La formation pro-iranienne parraine la création d’un forum de l’opposition anti-arabe à Beyrouth.
Le Hezbollah est passé à la vitesse supérieure dans sa politique hostile aux monarchies du Golfe, en parrainant mercredi le lancement à Beyrouth d’un forum d’opposants arabes à ces régimes, quand bien même les autorités libanaises avaient fustigé la politique anti-arabe de la formation pro-iranienne et assuré à maintes reprises qu’elles ne permettraient pas que le Liban devienne une plateforme pour des activités hostiles à l’égard des pays arabes.
Baptisé la « Rencontre de l’opposition dans la péninsule arabique », ce groupe se présente comme « révolutionnaire islamique ». Il dit être à l’œuvre sur le terrain depuis plusieurs années, mais qu’il a jugé « opportun » à ce stade de « révéler son identité politique », selon un membre de la Rencontre, Abbas al-Sadek. Une « opportunité » parfaitement déplacée cependant et qui ne peut être interprétée que sous l’angle de la détermination de la formation pro-iranienne de Hassan Nasrallah à poursuivre sa guerre ouverte contre les monarchies du Golfe, à un moment où Beyrouth s’efforce de normaliser ses relations avec celles-ci.
Il convient de rappeler qu'il y a un mois, à la mi-décembre, le Hezbollah s'était déjà livré à une provocation similaire en parrainant dans la banlieue sud une rencontre d'un groupe d'opposants bahreïnis au régime de Manama, "al-Wifaq" ce qui avait déclenché les foudres de ce dernier et des pays du Golfe. Le Premier ministre libanais Nagib Mikati avait immédiatement pris position contre cet acte, et le ministre libanais de l'Intérieur Bassam Maoulaoui avait réagi en expulsant quelques jours plus tard les membres du groupe d'opposition du territoire libanais.
Ce que le Hezbollah a ainsi montré une fois de plus à travers une initiative absolument inopportune pour un Liban en crise, c’est le mépris le plus total à l’égard des intérêts du pays et des orientations politiques de son gouvernement. Car pas plus tard que mardi, Bassam Maoulaoui avait annoncé dans le cadre d’une interview à la chaîne panarabe, al-Hadath, que les participants à ce meeting seraient appelés à ne pas s’en prendre à l’Arabie saoudite, rappelant que c’est le Premier ministre Mikati, qui est le porte-parole du gouvernement et qui en reflète la politique. Cet appel est toutefois tombé dans l’oreille d’un sourd, compte tenu du déchaînement des orateurs contre le royaume wahhabite.
L’Arabie saoudite n’a pas tardé à réagir par la voix de son ambassadeur au Liban, Waleed Boukhari. Sur sa page Twitter, M. Boukhari a stigmatisé le « sale mépris » affiché par le Hezbollah à l’égard de l’État libanais. « Faire fi des souffrances et des espoirs du peuple libanais équivaut à fermer les yeux sur une vérité qui saute aux yeux et à l’ignorer délibérément, à cause de cette souillure qu’est le mépris dont fait montre le Hezbollah terroriste à l’égard de la logique de l’État », a écrit le diplomate en soulignant que cette attitude cache « l’échec des options politiques » du Hezbollah.
Riyad n’a cependant annoncé aucune mesure de rétorsion contre le Liban et les autorités libanaises se sont abstenues de toute réaction. Sollicités par Ici Beyrouth, des ministres n’ont pas voulu faire de commentaires.
Présence houthie
Le groupe qui a lancé mercredi son forum pour le sixième anniversaire de l’exécution d’un opposant saoudien chiite, Nemer Baker el-Nemer, condamné à mort en 2016 par Riyad pour terrorisme et incitation à la discorde, compte parmi ses membres des représentants des rebelles houthis, dont un délégué, Ammar al-Hamze, a pris la parole à l’occasion. Le meeting était organisé dans la banlieue sud de Beyrouth.
Les participants ont appelé d’autres opposants à se rallier à eux. Un des membres du groupe, Hamza al-Hassan a précisé que celui-ci n’entend pas se limiter à une secte ou catégorie et a appelé à fédérer les efforts de l’opposition. « Prêter attention aux affaires arabes est une priorité, à commencer par la cause centrale, la cause de la umma, la Palestine », a poursuivi un autre, Abbas el-Sadek, qui a mis en avant « l’appartenance arabe et musulmane » de ce groupe ainsi que son « appui au peuple yéménite dans la résistance contre l’attaque saoudienne américaine depuis des années ».
