L’initiative du bloc de la Modération nationale avance-t-elle malgré les obstacles?

L'initiative que les députés du bloc de la Modération nationale tentent de vendre aux partis politiques opposés dans le but de faciliter la tenue de l’élection présidentielle tant attendue est toujours sous examen, malgré l'urgence de pourvoir au poste le plus élevé de l'État face aux multiples crises que traverse le Liban.
Le député Walid Baarini, membre du bloc de la Modération nationale, se montre optimiste quant à l'issue de l'initiative qui, selon lui, a été bien accueillie par le président du Parlement, Nabih Berry.
«Nous maintenons nos efforts et, comme l'a souligné M. Berry, l'initiative devrait se poursuivre même s'il y a des obstacles», a déclaré M. Baarini à Ici Beyrouth.
Il a précisé que les principaux obstacles concernent la désignation de la personne chargée de présider la session de consultation proposée et d'envoyer les invitations aux différents blocs.
Alors que d'autres partis ont été réceptifs à l'initiative, le Hezbollah n'a pas encore donné de réponse finale. «Le parti a encore quelques questions et est un peu hésitant; cependant, le mécanisme sera examiné en profondeur et sous tous les angles afin que nous puissions tous nous mettre d'accord et poursuivre notre travail», a déclaré M. Baarini.
Selon l'initiative proposée, des consultations parlementaires sur l'élection présidentielle auraient lieu à la Place de l'Étoile, suivies d'une séance électorale ouverte comprenant des tours successifs, jusqu'à l'élection d'un président de la République.
En plus du Hezbollah et du mouvement Amal, l'initiative a été proposée au parti Kaaëb , aux Forces libanaises, au bloc du Renouveau, au bloc du Rassemblement démocratique, au Courant patriotique libre, au bloc parlementaire Coalition du changement et aux députés indépendants.
Dans un développement connexe, M. Berry a été cité dans le journal «Asharq al-Awsat», insistant sur le fait que «le secrétariat général du Parlement est seul habilité à envoyer des invitations aux blocs parlementaires» pour participer au «dialogue» qu'il «présidera personnellement et sans conditions préalables».

Toutefois, M. Baarini a rapporté une position contradictoire exprimée par M. Berry lors de sa réunion avec le bloc: «S’ils acceptent que je préside la session, très bien, sinon je n'objecterai pas», a-t-il dit, citant le président de la chambre mot pour mot.
Le député du Akkar a indiqué à Ici Beyrouth que le bloc prévoit de rencontrer les ambassadeurs du Quintette pour leur faire part des résultats de leurs rencontres avec les différentes factions politiques.
Cependant, les efforts du bloc risquent de ralentir durant le mois de jeûne du Ramadan. Un proche de M. Berry, évoquant l'initiative du bloc, a souligné que le président du Parlement soutenait cette démarche depuis le premier jour et qu'il continue de le faire.
Nabih Berry considère cette initiative comme faisant partie des efforts qui visent à sortir de l'impasse et à mettre fin au mouvement de boycott, avec l'espoir qu'elle produira des résultats, a ajouté cette source. Quant au rejet par l'opposition du «dialogue» proposé par M. Berry, cette source a plaisanté en disant: «Pour respecter la règle grammaticale arabe, ils n'ont pas accepté les sessions de «dialogue», mais ont opté pour des «consultations», ainsi soit-il.»
L'opposition a refusé l'appel au dialogue de M. Berry, arguant qu'il serait vain puisque le «tandem chiite» (Amal-Hezbollah) s'accroche à la candidature du leader des Marada, Sleiman Frangié, et empêche l'élection d'un président de la République en provoquant une absence de quorum.
Lundi, les Forces libanaises ont réagi aux déclarations de M. Berry dans le quotidien «Asharq al-Awsat», les qualifiant de «violation de la Constitution et du pacte de coexistence nationale».
Dans un communiqué, le bureau des médias des Forces libanaises a souligné que l'idée de tenir une session de dialogue présidée par M. Berry et organisée par le secrétariat général du Parlement suggère que toutes les prérogatives constitutionnelles, y compris la présidence de la République, la nomination d'un Premier ministre et la formation du gouvernement, seraient exclusivement entre les mains de M. Berry. Selon eux, une telle proposition constitue une violation manifeste de la Constitution et va à l'encontre du pacte de coexistence nationale, ce qui est inacceptable pour tous.
Le poste de président de la République est vacant depuis 17 mois, à l'expiration du mandat de six ans de l'ancien Président, Michel Aoun, à la fin du mois d'octobre 2022, sans qu'aucun successeur soit élu en raison de vives divisions politiques.
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