Le chef des Kataëb, Samy Gemayel, a réitéré la position de son parti, affirmant qu’il "n’acceptera pas que le Hezbollah impose, une nouvelle fois, un président".

Les ambassadeurs du Quintette ont multiplié les réunions, mercredi, dans le cadre de leur dynamique visant à débloquer le dossier de la présidentielle, gelé depuis plus d’un an et demi. L’ambassadeur d’Arabie saoudite, Walid Boukhari, s’était absenté pour des raisons de santé.

Dans ce cadre, les diplomates se sont entretenus, tour à tour, avec le chef des Marada, Sleiman Frangié, et le chef des Kataëb, Samy Gemayel, avant de se réunir, en fin d’après-midi, avec les députés du bloc de la Modération nationale.

De Bnechii, l’ambassadeur d’Égypte, Alaa Moussa, a assuré que le groupe des Cinq (États-Unis, France, Arabie saoudite, Qatar et Égypte) est "déterminé à poursuivre ses efforts pour effectuer une percée au niveau de la présidentielle". Il a, dans ce sens, réaffirmé qu’"aucun nom n’est porté par le Quintette qui insiste sur la nécessité, pour le Liban, d’élire un nouveau chef de l’État, sur lequel toutes les forces politiques s’entendraient".

Sur le choix de tenir une réunion avec M. Frangié, l’ambassadeur égyptien a souligné que les ambassadeurs des cinq pays "ne l’ont pas rencontré en sa qualité de candidat à la présidentielle, mais en sa qualité de personnalité politique" dont le parti est représenté au Parlement.

Selon des informations rapportées par la chaîne locale LBCI, les ambassadeurs auraient demandé à M. Frangié des éclaircissements sur ses relations avec le Hezbollah. Ce dernier aurait assuré "son soutien au mouvement de la résistance" et estimé que "le Hezbollah est un parti libanais fort et efficace".

M. Frangié aurait aussi précisé, toujours selon la LBCI, qu’il appuie l’idée selon laquelle les armes devraient être seulement détenues par les forces régulières, en relevant que cela "ne peut se réaliser que dans le cadre d’un règlement régional". Il aurait également jugé "inopportun de discuter actuellement d’une stratégie nationale de défense".

La réunion s’est déroulée en présence du député Tony Frangié et de l’ancien ministre Rony Arayji.

Le Hezb n’imposera pas le président 

À Bickfaya, Samy Gemayel a réitéré la position de son bloc, affirmant que celui-ci n’acceptera pas que "le nouveau président soit imposé au Liban par le Hezbollah".

"Il existe deux moyens pour sortir de la vacance présidentielle", a-t-il dit à l’issue de la réunion, qui s’est tenue en présence notamment des députés Salim el-Sayegh et Élias Hankache et des cadres du parti. "Le premier moyen c’est de tenir des séances ouvertes jusqu’à l’élection d’un président à la majorité absolue", a-t-il poursuivi. Le second moyen consiste, selon M. Gemayel, à "organiser des concertations informelles entre les groupes parlementaires, en dehors ou au sein du Parlement, en vue d’aboutir à une entente sur un candidat consensuel qui soit à égale distance des différentes parties". Or, "le Hezbollah torpille les deux options en provoquant des défauts de quorums et en continuant à s’attacher à la candidature de Sleiman Frangié", a-t-il dénoncé.

"Devons-nous baisser les bras et accepter le candidat du Hezb?", s’est interrogé M. Gemayel, affirmant que son bloc "n’acceptera pas" que la formation pro-iranienne "impose, une fois de plus, son candidat", en allusion à l’ancien président Michel Aoun. "Nous ne voulons pas non plus d’un porte-parole officiel du Hezbollah (comme président), parce que cela nuit au Liban, le transformant en un État relevant de l’Iran (…) ce qui causera davantage de destructions", a-t-il martelé.

Affirmant qu’il ne s’attardera par sur "les formalités" concernant la tenue d’un dialogue ou de concertations et le responsable qui les présidera, M. Gemayel a affirmé que l’important est de savoir si "le Hezbollah est prêt à abandonner la candidature" de Sleiman Frangié et de "choisir un candidat qui soit accepté de tous" et s’il est prêt aussi à "retrouver les Libanais à mi-chemin".

M. Gemayel a enfin salué les efforts déployés par le Quintette "pour trouver des solutions" au dossier de la présidentielle "sans rien imposer" et "dans le respect de la souveraineté du Liban".

De son côté, M. Moussa a déclaré que "la réunion était positive et constructive" et qu’ils s’étaient entendus pour se réunir de nouveau.

Dernière chance

À l’issue de la réunion avec les députés de la Modération nationale, le bloc a affirmé, dans un communiqué, qu’il "collabore étroitement avec les ambassadeurs du Quintette pour rapprocher les points de vue" afin que l’initiative du bloc "puisse aboutir, d’autant que le Quintette l’a adoptée".

Cette initiative, rappelons-le, consiste à encourager les principales parties politiques représentées à la Chambre, à mener des discussions informelles autour de la présidentielle, avant d’appeler le président du Parlement, Nabih Berry, à convoquer une séance électorale avec des tours successifs, jusqu’à ce qu’un président soit élu.

Mercredi matin, dans le cadre d’un entretien radiodiffusé, Wajih Baarini, membre du bloc, avait fait un constat d’échec de cette initiative, déclarant que son groupe est "sur le point d’annoncer sa mort".

Dans le communiqué, le bloc de la Modération nationale a appelé les différents groupes parlementaires à "s’appuyer sur les efforts déployés par le bloc et le Quintette" puisqu’il s’agit de "la dernière chance pour sortir le pays de la crise présidentielle".

Ces réunions des ambassadeurs du groupe des Cinq interviennent au lendemain d’une réunion à la résidence de l’ambassadeur d’Égypte, Alaa Moussa. Ont pris part à la réunion les députés des blocs parlementaires de l’Entente nationale, du Renouveau, du Changement et du Tachnag.