Le nombre de personnes arrêtées dans le cadre de l’affaire du réseau de TikTokeurs pédophiles s’élève désormais à dix. Sur instruction de l’avocat général près la Cour d’appel du Mont-Liban, Tanios Saghbini, en charge du dossier, le bureau de lutte contre la cybercriminalité a arrêté mercredi un dixième individu dont l’identité n’a pas été dévoilée.

"Le nouveau suspect a été arrêté après un long interrogatoire par le bureau de la cybercriminalité qui a duré, mardi soir, jusqu’à minuit passé", selon des sources judiciaires à Ici Beyrouth.

L’homme en question est "un intermédiaire financier entre les membres du réseau au Liban et à l’étranger. Il avait l’habitude de payer des milliers de dollars aux membres du gang dans le pays par le biais de transferts d’argent ou en espèces", selon les mêmes sources.

Les autorités judiciaires s’efforcent d’identifier toutes les personnes impliquées dans cette sordide affaire, qu’elles soient au Liban ou à l’étranger. L’enquête reste au stade préliminaire. Elle est menée dans la plus grande discrétion, pour éviter surtout d’exposer à un danger quelconque les victimes qui ont recours à la justice et leurs familles respectives, mais aussi pour parvenir à arrêter l’ensemble des membres de ce réseau criminel.

Le juge Saghbini a, dans ce contexte, adressé un mémorandum à la direction générale de la Sûreté générale pour savoir si un des membres de ce réseau qui a pu être identifié, Hassan S., se trouvait au Liban ou à l’étranger et quand, le cas échéant, il a quitté le territoire".

M. Saghbini avait auparavant "émis un mandat de recherche, d’arrêt et d’amener à l’encontre de Hassan S. pour suspicion d’implication dans le réseau". L’individu en question "était apparu dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, en train d’abuser de mineurs". Les enquêteurs sont également en possession d’"enregistrements dans lesquels ce dernier fait chanter un certain Paul M. surnommé ‘Jay’, établi en Suède, et dont le nom circule comme étant un des bailleurs de fonds du réseau".

Le juge Saghbini a aussi adressé via Interpol des commissions rogatoires aux autorités judiciaires de certains États, pour solliciter leur aide dans cette affaire.

Pour rappel, le parquet général avait été saisi, il y a plus d’un mois, par les parents de huit mineurs, qui ont été victimes d’abus sexuels et contraints à consommer de la drogue.

Il avait réussi grâce aux premières investigations menées, à identifier une trentaine de personnes faisant partie d’un réseau qui recourait à l’application TikTok pour "attirer" leurs proies, des enfants et des adolescents.

Interdire TikTok au Liban?

De nombreuses voix se sont élevées pour demander d’interdire l’utilisation de l’application TikTok au Liban. Cela a fait réagir le bureau du ministre des Télécommunications, qui a expliqué dans un communiqué que "le blocage de tout site ou application privée comme celle de TikTok devrait se faire sur base d’une décision judiciaire, conformément aux protocoles légaux".

Le ministère des Télécommunications a rappelé qu’il est "une autorité exécutive (…) et qu’il n’a pas le pouvoir d’interdire une application".