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Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a remercié ses partisans dimanche pour l’avoir reconduit à la tête du parti. "Les plus belles victoires sont celles que l’on remporte sans combattre", a-t-il lancé, après avoir "gagné" les élections de la présidence du CPL sans qu’une bataille électorale n’ait lieu.

Lors de la cérémonie de "passation du pouvoir" du Courant patriotique libre, le député aouniste s’est vanté du fait que les militants du CPL ont confiance en ses choix et l’encouragent à poursuivre son parcours politique. M. Bassil a néanmoins profité de cette occasion pour s’adresser aux frondeurs de son parti, leur signalant que même si leurs opinions divergent, ils doivent se conformer aux règles du Courant et à ses mécanismes, et ne pas les critiquer en public ou dans les médias. "Lorsqu’une décision est prise, tout le monde doit s’y conformer, et celui qui ne la respecte devra rendre des comptes et risquera d’être exclu du CPL". Et M. Bassil de poursuivre: "Le parti doit passer du stade de militants individuels à celui d’une institution militante, car la lutte ne se mesure pas à l’âge, mais à la continuité et la sincérité; car ce qui compte finalement, c’est la capacité de résistance du militant et non son ancienneté."

Par ailleurs, le gendre de l’ex-président de la République a insisté sur le fait que le CPL "doit passer du partenariat à la construction, et non pas à la répartition des parts du gâteau, principale raison de sa lutte contre toutes les tentations liées à la présidence de la République depuis un an". Une déclaration qui contredit néanmoins toutes les actions de M. Bassil pour qui l’ambition de succéder à tout prix à son beau-père n’était un secret pour personne, lesquelles avaient – et continuent de paralyser la vie politique et institutionnelle, avant même la fin du mandat de Michel Aoun.

Le député de Batroun a ensuite abordé le sujet des réformes, expliquant que le CPL réalise son activité la plus importante au sein de la République libanaise: celle de mettre fin à l’impunité pour aboutir à la responsabilité effective. "La responsabilité n’est pas une vengeance mais la propreté en politique, la construction et non pas la destruction", a indiqué Gebran Bassil qui ne se sent visiblement pas concerné par les années d’échec et de corruption du CPL au sein du ministère de l’Énergie et de la présidence.

"Nous nous accrochons au Grand Liban, le Liban des 10.452 kilomètres carrés, même si nous devons le reconstruire et redéfinir l’identité libanaise autour de notre appartenance, la “libanité”. Nous ne pouvons pas vivre dans un pays si nous ne confirmons pas notre identité et notre appartenance à une patrie qui nous unit, par-delà les confessions, par-delà de la “phénicianité”, de l’arabité, de “l’orientalité” et de la “méditerranéité”. Nous ne pouvons pas préserver notre patrie si tous nos peuples émigrent et sont remplacés par d’autres peuples, même s’ils sont voisins et frères. C’est pourquoi l’exode et l’asile sont devenus une menace existentielle que nous devons fermement combattre, quel qu’en soit le coût", a-t-il lancé en faisant allusion aux millions de déplacés présents sur le territoire libanais. M. Bassil a toutefois omis de mentionner que son ancien-nouveau-ancien allié, le Hezbollah, cherche aussi à changer l’identité du Liban en violant quotidiennement ses institutions et sa Constitution.

Abordant la question de l’échéance présidentielle, M. Bassil a précisé que cette élection "demeure une carte de sauvetage pour le pays", appelant à un dialogue national. "Ni le camp de la résistance ni celui de l’opposition ne peut imposer un président à l’autre, voilà la raison pour laquelle le dialogue est nécessaire", a-t-il déclaré, revêtant le rôle de médiateur. Et d’ajouter: "Le programme présidentiel est primordial, surtout si un candidat ne bénéficie pas de la légitimité représentative et a besoin de la compenser par un soutien parlementaire et populaire."

M. Bassil a également critiqué le système centralisé qui a transformé le Liban "en zones de pouvoir pour les dirigeants politiques, et renforcé les communautés au détriment du pays", soulignant que ce système est en réalité "un système de corruption, de mainmise et de partage du pouvoir". Il a en outre proposé de tester la décentralisation qui met en avant le développement et l’équité, notant toutefois qu’elle n’est qu’une partie de la solution, car la la solution complète nécessite un État central fort avec un système administratif et financier décentralisé.