré M. Siniora.

Et l’ancien chef du gouvernement d’ajouter : " Certains ont pensé que lorsque Aoun deviendrait président, sa performance serait différente, qu’il serait amené à agir en tant que président de la République et protecteur de la Constitution, ce qui ne s’est pas produit. En effet, 5 ans et 2 mois se sont écoulés depuis le début de son mandat, et rien de ce que les Libanais attendaient ne s’est passé. Il lui reste dix mois de mandat, et je ne pense pas qu’il puisse ou veuille changer quoi que ce soit. C’est ce qui ressort de son discours d’hier, adressé aux Libanais. Il n’a pas l’intention de changer de voie ou de performance. Ni d’engager les vraies réformes dont le Liban a besoin. "

" Au contraire, a indiqué M. Siniora, le président Aoun a continué d’accuser et de blâmer les autres sans avoir le courage de faire face aux problèmes. Aussi, je ne pense pas que le président Aoun soit sur le point de démissionner; il restera jusqu’au bout de son mandat. Cela signifie des difficultés, des problèmes et des souffrances supplémentaires pour les Libanais. "

La démission de Mikati ne sert pas le but recherché

Sur la question de savoir si la crise serait résolue par la démission du Premier ministre Najib Mikati, M. Siniora a indiqué : " Les choses doivent être envisagées sous un angle objectif. Si le président Mikati présente sa démission maintenant, cela signifie que le président de la République gouvernera seul, en présence d’un gouvernement intérimaire. Par conséquent, la performance globale sera à l’opposé de ce que nous voulons et de ce que veulent les Libanais. La démission de Mikati est possible à tout moment et peut devenir une nécessité à l’avenir. Mais il me semble aujourd’hui que cette démission ne sert pas le but recherché.  "

" Ce que nous craignons, c’est que le président de la République soit seul à gouverner, d’autant qu’il a inventé une nouvelle méthode anticonstitutionnelle: l’utilisation du Conseil supérieur de Défense comme instrument pour mener des actions et prendre des décisions qui ne sont pas prévues dans la Constitution. Les pouvoirs appartiennent au Conseil des ministres, non au Conseil suprême de Défense qui peut soumettre des propositions au Conseil des ministres, mais il n’est pas décisionnaire sur ces questions. "

Pour un Liban neutre

Sur le fait que le président Aoun et M. Mikati ne désignent pas le Hezbollah comme responsable des tensions dans les relations avec les États du Golfe, M. Siniora a déclaré : " Le président dans son dernier discours a commis plusieurs erreurs. Parmi ces erreurs, il a réitéré une fois de plus la soi-disant trilogie armée-peuple-résistance. Il continue ainsi de nier la nécessité pour le Liban de prendre ses distances par rapport aux conflits régionaux. Il refuse d’appeler un chat un chat et de faire pression sur le Hezbollah pour qu’il se retire de Syrie, d’Irak et du Yémen, et s’abstienne de toute ingérence dans les affaires arabes. "