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Toutes les informations recueillies concernant l’attaque contre l’ambassade des États-Unis à Awkar, survenue le jeudi 6 juin, ont été principalement obtenues auprès de la famille de l’assaillant Qais Farraj ainsi que de ses connaissances. Cependant, en raison de la gravité de ses blessures par balles, l’état de santé critique de Farraj rend son interrogatoire extrêmement complexe, voire quasiment impossible.

À ce jour, toutes les indications suggèrent que l’assaillant a agi de manière individuelle, sans le soutien d’une cellule terroriste. Il s’est radicalisé en consultant des sites Internet liés à Daech et en communiquant avec des individus partageant ses opinions, tant au Liban qu’en Syrie et en Irak. De plus, il fréquentait une école religieuse dirigée par un cheikh syrien à Sawiri, dans la Békaa occidentale. Ses conversations téléphoniques révèlent qu’il voulait se venger des actions des forces américaines en Syrie et en Irak contre l’État islamique, et venger les victimes de la guerre à Gaza, tuées par l’armée israélienne avec des armes américaines.

Les services de renseignement des Forces de sécurité intérieure devraient normalement remettre à l’armée le conducteur du minibus ayant transporté l’assaillant de la Békaa jusqu’à Beyrouth, en plus d’une autre personne. Pour l’instant, les services de renseignement de l’armée n’ont pas réussi à déterminer l’origine des armes et des munitions utilisées par l’assaillant. Cette étape est cruciale, dans la mesure où elle permet de déterminer si l’assaillant a agi de son propre chef ou s’il a bénéficié du soutien d’une tierce partie. Sans cette identification, il sera impossible de confirmer que l’assaillant a agi seul, et l’absence de cette information pourrait fausser l’enquête.

D’après les sources sécuritaires, l’assaillant a tiré pendant un quart d’heure d’un fusil d’assaut Kalachnikov, déchargeant près de cent balles. Il a ciblé l’entrée principale de l’ambassade, blessant l’un des gardes de trois balles. Ce dernier est toujours hospitalisé à l’hôpital américain de Beyrouth.

Les agents de sécurité ont riposté aux tirs de l’assaillant, mais ce sont les soldats de l’armée libanaise déployés dans cette zone qui ont finalement réussi à le neutraliser.

Ces mêmes sources ont rejeté l’idée qu’il existe une faille sécuritaire autour de l’ambassade, soulignant que les forces de sécurité ne peuvent pas inspecter tous les véhicules circulant sur cette voie publique devant le bâtiment de l’ambassade. Elles ont souligné qu’il serait possible pour n’importe qui de dissimuler une arme et passer à travers cette route. Le véritable défi, selon ces sources, réside dans la surveillance et la traque des individus et des groupes extrémistes. Ces éléments doivent être surveillés de près et toute tentative visant à empêcher leur arrestation doit être contrée.

À en croire ces sources, l’attaque contre l’ambassade américaine a ravivé les craintes liées à l’extrémisme, mais cela ne signifie pas qu’il y ait une présence généralisée de ces groupes au Liban, contrairement à certaines allégations. Il est indéniable qu’il existe des individus partageant des idéologies extrémistes dans diverses parties du pays, et chacun d’entre eux peut potentiellement agir en loup solitaire, comme on l’observe dans d’autres pays où des attaques au couteau, des incidents impliquant des voitures béliers et des fusillades ont eu lieu pour des motifs religieux inspirés par Daech.