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Le Liban se rend à la conférence de Bruxelles sur les réfugiés syriens avec une demande claire pour une assistance internationale afin d’aider à rapatrier plus de 2 millions de Syriens ayant fui la guerre dans leur pays, il y a plus d’une décennie.

Abdallah Bou Habib, ministre sortant des Affaires étrangères, représentera le Liban à cette septième conférence placée sous le thème: "Soutenir l’avenir de la Syrie et de la région". Parrainée par l’Union européenne, elle se tiendra le jeudi 15 juin à Bruxelles.

Le ministre sortant des Affaires sociales Hector Hajjar qui a été écarté de la réunion pour la seconde année consécutive – bien que son ministère soit directement concerné par la problématique des déplacés syriens au Liban – a fait valoir que "la manière avec laquelle il traite de la question avec la communauté internationale et sa franchise agacent à la fois les officiels étrangers et locaux".

"Je suis une personne qui présente les choses telles qu’elles sont, mais la communauté internationale n’aime pas entendre des opinions qui contredisent les siennes, a-t-il confié à This is Beirut. Celle-ci aime seulement entendre que nous sommes reconnaissants pour le soutien qu’elle apporte aux déplacés. Ce qui est injuste car, en tant que communauté d’accueil, nous portons un énorme fardeau et subissons de lourdes pertes."

M. Hajjar, qui n’a pas mâché ses mots, a implicitement accusé la communauté internationale de traîner les pieds concernant le rapatriement des Syriens, "alors que le Liban tout entier dit non à leur présence prolongée".

Selon lui, le Liban accueille entre 2 et 2,2 millions de Syriens, soit plus de 30% de la population du pays. "Ce qui représente un réel danger pour l’existence même du pays", a déploré le ministre. "Tous les Syriens qui se trouvent au Liban ne sont pas des réfugiés, a-t-il ajouté. Nombre d’entre eux sont venus pour des raisons économiques ou utilisent le Liban comme plateforme de départ pour rejoindre (illégalement) l’Europe."

Selon Hector Hajjar, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) argue constamment que la situation n’est pas sûre pour rapatrier les déplacés, et ce afin d’obtenir les fonds des donateurs. "S’il n’y a pas de déplacés à aider, il ne peut tout simplement pas obtenir de financement, a-t-il lancé. De plus, (en les gardant au Liban), les Européens veulent éviter que des millions de personnes frappent à leur porte."

M. Hajjar a mis l’accent sur l’importance d’adopter une position ferme et inflexible à Bruxelles pour insister sur la nécessité de rapatrier les déplacés syriens, en coopération avec la communauté internationale. Il a noté à cet égard que ceux qui ne peuvent pas rentrer dans leur pays pour des raisons de sécurité devraient être réinstallés dans un pays tiers. De plus, selon lui, le Liban devrait être indemnisé pour toutes les pertes qu’il a subies.

"En accueillant un très grand nombre de déplacés, nous avons offert plus que n’importe quel autre pays, plus grand et plus riche, ne pourrait accueillir, a encore martelé le ministre. Nous devrions dire à la communauté internationale qu’en accueillant les réfugiés pendant 12 ans, nous avons beaucoup payé en leur nom." Et de mettre en garde contre les projets visant à intégrer les déplacés syriens dans la société libanaise.

En début de semaine, le gouvernement avait réitéré sa position en faveur d’un retour "sûr" et "dans la dignité" des déplacés syriens, conformément aux résolutions internationales. Il avait également décidé de coordonner le rapatriement directement avec la partie syrienne par l’intermédiaire d’une délégation ministérielle qui sera bientôt dépêchée à Damas.

La conférence de Bruxelles devrait aborder la question de l’aide allouée au Liban, à la Turquie et à la Jordanie, qui ont accueilli des millions de réfugiés fuyant le régime syrien de Bachar el-Assad.