Le leader des Forces libanaises Samir Geagea a déclaré que son parti votera en faveur du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, au cas où sa candidature à la présidence était proposée.

Le chef des Forces libanaises Samir Geagea a affirmé dimanche que la position de la France au sujet de la présidentielle libanaise est due à "des considérations économiques liées à l’extraction du gaz, aux services publics et aux ports de Beyrouth et de Tripoli". C’est la raison pour laquelle "la France appuie le candidat du Hezbollah", en l’occurrence, le chef des Marada Sleiman Frangié, a ajouté M. Geagea, au cours d’une interview accordée à la chaîne locale al-Jadeed.

Estimant que l’élection d’un président ne se fera pas de sitôt, il a noté que la thèse selon laquelle l’élection de M. Frangié serait accompagnée de "garanties" est de "la supercherie, car les expériences passées, de l’accord de Taëf jusqu’à la conférence de Doha, ont montré que le Hezbollah ne respecte pas ses engagements". "Élire un président de l’axe de la moumanaa prolongera la crise de six ans", a-t-il martelé.

Affirmant que son parti n’a pas opposé son veto à la candidature de Jihad Azour, ancien ministre et directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international, et que son nom figure sur "la liste des présidentiables", M. Geagea a fait remarquer que le nouveau président doit avoir "la capacité de prendre position et d’adopter une attitude ferme".

"Il faut un président qui puisse édifier une République véritable, a-t-il poursuivi. Nous voulons un président qui puisse préserver les institutions de l’État. Nous avons un exemple vivant dans ce cadre, celui du directeur des adjudications, Jean Ellieh, qui a été nommé par les aounistes, mais dès qu’il a pris en charge ses fonctions, il s’est comporté en un homme d’État. Il a refusé les magouilles illégales. C’est ce que nous réclamons. Ni plus, ni moins. Nous voulons simplement un président qui édifie une véritable République."

Joseph Aoun, un homme d’État

Le chef des FL a en outre souligné que son parti votera en faveur du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, si sa candidature à la présidence de la République était avancée. "Je ne connais pas les options politiques du général Aoun, mais ce qui est sûr c’est qu’il a prouvé au cours des dernières années qu’il s’est comporté en homme d’État qui a su préserver une institution aussi importante que l’armée, a-t-il constaté. C’est ce que nous voulons, un président qui préserve les institutions de l’État."

Toujours concernant le dossier de la présidentielle, Samir Geagea a noté que "les concertations se poursuivent entre les différents pôles de l’opposition, loin des feux de la rampe" et que "les canaux de communication sont ouverts entre les FL et toutes les parties sauf le Hezbollah". "Nous sommes entrés en contact avec le Courant patriotique libre, mais nous n’avons pas abouti à un résultat, car le chef du CPL, Gebran Bassil, continue à faire prévaloir ses intérêts personnels", a-t-il dénoncé.

"Aux Libanais d’élire leur président"

Abordant la position de Riyad vis-à-vis de la présidentielle, il a assuré que "l’Arabie saoudite ne veut plus s’impliquer dans les dédales de la politique libanaise, mais que son point de vue sur la présidentielle libanaise est clair: c’est aux Libanais d’élire leur président". "Si le nouveau chef de l’État est sérieux et agit d’une façon qui va dans le bon sens, Riyad l’appuiera, a-t-il constaté, mais si le président s’avère être un instrument entre les mains de la moumanaa, elle n’apportera aucune aide."

Il a rappelé à cet égard qu’au cours des six dernières années, le pouvoir au Liban était aux mains des "factions de la moumanaa qui contrôlaient la présidence de la République, la majorité du gouvernement et la majorité au Parlement, et nous avons vu où cela a mené le pays".

Un accord-cadre

Interrogé sur l’accord conclu le 10 mars dernier entre l’Iran et l’Arabie saoudite à Pékin, le chef des FL a expliqué qu’il s’agit d’un "accord-cadre" consistant dans une première étape à "assurer la sécurité du Golfe, plus précisément le Yémen". Il a démenti que cet accord soit "en faveur de l’axe de la moumanaa". "Ce qui le prouve, c’est la fermeture des médias qui, sous l’égide du Hezbollah, étaient contre l’Arabie saoudite et Bahreïn, a-t-il avancé. Les experts du Hezbollah se sont retirés du Yémen". En signant cet accord, l’Arabie saoudite a mis fin à "l’isolement de l’Iran", a poursuivi M. Geagea.

Nommer un gouverneur de la BDL

Le leader chrétien s’est par ailleurs prononcé en faveur de la nomination d’un gouverneur à la tête de la Banque du Liban, à condition que celle-ci ne soit pas le fruit d’un "marché" entre le chef du CPL Gebran Bassil, et le tandem Amal-Hezbollah. À cet égard, il s’est dit nullement opposé à la candidature de l’ancien ministre Camille Abousleiman à ce poste, mais que son parti ne présentera pas sa candidature.

Interrogé sur le dossier des déplacés syriens, Samir Geagea a affirmé que celui-ci "ne supporte plus d’atermoiements", précisant que les FL vont préparer un plan "basé sur les municipalités et les élus locaux, pour trouver une solution à ce problème".

Il a en outre fustigé le système actuel et dénoncé tous les blocages à tous les niveaux du pouvoir, soulignant que cette situation ne peut plus se maintenir. "Nous devons nous asseoir tous ensemble pour discuter d’un nouveau système", a-t-il dit.

À la question enfin de savoir qui est "l’allié sunnite des FL", M. Geagea a fait état de concertations avec la plupart des députés sunnites, précisant que "les contacts avec le Courant du Futur n’ont jamais été interrompus".