Sous la pression de la rue, le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a annoncé vendredi le report du Conseil des ministres, initialement prévu à 15h30, à la semaine prochaine, à une date qui sera fixée ultérieurement. Dans une allocution télévisée, il a toutefois souligné, dans ce qui semble être un chantage aux employés des ministères en grève, que "si les augmentations et les bonus pour le secteur public ne sont pas approuvés, le ministère des Finances ne pourra pas verser les salaires à la fin du mois".

"J’ai informé les ministres du report du Conseil ministres", a annoncé M. Mikati, près d’une heure avant la tenue de la réunion. Une mesure qui vise à "éviter toute confrontation avec les militaires à la retraite", a-t-il précisé.

Vendredi, dès 7h, les militaires et membres des Forces de sécurité intérieure à la retraite ont bloqué toutes les routes menant au Grand Sérail, déterminés à empêcher la tenue du Conseil des ministres, alors que les forces de sécurité ont été déployées en force sur les lieux. Les protestataires réclament une révision de leurs pensions de retraite pour qu’ils puissent mener une vie digne.

À l’ordre du jour du Conseil des ministres, figurait notamment le projet de loi controversé sur la restructuration des banques. "Comme les ministres avaient formulé de nombreuses remarques sur ce projet de loi et compte-tenu du fait que j’ai moi-même de nombreuses remarques concernant ce document, j’avais décidé d’en discuter durant cette réunion afin de s’entendre sur un mécanisme pour en débattre durant les prochaines réunions en vue de l’approuver en Conseil des ministres", a expliqué M. Mikati.

"De plus, a-t-il poursuivi, je voulais proposer lors du Conseil des ministres, le projet auquel nous sommes parvenus pour améliorer la situation des fonctionnaires et des militaires à la retraite." Il a précisé à cet égard que, jeudi, le gouvernement était parvenu avec les parties concernées – les militaires en exercice et à la retraite et le secteur public – à un "accord accepté de tous". "Mais, malheureusement, nous avons été surpris par le négativisme dans la rue", a déploré M. Mikati, notant que pour éviter "toute confrontation", il a décidé d’ajourner le Conseil des ministres.

M. Mikati a affirmé que les décisions nécessaires à cet égard seront prises en Conseil des ministres, sachant que le gouvernement fait face à deux contraintes. D’une part, "le budget, le gouvernement ne pouvant pas dépasser les crédits alloués pour améliorer les salaires". "D’autre part, nous sommes tenus de nous conformer à un plafond déterminé par la Banque du Liban pour les dépenses", a-t-il indiqué.

"Il ne saurait être question d’accroître les dépenses, parce que cela pourrait mener à une inflation supplémentaire", a martelé M. Mikati, appelant les différentes parties à "faire preuve de positivité, d’autant que les bonus qui devaient être allouées étaient satisfaisantes pour les différentes catégories".

"Si les augmentations et les bonus pour le secteur public ne sont pas approuvés, le ministère des Finances ne pourra pas verser les salaires à la fin du mois, malgré le fait que les fonds existent, parce que les fonctionnaires" sont en grève, a poursuivi M. Mikati.

En effet, le gouvernement devait également discuter de la grève menée depuis mercredi par les employés de certains ministères (Information, Agriculture, Télécoms, Tourisme, Travail et Économie). Ils protestent contre leur exclusion des allocations que le gouvernement a décidé d’accorder à certaines catégories de fonctionnaires et pas à d’autres.

En raison de cette grève, M. Mikati, avait demandé jeudi au ministre sortant des Finances, Youssef el-Khalil, de geler l’octroi de ces allocations