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Le Liban attend toujours l’arrivée à Beyrouth de l’ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, rappelé par le ministère des Affaires étrangères, suite aux plaintes pour viol et violences verbales et physiques déposées contre lui à Paris, par deux anciennes employées de la chancellerie libanaise.

Beyrouth attend également le transfert de son dossier judiciaire établi à Paris, par le biais de l’ambassade de France au Liban. "En émettant une telle requête, le Liban aura implicitement refusé de lever l’immunité du diplomate pour des considérations politiques", explique-t-on de source judiciaire.

À partir de ce constat, les scénarios sont multiples. Les procédures administratives sont telles que l’ambassade devrait normalement envoyer le dossier au ministère libanais des Affaires étrangères, qui le transmettra ou non au ministère de la Justice.

Si le Palais Bustros le fait pas, c’est qu’il aura décidé de mener sa propre enquête administrative. Une enquête "vaine", comme la décrit la source précitée.

Si dans le cas contraire, il soumet le dossier au ministère de la Justice, le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, devra étudier l’affaire et rédiger ses conclusions. À la lumière de son rapport, le Liban décidera d’engager ou non des poursuites contre M. Adwan à Beyrouth. De même source, on fait part d’un certain scepticisme. "On peut s’attendre à ce que l’affaire soit classée", note-t-on.

Il faut dire que la qualification pénale des faits qui lui sont reprochés doit également être déterminée. Selon certains juristes, on ne peut pas encore parler de "crime", puisqu’il ne peut pas s’agir de viol dans le cadre d’une relation préétablie, et donc d’un consentement entre les deux parties. On rappelle dans ce cadre que les deux plaignantes (les anciennes employées) ont admis avoir entretenu des relations amoureuses avec l’ambassadeur.

En juin 2022, alors qu’elle était en relation intime avec son supérieur, la première femme, âgée de 31 ans, dépose une plainte devant la police française. Elle déclare avoir été victime de viol et de "violences psychologiques et physiques avec humiliations quotidiennes".

En février 2023, la seconde femme, âgée de 28 ans et ayant également noué d’étroits rapports avec le diplomate, dénonce "des agressions physiques". Accusations contestées par M. Adwan, comme l’avait rapporté son avocat, Karim Beylouni, à l’AFP.

Pour rappel, une commission, nommée par le ministère libanais des Affaires étrangères pour suivre cette affaire de l’ambassadeur, s’était rendue mardi à Paris. Formée du secrétaire général du ministère, Hani Chmaytelli, et du directeur du département des investigations, Hadi Hachem, la commission devait recueillir les témoignages des fonctionnaires de l’ambassade et rencontrer les autorités françaises concernées afin de constituer un dossier.