Les représentants du groupe des cinq (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte et Qatar) ont tenu une réunion consacrée à la crise libanaise, mardi, à New York, en marge de l’assemblée générale de l’ONU, mais sans publier de communiqué, comme ils l’avaient fait, un an plus tôt, lorsque les ministres des Affaires étrangères de la France, des États-Unis et de l’Arabie saoudite, s’était retrouvés, à la même occasion, pour discuter de la crise politique dans un Liban sur lequel planait déjà la menace d’un vide à la tête de l’État. C’était le 21 septembre 2022, cinq semaines avant la fin du mandat présidentiel de Michel Aoun et le début de la vacance présidentielle.

Un an plus tard, très peu de choses ont changé. Même au sein du groupe des cinq qui semblent toujours diverger sur la façon de procéder dans la perspective d’un déblocage de la présidentielle libanaise. Cette divergence, relayée par plusieurs médias locaux, mardi, s’est manifestée à travers l’absence de communiqué au terme de la réunion à laquelle ont pris part la sous-secrétaire d’État américaine pour le Proche-Orient, Barbara Leaf, la directrice du département Afrique du Nord et Moyen-Orient au Quai D’Orsay, Anne Grillo (ancienne ambassadrice de France au Liban), le ministre d’État qatari aux Affaires étrangères, Mohammad al-Khalifi, ainsi que les ambassadeurs d’Arabie saoudite à Beyrouth, Walid Boukhari, et d’Égypte à l’ONU, Ahmed Ihab Gamaleldin.

Les résultats de la récente mission beyrouthine de l’envoyé spécial du président français, Emmanuel Macron, pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, ont été passés en revue. Un bilan décevant pour les cinq, notamment pour les États-Unis qui sont favorables à une nouvelle dynamique susceptible de pousser les différentes parties libanaises à prendre le chemin du Parlement pour élire un président "capable de fédérer les Libanais et de travailler avec les acteurs locaux et internationaux afin de surmonter la crise actuelle", pour reprendre la déclaration conjointe des ministres des Affaires étrangères de la France, des États-Unis et de l’Arabie saoudite, du 21 septembre 2022, à New York.

Une réunion mercredi au Vatican

Les cinq ont discuté dans ce cadre de la feuille de route à suivre, au moment où la médiation française fait du surplace. Barbara Leaf aurait ainsi insisté, selon les médias locaux, sur le fait que l’initiative de Paris en faveur du Liban devrait être limitée dans le temps. Est-ce une façon de dire qu’il est temps pour la France de laisser une autre diplomatie s’activer? Tout porte à le croire. Dans ce cas précis, il s’agit d’une double diplomatie. Celle du Qatar, qui manie le soft power, et qui est déjà entrée en scène pour tenter un déblocage de la présidentielle libanaise, et celle du Vatican, dont le secrétaire d’État, Pietro Parolin, doit normalement réunir mercredi au Saint-Siège, les ambassadeurs du groupe des cinq au Vatican, selon des informations obtenues par Ici Beyrouth.  Parallèlement, le pape François doit aussi évoquer le dossier libanais, dimanche à Marseille, avec le président Macron.

Si la diplomatie vaticane reste discrète, celle de Doha est plus définie. Jean-Yves Le Drian lui a éventuellement pavé la voie en plaidant à Beyrouth pour le choix d’un troisième candidat. Une option soutenue par le Qatar, favorable à l’accession du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, avec qui il entretient de très bons rapports, à la tête de l’État.

Dans son intervention sur la tribune de l’ONU, l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, a évoqué la crise de la présidentielle. Il a souligné "le danger qui guette les institutions libanaises" et mis l’accent sur "la nécessité de trouver une solution au vide présidentiel".

Alors qu’un émissaire qatari est attendu à Beyrouth – sous, peu dit-on –, l’ambassadeur du Qatar, Saoud ben Abdel Rahman al-Thani, a rendu visite mardi au général Aoun, qui avait, rappelle-t-on, reçu également à Yarzé en avril 2023, le ministre d’État qatari aux Affaires étrangères, Mohammad ben Abdel Aziz al-Khulayfi. Ce dernier effectuait une visite officielle à Beyrouth. En décembre 2022, c’est le général Aoun qui s’est rendu à Doha dans le cadre d’une visite officielle, pour des discussions autour de l’aide qatarie à l’armée.

Doha avait également accueilli le 17 juillet 2023 une réunion du groupe des cinq sur le Liban. Dans ce contexte, il serait intéressant de voir si une nouvelle approche du dossier libanais va s’inspirer des discussions qui s’étaient tenues à l’époque. Les cinq avaient abordé la crise libanaise par le biais d’une mise en garde.

Leurs ambassadeurs accrédités au Liban avaient entrepris une série de contacts avec les parties locales afin de bien souligner que le fait de ne pas élire un président de la République conduira à une remise en cause globale des relations avec le Liban.