Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, est ferme: le plan d’aide financière d’un milliard d’euros que l’Union européenne envisage d’accorder au Liban est "inconditionné" et s’inscrit dans "le prolongement des aides que l’UE accorde au Liban depuis des années".

"Cette aide est consacrée aux services de base qu’offre la Commission européenne aux institutions de l’État dans les secteurs de la protection sociale, de l’éducation, de l’eau et de la santé", a-t-il dit dans un discours prononcé au début de la séance parlementaire qui s’est ouverte mercredi, place de l’Étoile, pour discuter de ce plan d’aide financière.

Pour rappel, ce programme d’aide a été contesté aux niveaux politique et populaire. Il a été considéré comme un pot-de-vin qui sera accordé au Liban en échange du maintien des migrants syriens sur son sol.

M. Mikati a précisé que la Commission européenne "a promis de réévaluer cette aide, tous les six mois, en tenant compte des besoins du Liban". "Elle a également promis d’augmenter considérablement cette somme et d’attirer des investissements européens vers le Liban, une fois que les lois prévoyant des réformes seront adoptées", a-t-il poursuivi.

Affirmant, une fois de plus, que l’aide de l’UE est "inconditionnée" et qu’"aucun accord n’a été signé avec la Commission européenne dans ce sens", M. Mikati a affirmé que le gouvernement "a insisté pour que cette aide aux migrants syriens leur soit accordée pour les encourager à rentrer chez eux", rappelant que "la grande majorité des régions syriennes sont désormais sûres".

"Boule de feu"

Le chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes a noté, en outre, que "la prolongation de cette crise au Liban risque de se transformer en une boule de feu qui ne se limitera pas uniquement au Liban, mais qui risquerait de s’étendre aussi à l’Europe provoquant une crise régionale et internationale". "Nous avons fait part de cette position à toutes les parties concernées, notamment au président de Chypre (Nikos Christodoulides) et à la présidente de la Commission européenne (Ursula von der Leyen) lors de leur visite au Liban" le 2 mai, a-t-il affirmé. "Nous leur avons dit que le Liban ne peut pas faire office de garde côtière pour n’importe quel pays et que tous les pays doivent coopérer pour résoudre cette crise", a encore martelé M. Mikati.

Pour le chef du gouvernement, les différentes parties libanaises doivent s’entendre pour résoudre ce problème. Il a énuméré les mesures prises par le gouvernement à cet égard, notamment en ce qui concerne l’application des lois libanaises en vigueur pour rapatrier tout ressortissant syrien qui se trouve en situation illégale. "Une coordination avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) sera établie lorsque cela s’avère nécessaire, tout en prenant en considération le mémorandum d’entente signé entre la Sûreté générale et le HCR, le 9 septembre 2003, conformément auquel les Syriens au Liban ne peuvent pas être considérés comme des réfugiés", a précisé M. Mikati. Il a, à cet égard, appelé à "garder les services de sécurité et les organismes gouvernementaux à l’abri de toute intervention visant à maintenir, au Liban, les Syriens dont la situation est illégale".

Au nombre des mesures prises également, a précisé M. Mikati, figure le renforcement du contrôle tout le long des frontières avec la Syrie. "Mais le nombre de soldats déployés (4.838) reste insuffisant", a-t-il déploré, soulignant que celui-ci doit être au moins quintuplé. Il faudrait aussi, selon lui, renforcer le contrôle sur les côtes.

M. Mikati est revenu également sur les circulaires émises par le ministère de l’Intérieur pour recenser les Syriens présents sur le sol libanais et pour réprimer les infractions relatives à l’exploitation de négoces par des Syriens de manière illégale. Il a, en outre, précisé que le ministère du Travail prend des mesures rédhibitoires à l’encontre des entreprises illégales, notamment pour ce qui touche à la main-d’œuvre libanaise.

On compte également la demande formulée au parquet pour adopter des mesures fermes à l’encontre des personnes impliquées dans le trafic des êtres humains, d’une part, et pour expulser les prisonniers syriens, d’autre part. Enfin, M. Mikati a fait part de l’intensification des efforts diplomatiques pour résoudre ce dossier.