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La souveraineté est la question centrale au Liban. Et cela dure depuis fort longtemps. Ainsi, en 2007, à titre d’exemple, la souveraineté avait été largement bafouée lors de la bataille du camp de Nahr el-Bared, mais la légalité avait triomphé à l’époque face au terrorisme façonné sur mesure et importé de Syrie. De la même manière, aujourd’hui, certaines parties cherchent à saper la stabilité et la souveraineté en instrumentalisant le camp de Aïn el-Heloué. La République libanaise est à nouveau visée dans sa souveraineté, sa sécurité nationale et la sécurité de son peuple.

Disserter sur la conflagration survenue dans le camp de Aïn el-Héloué, dont le timing est critique et l’agenda pour le moins suspect, serait une entreprise stérile. Il serait préférable de se tourner vers ceux qui ont opposé une résistance farouche à la saisie des armes illégales palestiniennes en dehors et à l’intérieur des camps, malgré l’abrogation par le Parlement libanais de l’accord du Caire (1969) en 1987, et la consécration dans l’accord de Taëf du désarmement de toutes les milices libanaises et non-libanaises, sans compter les résolutions internationales 1559, 1680, 1701 et les conclusions du dialogue national de 2006. 

Il est difficile d’ignorer la stratégie de l’axe obstructionniste mise en œuvre pour promouvoir la vision de l’"unité des fronts", qui a eu pour conséquence la violation de la souveraineté nationale dans plus d’un pays, la destruction des institutions, la généralisation de la corruption, les atteintes à la Constitution et la fragmentation du tissu social. Cette stratégie a également conduit certains acteurs à s’ériger en tuteurs, en exploitant les cartes qu’ils détiennent et en se livrant à des marchés, lorsque le cas se présente.

Il en résulte diverses interrogations complexes: y a-t-il moyen de mettre un terme au processus de sabotage systématique de la souveraineté du Liban? Quelles sont les forces en mesure d’endiguer un tel processus ? Pouvons-nous parer à l’effritement de ces forces et privilégier la formation d’une coalition plus large capable de faire face à la menace existentielle sur notre souveraineté ?

Ces questions sont certes complexes mais leur réponse pourrait être simple, en dépit des nombreux défis qui se posent. Il est nécessaire d’avoir conscience de l’importance du moment historique que nous traversons de manière à redéfinir l’essence de la question libanaise dans sa dimension civilisationnelle. La souveraineté libanaise est non seulement violée, mais elle est surtout usurpée et exploitée par des factions qui ne jouissent d’aucune légitimité. C’est là que réside le plus grand danger.