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Confirmer l’implication directe de l’Iran dans l’offensive menée, le 7 octobre, par le Hamas contre Israël, ne conviendrait pas aux États-Unis qui cherchent à maintenir un certain équilibre entre les différents acteurs (ennemis et amis) de la région à des fins liées à leurs intérêts au Moyen-Orient.

Quel rôle a pu jouer l’Iran dans la préparation de l’offensive "Déluge d’Al-Aqsa" lancée samedi par le Hamas contre Israël? Cinq jours après le début du conflit armé entre le groupe palestinien pro-iranien et Tel Aviv, la question continue d’être posée.

Téhéran a bien démenti toute implication à ce niveau, mais certains indices montrent le contraire, notamment le niveau de préparation du Hamas et les moyens dont il a disposé pour mener son offensive. Quelque part, cependant, à l’heure où la région s’oriente vers de grands changements, liés au rapprochement israélo-saoudien ou irano-saoudien, nombreux sont ceux qui préfèreraient croire que le Hamas s’est arrangé pour préparer seul son opération kamikaze. Question d’éviter des complications supplémentaires.

Aussi, l’enquête menée par les services de renseignement américains pour trouver des indices pouvant déterminer si l’Iran a joué ou non un rôle direct dans l’attaque contre Israël, servirait un objectif précis: faire éviter aux États-Unis un affrontement avec l’Iran. C’est ce que, du moins, explique le général à la retraite, Khalil Hélou, à Ici Beyrouth, en soulignant que "la ‘stabilité’ au Moyen-Orient consiste, d’un point de vue américain, en un maintien du déséquilibre au niveau des forces régionales". Pour lui, Washington cherche toujours à maintenir un certain équilibre entre les différents acteurs (ennemis et amis) de la région à des fins satisfaisant ses intérêts au Moyen-Orient.

À supposer que les États-Unis veuillent effectivement se munir d’œillères pour éviter une confrontation avec l’Iran, il n’en demeure pas moins que maints éléments viennent appuyer la thèse selon laquelle Téhéran aurait agi directement dans la planification et l’exécution de l’offensive du 7 octobre.

Know-how iranien et politique régionale

Considérant l’état actuel du Hamas aujourd’hui, il est indéniable que le groupe palestinien n’a pas les capacités de fabriquer, seul, les missiles et les drones utilisés dans le cadre de l’attaque. "L’armement employé reflète un certain know-how attribué à l’Iran", indique le général Hélou.

Il n’est un secret pour personne que, depuis des années, l’Iran apporte au Hamas un large soutien tant technique qu’idéologique et qu’il en est le principal "fournisseur" en armes et "bailleur de fonds" avec une aide financière qui se chiffre à des dizaines de millions de dollars.

On rappelle, à cet égard, qu’en 2022, le Hamas a reçu environ 70 millions de dollars de l’Iran, comme rapporté par le chef du bureau politique de ce groupe, Ismaïl Haniyeh. Un financement confirmé par le Département d’État américain qui, dans un rapport publié en 2020, a mis en avant les montants versés par Téhéran (100 millions de dollars par an) aux groupes palestiniens, dont le Hamas.

Ce soutien de l’Iran constituerait-il cependant une preuve suffisante pour confirmer son ingérence directe dans la guerre entre le Hamas et Israël?

"À la lumière des développements qu’a connus le monde arabe ces derniers temps, on comprend la crainte de l’Iran de se retrouver marginalisé", précise le général Hélou, surtout que "les Saoudiens se montrent disposés à financer l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, ce dernier ne comptant qu’une minorité de Palestiniens (47% contre 53% considérés pro-Hamas) dans ses rangs".

À cela, s’ajoute la coordination établie entre le Hamas, l’Iran et le Hezbollah, et le principe de l’unité des fronts évoquée par le groupe palestinien.

La guerre s’étendra-t-elle au Liban?

À la question de savoir si le Hezbollah pourrait s’engager dans la guerre, M. Hélou répond que "tout dépend d’Israël, qui n’attend pas les preuves que recherchent les États-Unis, et du devenir du processus de normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël qui était sur le point de se concrétiser". Il indique que "l’État hébreu n’a pas inutilement mobilisé 360.000 réservistes et perdu environ 1.500 Israéliens." "On ignore aussi jusqu’à quand le Hamas continuera de subir, seul, les conséquences de cette offensive", ajoute le général Hélou.

D’après lui, le risque que la guerre s’étende au Liban dépend du "danger que représentent les missiles du Hezbollah aux yeux de l’establishment sécuritaire israélien".

Ce scénario est cependant écarté par un responsable proche du dossier, également interrogé par Ici Beyrouth. Selon lui, "le Hamas s’est engagé dans des manœuvres qui décrédibilisent sa cause, en procédant surtout à une prise d’otages". À ces yeux, "ces mêmes manœuvres freinent l’étendue de cette guerre".

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