Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, a comparu mercredi après-midi devant l’avocat général près la cour de cassation, Imad Kabalan, qui l’a interrogé au sujet du mandat d’arrêt français émis à son encontre par la juge d’instruction française, Aude Berusi, dans une affaire présumée de blanchiment d’argent.

Au terme de l’audience, le juge Kabalan a émis une interdiction de voyager visant le gouverneur qui est sorti du Palais de justice, sans faire de déclaration à la presse. Ses deux passeports, libanais et français, ont également été saisis, selon une source judiciaire à l’AFP.

Au cours de l’interrogatoire, M. Salamé, 72 ans, a " nié toutes les accusations le visant ", répétant avoir amassé sa fortune lorsqu’il travaillait dans la banque d’investissements américaine Merrill Lynch avant de prendre la tête de la BDL en 1993.

Il a en outre demandé à " être jugé au Liban ".

Selon cette même source, le juge Kabalan a, par ailleurs, envoyé un rapport comprenant un procès-verbal de l’audience à la justice française. Il a demandé à la juge d’instruction de lui fournir le dossier, pour déterminer la procédure à suivre au niveau local. Le Liban, rappelle-t-on, n’extrade pas ses ressortissants.

Si le magistrat conclut que les accusations de blanchiment d’argent et d’enrichissement illicite sont fondées, M. Salamé sera jugé au Liban, a indiqué la source judiciaire.

La journée de mercredi a été marquée par deux autres faits y relatifs. Au Palais de justice, le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, a reçu le consul allemand qui lui a remis une copie d’un mandat d’arrêt émis à l’encontre de M. Salamé. En France, les avocats du gouverneur ont présenté un recours devant le tribunal pour obtenir le retrait du mandat d’arrêt international, émis le 16 mai par la juge Buresi. Une décision à laquelle a été associée une notice rouge d’Interpol.

La juge française avait délivré ce mandat parce que le gouverneur de la BDL n’avait pas comparu devant elle le 16 mai. Les avocats de M. Salamé relèvent à ce propos que la notification de leur client n’était pas conforme aux lois en vigueur et notamment aux dispositions de la convention franco-libanaise d’entraide judiciaire.

À quelques semaines de la fin de son mandat qui expire le 31 juillet, les pressions s’accentuent sur le gouverneur de la Banque du Liban, contre qui une véritable cabale politique a été lancée, dans le principal but de lui faire assumer l’entière responsabilité de la crise financière dans le pays.