Différents membres de la Rencontre de l’opposition anti-arabe ont attaqué l’Arabie sous l’angle de sa relation avec les États-Unis, et de la normalisation de ses relations avec Israël. Abbas al-Sadek a ainsi évoqué « la dérive du navire saoudien ». Il a dénoncé une situation « de crise et d’accroissement des violations des droits de l’Homme » dans les pays du Golfe, en plus d’une « dénaturation de l’identité religieuse de la péninsule arabique ». Il a stigmatisé la vision 2030, plan de réforme structurel, politique, social et culturel mis en place par le régime saoudien, mais qui servirait selon lui, à « rendre des services suspects à des compagnies étrangères, notamment américaines, plutôt que de rendre service au peuple ».
D’autres opposants au régime saoudien se sont exprimés en vidéoconférence. Un dignitaire, le cheikh Jassem al-Mohammad Ali, a estimé que « le régime saoudien a franchi les lignes rouges culturelles, politiques et morales » en se modernisant, tandis qu’un autre opposant, Fouad Ibrahim, a rejeté au contraire toute possibilité que le régime des Saoud ne se réforme par lui-même.
« Projet de création d’une nation »
Le message du Hezbollah, parrain de l’événement, à l’Arabie saoudite est clair : « Que le royaume cesse ses ingérences dans la région et au Liban », selon les termes du cheikh Hachem Safieddine, président du conseil exécutif du Hezbollah, qui a accusé Riyad de « monter les Libanais les uns contre les autres » et qui s’en est pris violemment aux détracteurs libanais de son parti. « Nous disons à l’Arabie et à ses sbires libanais que cette résistance qui a accompli ce que les Arabes n’ont pas réussi à accomplir a pour projet de créer une nation (…) quelles que soient les pressions extérieures ». « Et c’est ce qui définit la période à venir », a-t-il déclaré, expliquant en quelque sorte la finalité de la mise en place de cette Rencontre de l’opposition anti-arabe.
L’ancien député Najah Wakim a été jusqu’à dire que l’Arabie a soutenu les agressions israéliennes historiques contre les Arabes, y compris pendant la guerre de juillet 2006, lancée par Israël contre le Hezbollah. Il l’a appelé à « cesser son agression contre le Liban », pendant qu’un autre, représentant des ulémas proches du Hezbollah, estimait que c’est « grâce à cette formation que des gouvernements sont formés au Liban ».
Le Hezbollah est passé à la vitesse supérieure dans sa politique hostile aux monarchies du Golfe, en parrainant mercredi le lancement à Beyrouth d’un forum d’opposants arabes à ces régimes, quand bien même les autorités libanaises avaient fustigé la politique anti-arabe de la formation pro-iranienne et assuré à maintes reprises qu’elles ne permettraient pas que le Liban devienne une plateforme pour des activités hostiles à l’égard des pays arabes.
Baptisé la « Rencontre de l’opposition dans la péninsule arabique », ce groupe se présente comme « révolutionnaire islamique ». Il dit être à l’œuvre sur le terrain depuis plusieurs années, mais qu’il a jugé « opportun » à ce stade de « révéler son identité politique », selon un membre de la Rencontre, Abbas al-Sadek. Une « opportunité » parfaitement déplacée cependant et qui ne peut être interprétée que sous l’angle de la détermination de la formation pro-iranienne de Hassan Nasrallah à poursuivre sa guerre ouverte contre les monarchies du Golfe, à un moment où Beyrouth s’efforce de normaliser ses relations avec celles-ci.
Il convient de rappeler qu'il y a un mois, à la mi-décembre, le Hezbollah s'était déjà livré à une provocation similaire en parrainant dans la banlieue sud une rencontre d'un groupe d'opposants bahreïnis au régime de Manama, "al-Wifaq" ce qui avait déclenché les foudres de ce dernier et des pays du Golfe. Le Premier ministre libanais Nagib Mikati avait immédiatement pris position contre cet acte, et le ministre libanais de l'Intérieur Bassam Maoulaoui avait réagi en expulsant quelques jours plus tard les membres du groupe d'opposition du territoire libanais.
Ce que le Hezbollah a ainsi montré une fois de plus à travers une initiative absolument inopportune pour un Liban en crise, c’est le mépris le plus total à l’égard des intérêts du pays et des orientations politiques de son gouvernement. Car pas plus tard que mardi, Bassam Maoulaoui avait annoncé dans le cadre d’une interview à la chaîne panarabe, al-Hadath, que les participants à ce meeting seraient appelés à ne pas s’en prendre à l’Arabie saoudite, rappelant que c’est le Premier ministre Mikati, qui est le porte-parole du gouvernement et qui en reflète la politique. Cet appel est toutefois tombé dans l’oreille d’un sourd, compte tenu du déchaînement des orateurs contre le royaume wahhabite.
