Le Liban se trouve encore une fois sur la sellette. La diatribe reprend de plus belle entre le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Cheikh Naïm Kassem, et le leader des Forces libanaises, Samir Geagea. L’issue de la partie est toujours tributaire des résultats effectifs de la visite du candidat à la présidence de la République, Sleiman Frangié, à Paris.

Compte tenu du cours des événements, rien n’est encore joué. Que la visite fasse pencher la balance pour ou contre Frangié, il n’en reste pas moins que Samir Geagea persiste et signe affirmant que "tout candidat, quel que soit son nom ou son identité, du seul fait qu’il est le candidat de l’axe obstructionniste, sera considéré comme le candidat de la vacance même". Et M. Geagea d’ajouter qu’il empêchera ledit candidat de poser ses valises à Baabda.

La réponse de Naïm Kassem ne s’est pas fait attendre. Clair comme bonjour, son message s’adresse également aux émissaires français et russes sur le candidat du Hezbollah au cas où Sleiman Frangié ne rassemble pas le consensus escompté. Il affirme donc : "Le Hezb a trois candidats portant le même nom : Sleiman Frangié".

Quoi qu’il en soit, l’affaire dépasse largement le cadre de la présidentielle avec une classe politique qui a perdu tous ses repères suite à l’entente saoudo-iranienne.

Réformistes et souverainistes sont déboussolés à parts égales, mais le plus grand dam a sans doute touché celui qui s’est opposé à cette entente.

Les approches contradictoires concernant les rencontres de Sleiman Frangié sont monnaie courante, surtout après qu’on ait laissé entendre qu’il a été "convoqué" pour présenter des garanties qui satisferont les forces extérieures qui refusent sa candidature à ce jour.

Dans l’attente d’une clarification de la situation, le leader des FL et le Hezb continueront leur surenchère et le dossier de la présidentielle restera tributaire des rapports de force et des contradictions qui n’en finissent pas de paralyser l’élection au sein du Parlement dans l’attente d’un accord extérieur. Nous sommes toujours dans l’inconnu. La question se pose de savoir pourquoi le secrétaire général adjoint du Hezb s’accroche à la candidature de M. Frangié si son élection n’est pas éventuellement possible.

Au point où sont les choses, il est évident que le Hezb ne peut plus faire marche arrière car cela l’affaiblirait auprès de ses partisans qui lui obéissent au doigt et à l’œil. Sur ce, le Hezb continuera de tenter d’empêcher l’effondrement du Liban, avec les conditions que cela sous-entend à l’aune des reformes requises. Parallèlement, le Hezb souhaite se sauver également de l’effondrement ou tout au moins gagner du temps avant de rétropédaler si la conjoncture régionale requiert une telle démarche.

Quant à Samir Geagea, il ne lui reste plus qu’à scander à tue-tête son refus catégorique du diktat du Hezbollah et des armes illégales. À la lumière de l’entente saoudo-iranienne, des efforts soutenus du président Emmanuel Macron de convaincre les Saoudiens de la candidature de M. Frangié et de ses garanties ainsi que de celles de la Russie et de la Chine, si besoin, M. Geagea sait pertinemment que la décision finale viendra de l’extérieur.

De son côté, il tente également de gagner du temps. Il observe l’Élysée et attend de voir si Paris va convoquer d’autres candidats susceptibles de concilier entre les exigences saoudiennes et iraniennes. Quoi qu’il en soit, il sortira toujours vainqueur face à son adversaire politique Gebran Bassil, puisque son seul et unique but a toujours été de défendre les chrétiens.

La bataille bat son plein et nul n’est en mesure d’en prévoir le dénouement. Paris fait le décompte des points ou attend le Knock out radical. En tout cas, rien n’est encore joué …