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La nouvelle mission de l’émissaire français, Jean-Yves Le Drian, attendu mardi à Beyrouth, sera difficilement déterminante, puisqu’elle est essentiellement destinée à lancer une nouvelle phase dans le laborieux processus censé déboucher sur un déblocage de la présidentielle.

Une des étapes clés de sa visite de 24 heures sera son entretien, mercredi, à la Résidence des Pins, avec les députés du bloc de la Modération nationale, qui avaient lancé une initiative fondée sur le principe de consultations parlementaires informelles pour essayer d’effectuer une percée à ce niveau.

Les ambassadeurs des Cinq (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte et Qatar) à Beyrouth, engagés dans une mission de bons offices auprès des chefs de partis libanais pour un rapprochement des points de vue, coordonnent étroitement avec les députés de la Modération dans le but d’assurer toutes les chances de succès à leur initiative.

Selon des sources de ce bloc, les parlementaires s’attellent actuellement à élaborer une série de scénarios, sur base desquels ils reprendront leur navette auprès des hommes politiques. Ils en discuteront mercredi avec M. Le Drian pour évaluer leur opportunité et déterminer lequel a le plus de chance d’aboutir.

Rappelons que l’initiative du bloc de la Modération consiste à tenir des consultations parlementaires informelles, qui seront menées au Parlement même, dans le but de parvenir à une sorte d’entente au sujet de la présidentielle. À la suite de ces consultations, le président de la Chambre, Nabih Berry, convoquera une réunion électorale avec des tours successifs, jusqu’à l’élection d’un président.

Les ambassadeurs des Cinq ont repris à leur compte cette formule, partant du principe que des consultations représentent un passage obligé vers un déblocage.

Si les différents protagonistes sont d’accord sur ce principe, les avis divergent cependant au niveau de la forme que les concertations parlementaires doivent prendre. De sources du bloc de la Modération, on reconnaît qu’il n’y a toujours pas eu d’avancées sur ce plan, surtout que M. Berry reste farouchement hostile à la tenue de consultations parlementaires. Le président de la Chambre veut toujours réunir les chefs de file parlementaires et politiques autour d’une table de dialogue qu’il présidera lui-même, ce que l’opposition et des députés indépendants refusent catégoriquement. Même les ambassadeurs du Quintette préfèrent des consultations informelles qui déboucheraient, comme ils l’ont affirmé dans le communiqué consécutif à leur dernière réunion, soit sur une entente autour d’un candidat à la présidentielle, soit sur la tenue d’une réunion électorale avec des tours successifs jusqu’à l’élection d’un président.

Durant son séjour à Beyrouth, l’envoyé personnel du président français, Emmanuel Macron, doit s’entretenir avec Nabih Berry. Réussira-t-il à convaincre ce dernier de jeter du lest?