L’Arabie saoudite n’a pas tardé à réagir par la voix de son ambassadeur au Liban, Waleed Boukhari. Sur sa page Twitter, M. Boukhari a stigmatisé le « sale mépris » affiché par le Hezbollah à l’égard de l’État libanais. « Faire fi des souffrances et des espoirs du peuple libanais équivaut à fermer les yeux sur une vérité qui saute aux yeux et à l’ignorer délibérément, à cause de cette souillure qu’est le mépris dont fait montre le Hezbollah terroriste à l’égard de la logique de l’État », a écrit le diplomate en soulignant que cette attitude cache « l’échec des options politiques » du Hezbollah.
Riyad n’a cependant annoncé aucune mesure de rétorsion contre le Liban et les autorités libanaises se sont abstenues de toute réaction. Sollicités par Ici Beyrouth, des ministres n’ont pas voulu faire de commentaires.
Présence houthie
Le groupe qui a lancé mercredi son forum pour le sixième anniversaire de l’exécution d’un opposant saoudien chiite, Nemer Baker el-Nemer, condamné à mort en 2016 par Riyad pour terrorisme et incitation à la discorde, compte parmi ses membres des représentants des rebelles houthis, dont un délégué, Ammar al-Hamze, a pris la parole à l’occasion. Le meeting était organisé dans la banlieue sud de Beyrouth.
Les participants ont appelé d’autres opposants à se rallier à eux. Un des membres du groupe, Hamza al-Hassan a précisé que celui-ci n’entend pas se limiter à une secte ou catégorie et a appelé à fédérer les efforts de l’opposition. « Prêter attention aux affaires arabes est une priorité, à commencer par la cause centrale, la cause de la umma, la Palestine », a poursuivi un autre, Abbas el-Sadek, qui a mis en avant « l’appartenance arabe et musulmane » de ce groupe ainsi que son « appui au peuple yéménite dans la résistance contre l’attaque saoudienne américaine depuis des années ».
Différents membres de la Rencontre de l’opposition anti-arabe ont attaqué l’Arabie sous l’angle de sa relation avec les États-Unis, et de la normalisation de ses relations avec Israël. Abbas al-Sadek a ainsi évoqué « la dérive du navire saoudien ». Il a dénoncé une situation « de crise et d’accroissement des violations des droits de l’Homme » dans les pays du Golfe, en plus d’une « dénaturation de l’identité religieuse de la péninsule arabique ». Il a stigmatisé la vision 2030, plan de réforme structurel, politique, social et culturel mis en place par le régime saoudien, mais qui servirait selon lui, à « rendre des services suspects à des compagnies étrangères, notamment américaines, plutôt que de rendre service au peuple ».
D’autres opposants au régime saoudien se sont exprimés en vidéoconférence. Un dignitaire, le cheikh Jassem al-Mohammad Ali, a estimé que « le régime saoudien a franchi les lignes rouges culturelles, politiques et morales » en se modernisant, tandis qu’un autre opposant, Fouad Ibrahim, a rejeté au contraire toute possibilité que le régime des Saoud ne se réforme par lui-même.
« Projet de création d’une nation »
Le message du Hezbollah, parrain de l’événement, à l’Arabie saoudite est clair : « Que le royaume cesse ses ingérences dans la région et au Liban », selon les termes du cheikh Hachem Safieddine, président du conseil exécutif du Hezbollah, qui a accusé Riyad de « monter les Libanais les uns contre les autres » et qui s’en est pris violemment aux détracteurs libanais de son parti. « Nous disons à l’Arabie et à ses sbires libanais que cette résistance qui a accompli ce que les Arabes n’ont pas réussi à accomplir a pour projet de créer une nation (…) quelles que soient les pressions extérieures ». « Et c’est ce qui définit la période à venir », a-t-il déclaré, expliquant en quelque sorte la finalité de la mise en place de cette Rencontre de l’opposition anti-arabe.
L’ancien député Najah Wakim a été jusqu’à dire que l’Arabie a soutenu les agressions israéliennes historiques contre les Arabes, y compris pendant la guerre de juillet 2006, lancée par Israël contre le Hezbollah. Il l’a appelé à « cesser son agression contre le Liban », pendant qu’un autre, représentant des ulémas proches du Hezbollah, estimait que c’est « grâce à cette formation que des gouvernements sont formés au Liban ».
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